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Festival: de l’art, sinon nous suffoquons

Festival: de l’art, sinon nous suffoquons

Visant nos lecteurs avides de culture, curieux des nouveautés ou simplement amateurs d'arts, nous offrons généreusement des informations triées sur le volet concernant les réjouissances festivalières. Immanquables.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

Voilà une pluie de mois, depuis l’annulation de 2020, que nous attendons la reprise de l’événementiel (en présentiel). Plusieurs mois que la pandémie a placé régulièrement la culture sous cloche, multipliant les frustrations mais aussi les paradoxes. L’impression d’un manque demeurait, que le retour d’un festival majeur vient enfin combler.

La déploration est l’une des formes les plus florissantes de la bonne conscience – ou de la mauvaise foi – c’est tout un. Il est de bon ton de clamer haut et fort que la vie culturelle, au Maroc, ressemble à une morne plaine, qu’il n’y a pas de théâtre, ni de cinéma et encore moins d’activités esthétiques. Détrompez-vous ! Il convient de rappeler qu’il ne se passe pas un mois sans son heureux lot d’expositions, de rencontres – souvent de bonne tenue. Encore faut-il que le gourmet des arts sache où se tiennent les tables de l’esprit. Enorme lacune que nous nous faisons un devoir de combler.

Biennale de la danse en Afrique

Pour sa 15ème édition, le Festival de danse «On marche» accueille l’itinérante et principale plateforme de découverte de la création chorégraphique du continent, la Biennale de la danse en Afrique, à Marrakech. «En raison de l’annulation de la programmation de l’institut français et des restrictions sanitaires, nous étions amenés à prendre une très grande décision : celle de reporter encore une fois cette Biennale pour le mois de novembre (elle était prévue du 16 au 25 septembre –ndlr)», informe Taoufiq Izzediou, fondateur du festival «On marche» et directeur artistique de la Biennale. Par-dessus le marché, la biennale 2021, reconfigurée par la crise sanitaire, mettra l’accent sur sa présence en digital, en partenariat avec la plateforme nigériane Afropolis. L’ancrage de la Biennale de danse dans la ville de Marrakech sera renforcé par des projections de films retraçant l’histoire des danses en Afrique, ainsi que par la présence de performances artistiques dans les espaces publics, composante majeure du festival «On marche».

Aussi, bien que le rendez-vous, mené de main de maître par une pléiade d’opérateurs artistiques et chorégraphes confirmés panafricains, décline l’état de l’art chorégraphique sur le continent, il sera également l’occasion de rendre un vibrant hommage à ses pionniers. «Une journée à la biennale est pensée comme le parcours d’une vie de danseur, elle en suit toutes les étapes. Initiation et formation le matin, premiers pas sur scène l’après-midi avec la génération 2020 des chorégraphes émergents et en soirée, découverte des créations de chorégraphes confirmés», détaille Taoufiq Izzediou. Par ailleurs, ceci est une rencontre très attendue entre deux évènements phares du continent : d’un côté, le Festival On marche qui s’est forgé depuis 2005 une place de choix dans le paysage culturel marocain et continental, et de l’autre, la Biennale de la danse en Afrique qui dévoile cette année sa nouvelle identité après avoir été Triennale de danse.

Jidar-Rabat Street Art Festival (ex-Jidar, toiles de rue)

Sorti par la fenêtre l’année dernière en raison de la pandémie, le festival de Sreet Art, Jidar, est entré par la grande porte pour souffler sa sixième bougie, du 16 au 26 septembre. Impulsé par l’active et militante association EAC-L’Boulvart, cet événement s’est rapidement affirmé comme l’une des meilleures manifestations du genre à l’échelle mondiale. Son atout majeur réside dans son rejet obstiné de chercher à épater, et dans son travail d’arrache-pied à sobrement et efficacement pousser à la réflexion, ainsi qu’au débat sur la place de l’art dans l’espace public. Dans son désir de camoufler soigneusement les rides de la capitale, orner ses disgrâces, rehausser son éclat – bref, lui refaire une beauté -, Jidar propose un considérable panel de fleurons : le Français Velvet, la Mexicaine Paola Delfin, le Canadien Bryan Beyung, l’Espagnole Udatxo, les sœurs japonaises Hamadaraka Eru & Emu, l’Argentin Elian Chali et les insubmersibles marocains Ed Oner, Iman Droby et Bakr.

Le menu est immensément varié. Hormis les neuf murs qui seront exploités par lesdits artistes, deux des six façades du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat seront prises d’assaut par l’Espagnol Txemy et le Marocain Khalil Minka. Quelques jeunes pousses ambitieuses et comptant s’initier au muralisme auront aussi leur place au soleil en travaillant de concert avec Yassine Balbzioui sur un «mur collectif».

A ces moments vibrants s’en ajouteront d’autres non moins émouvants. En sus des fresques murales, la manifestation offrira également des rencontres  : trois dans l’amphithéâtre du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, et une quatrième à Le Cube - Independent art room. Occasion propice pour faire de ce rendez-vous un nouvel espace d’échange pour le Street-Art. Souhaitant renouveler son image et coller à son évolution, le rendez-vous s’offre un lifting en changeant son logo et en transformant l’appellation : «Jidar, toiles de rue» en «Jidar-Rabat Street Art Festival».

Qui plus est, le festival profite de cette édition pour lancer une version améliorée de son application mobile, qui permet non seulement de transporter l'utilisateur dans les 9 lieux choisis cette année, mais également de découvrir les fresques réalisées lors des cinq dernières éditions. Nous voilà devant ce que l’art promet de plus étonnant, vivant et curieux. Que demander de plus ?

 

 

 

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