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Maroc-Algérie: Que signifie la rupture déclarée par Alger ?

Maroc-Algérie: Que signifie la rupture déclarée par Alger ?

 
 

 

PAR Abdelhak Najib
 
 
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a affirmé que le Maroc regrette la décision complètement injustifiée de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc. Sauf que cette décision a été attendue tant les accusations et les déclarations ont été soutenues et acharnées de la part d’Alger. Le ministère a ajouté que le Maroc rejette catégoriquement les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui sous-tendent cette décision de rompre les relations avec Rabat. Sans oublier de préciser, dans le même communiqué, que le Maroc restera un «partenaire crédible et loyal pour le peuple algérien et continuera d’agir, avec sagesse et responsabilité, pour le développement de relations intermaghrébines saines et fructueuses». Une réponse logique où la raison le dispute aux exigences de la Realpolitik qui imprime d’autres mécanismes de fonctionnement pour le Maroc, dans toute la région du Maghreb, dans le monde arabe et en Afrique. 
 
Maintenant que signifie concrètement cette rupture des relations diplomatiques entre les deux pays voisins ? Malgré les réalités du terrain qui font état du strict minimum d’échanges commerciaux, économiques et politiques entre les deux pays, il n’en demeure pas moins que ce pas extrême franchi par l’Algérie revêt d’autres aspects, plus profonds et à prendre très au sérieux. Tout porte à croire, au vu de l’escalade qu’ont connue les relations entre les deux pays, surtout depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmajid Tebboune, que l’Algérie ne s’arrêtera pas là. Avec un président qui semble mettre en actes des décisions prises par les généraux qui gèrent de main de fer l’Algérie. Un programme politique et militaire clair qui désigne le Maroc comme l’ennemi à abattre. 
 
C’est dans ce sens qu’il faut redoubler de vigilance quand on se penche sur cet épineux dossier maroco-algérien. Au-delà du gel des affaires économiques où le Maroc n’a certes rien à perdre, Alger n’ayant jamais été un voisin coopérant observant avec pragmatisme les impératifs dans une région où le Maroc demeure le plus grand partenaire économique pour consolider les partenariats. La frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie est officiellement fermée depuis 1994, on le sait, cependant, les échanges économiques se sont poursuivis tant bien que mal depuis plusieurs années. En 2016, l’Algérie était le premier partenaire africain du Maroc, avec des échanges de près de 8,5 milliards de dirhams. Ce statut a été perdu pour l’Algérie au profit de l’Égypte en tant que premier fournisseur africain pour le Maroc et de la Côte d’Ivoire, premier marché continental pour les produits marocains.  
 
Selon un rapport de la Banque mondiale, l'intégration économique du Maghreb aurait pu augmenter le PIB par habitant de 34% pour l'Algérie, 27% pour le Maroc et 24% pour la Tunisie, entre 2005 et 2015. Pourtant, selon les dernières statistiques dont nous disposons et qui remontent à 2020, le volume d’échanges commerciaux entre Rabat et Alger a atteint 5,3 milliards de dirhams. Cela reste très faible, puisque ce chiffre ne représente que 1% des importations et des exportations menées par le Maroc. Plus concrètement, voici les produits échangés entre les deux voisins. Le Maroc importe des dattes, des ouvrages en verre, des produits chimiques et des combustibles. Il exporte à Alger de la tôle en fer ou en acier, du café, des engrais et des produits textiles. 
 
On le voit bien, la balance des échanges est epsilon alors que les deux pays, rien qu’avec le gaz et le phosphate, ont de quoi développer une véritable économie régionale avec un gros impact en Afrique. Dans ce sens, il faut souligner que rien qu’en 2020, 55.000 tonnes d’engrais de toutes sortes ont été exportées vers l’Algérie pour une valeur de 173 millions de dirhams. C’est dire que ce volume d’échanges peut être décuplé dans un sens comme dans l’autre. Ce qui n’est absolument pas dans les projets algériens, qui campent sur des positions hostiles au Maroc, en appuyant et en finançant le mouvement séparatiste du polisario, tout en accusant Rabat d’œuvrer dans l’objectif de déstabiliser le pouvoir en place allant jusqu’à imputer au Maroc les incendies de forêts qui ont ravagé une partie de l’Algérie. 
 
Une escalade qui ne s’arrêtera pas là. Le pouvoir algérien est capable de tout. On s’en souvient également en 1975 quand le régime en place avait expulsé pas moins de 350.000 Marocains, le jour de la fête de l’Aid el-Adha, en les spoliant de tous leurs biens et en les jetant à la frontière. Un acte criminel dont la partie algérienne a le secret faisant entendre des bruits de bottes n’hésitant pas à jouer la carte folle du conflit armé ouvert. N’est pas Tebboune qui veut, car une telle folie se prépare, se conçoit et se fomente dans les coulisses de l’appareil de l’État ? Et ce depuis de longues  dates, avec cette obsession de faire porter le chapeau au Maroc pour toute la faillite d’une nation, dirigée par une junte militaire, avec des réserves de pétrole qui peuvent faire de ce pays la Suisse de l’Afrique. 
 
Mais il y a aussi des destinées fatales dans l’Histoire des peuples. Celle de l’Algérie est de demeurer un État en déroute et au bord du chaos. Un chaos qui ne doit en aucun cas éclabousser le Maroc. Ce que la partie marocaine a compris, depuis de longues années étant préparée à toutes les éventualités, y compris les plus extrêmes.
 
Dans tout ça, le Maroc ne perd jamais de vue les pratiques du bon voisinage. 
 
 

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