◆ La crise sanitaire a eu un impact majeur sur le secteur de la monétique au Maroc.
◆ Aujourd’hui, l’un des enjeux majeurs est d’optimiser et d’améliorer la relation et l’expérience client.
◆ Entretien avec Omar Benyahia, directeur au sein de Effyis Group, cabinet de conseil en management et technologie.
Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous aujourd'hui sur l’activité monétique au Maroc ?
Omar Benyahia : La monétique se développe partout dans le monde, certes à des vitesses différentes, mais le domaine des paiements et de la monétique est en perpétuelle mutation compte tenu de l’enjeu majeur du Cashless dans le développement de l’économie. Au Maroc, c’est aussi le cas. Les chiffres d’évolution croissante des transactions monétiques de proximité ou en ligne témoignent du développement favorable de l’activité monétique, qui a généré plus de 322 milliards DH en 2020, et ce dans un contexte de crise sanitaire.
F.N.H. : Comment la crise actuelle a-telle influencé le secteur de la monétique ? Les habitudes des Marocains ont-elles changé ?
O. B. : Dans le cadre d’une étude menée par notre cabinet sur les impacts de la crise sanitaire sur l’activité monétique, il en ressort deux impacts majeurs. Premièrement, le boom qu’ont connu les transactions monétiques en ligne qui grimpent de près de 50% par rapport à 2019 en nombre de transactions, avec un montant global de 6 milliards de dirhams, soit 25% de plus que l’année 2019. Ce qui est une évolution remarquable pour l’avenir de l’usage des paiements en ligne dans notre pays. Deuxième point important que nous avons remarqué, c’est le recours progressif au paiement sans contact. Une technologie qui était, certes, présente avant cette crise, mais cette dernière a permis d’accélérer son déploiement.
F.N.H. :Quels sont les nouveaux besoins en termes de solutions monétiques ?
O. B. : Aujourd’hui, parmi les enjeux majeurs de la monétique ainsi que des paiements, et c’est ce que nous essayons de promouvoir auprès de nos clients bancaires en priorité, ce sont d’abord l’optimisation et l’amélioration de la relation et de l’expérience client, qu’elle soit physique ou en ligne, sur mobile ou desktop…Dans ce cadre, nous accompagnons nos clients pour la mise en place de solutions qui s’adaptent aux nouveaux usages des consommateurs, dont le paiement instantané, le paiement sans contact, ou encore le paiement de factures. Ensuite, la deuxième préoccupation majeure est la sécurisation des transactions de paiement. Ceci passe par la mise en place de solutions pour lutter contre la fraude : je peux citer à ce titre la 3D Secure V2, les outils prédictifs de LCLF…
F.N.H. : Quelles sont les contraintes rencontrées actuellement pour le déploiement des différentes solutions de paiement ? Entre autres, celles liées au paiement mobile...
O. B. : Le paiement mobile est une excellente initiative et son déploiement technique s’est très bien déroulé. Les solutions de paiement mobile des banques et des établissements de paiement son aujourd’hui prêtes et opérationnelles. L’interopérabilité a aussi été déployée à travers le switch mobile national. Cependant, quelques freins majeurs ont ralenti l’utilisation qui était souhaitée pour ce nouveau moyen de paiement. D’abord, un businessmodel qui n’a clairement pas été très favorable. Secondo, l’enrôlement des petits commerçants qui craignent la traçabilité de leurs transactions, et ce malgré l’adoption des incitations fiscales par le gouvernement. BAM travaille aujourd’hui avec l’ensemble de l’écosystème monétique pour la levée de certaines contraintes, notamment pour donner plus de crédibilité à ce nouveau moyen de paiement, et dans l’objectif de gagner la confiance du client.
F.N.H. : Quels seraient les moyens à mettre en place afin d’encourager davantage l'utilisation du digital comme moyen de paiement ?
O. B. : La digitalisation des paiements est aujourd’hui une nécessité. Et la crise a été une année riche en enseignements pour l’écosystème des paiements et de la monétique. Parmi les tendances fortes que nous déployons, entre autres, pour nos clients européens, c’est le paiement instantané. Ce nouveau moyen de paiement s’inscrit parfaitement dans les nouveaux usages et intéresse fortement l’ensemble des acteurs, les banques, les établissements de paiement, les PSP, les commerçants et les consommateurs. Au Maroc, les travaux autour de ce nouveau moyen de paiement sont en phase de cadrage chez les acteurs bancaires et régulateurs pour en définir les enjeux techniques et financiers.