Sommet arabe: «Alger veut se saisir de cet événement pour soigner son image»

Sommet arabe: «Alger veut se saisir de cet événement pour soigner son image»

La Ligue arabe a perdu de son influence et devient victime des divergences profondes entre ses membres.

La participation du Maroc n’est pas forcément annonciatrice d’un début du dégel des tensions avec l’Algérie.

Les explications de Mohamed Belmir, politologue et professeur universitaire.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Le Sommet arabe doit se tenir dans quelques jours en Algérie. Quels sont les enjeux de cet événement ?

Mohamed Belmir : Le Sommet arabe se tient dans un environnement géostratégique international très particulier, marqué notamment par une crise économique mondiale, la guerre en Ukraine et des tensions et des instabilités dans de nombreux pays arabes. On peut citer la question palestinienne, la guerre au Yémen et en Syrie, les perturbations en Libye, en Irak et au Liban, sans oublier bien entendu la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie. Traditionnellement, ces sommets sont une occasion de retrouvailles, d’échanges et de consultations non seulement entre les chefs d’Etat ou leurs représentants, mais aussi entre les membres des différentes délégations. Outre le volet politique, les discussions portent également sur d’autres aspects de coopération à connotation économique, sociale ou culturelle. Par le passé, de nombreuses décisions majeures ont été prises. Mais, ces dernières années, la Ligue arabe a perdu de son aura et de son influence et est devenue victime des divergences profondes entre ses membres. Les derniers sommets n’ont été organisés que pour la forme, sans pour autant résoudre les problématiques en suspens ou renforcer l’unité arabe.

 

F.N.H. : Aux dernières informations, on note l’absence de nombreux chefs d’Etat. Cela pèsera-t-il sur la réussite du sommet ?

M. B. : Effectivement, le prince Salmane Ben Mohamed de l’Arabie Saoudite a confirmé son absence. On évoque également l’absence d’autres princes des monarchies du Golfe. Ils seront représentés à un moindre niveau, notamment par leur ministre des Affaires étrangères. Les organisateurs tablent sur une participation de haut niveau des chefs d’Etat pour réussir l’événement. Au fur et à mesure que la date du sommet approche, d’autres absences peuvent être déclarées. Cela est annonciateur d’un fiasco total de l’événement. Pourtant, l’Algérie a pris toutes les dispositions nécessaires pour réussir le sommet. Elle a envoyé des émissaires personnels auprès de tous les chefs d’Etat. Mais force est de constater que ce pays veut se saisir de cet événement pour soigner son image tant au niveau interne qu’à l’international. A cet effet, il a mobilisé sa diplomatie et ses médias pour véhiculer qu’il est le grand défenseur de la cause palestinienne et le rassembleur des pays arabes. Alors que la réalité est tout autre.

 

F.N.H. : La participation du Roi Mohammed VI pourrait-elle être le début d’un dégel entre le Maroc et l’Algérie ?

M. B. : Il faut juste préciser qu’aucune confirmation officielle n’a été annoncée à propos de la participation du Roi Mohammed VI au sommet. C’est une information rapportée par des médias citant des «sources fiables». De même, un journal arabe de renom paraissant à Londres a indiqué que le Maroc sera représenté par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, accompagné de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. Pour ce qui est des relations entre le Maroc et l’Algérie, il est peu probable d’assister à un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Dans le meilleurs des cas, il faut s’attendre à un léger apaisement. Les différentes tentatives de médiation menées par plusieurs pays arabes, notamment l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Koweit n’ont pas abouti. Le Roi a, à maintes reprises dans ses discours, appelé l’Algérie à un dialogue direct, franc et sans conditions pour trouver une issue favorable aux litiges existants entre les deux pays, y compris pour le dossier du Sahara marocain. Une proposition rejetée catégoriquement par Alger qui s’obstine à maintenir sa position hostile envers le Maroc, en soutenant à coup de milliards de dollars les séparatistes du polisario. Ces budgets colossaux auraient dû servir au développement du pays et la construction du grand Maghreb. La raison est évidente et connue de tous. L’armée a un pouvoir décisionnel très important qui est dicté au président et au gouvernement. Sa doctrine est basée essentiellement sur un sentiment anti-marocain. Les dernières percées de la diplomatie marocaine et les succès réalisés par les FAR n’ont fait qu’accentuer davantage cette haine. 

 

 

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