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Tribune : Et si la culture marocaine était naturellement digitale en ces temps d’épidémie !

Tribune : Et si la culture marocaine était naturellement digitale en ces temps d’épidémie !

« Notre pays peut sauter des étapes, peut aller plus vite, peut faire du digital un cheval de bataille du développement, boostant ainsi la performance de nos Entreprises et Administrations, faisant évoluer le mindset de nos concitoyens, donnant du sens à nos actions au quotidien, pour devenir le LAB africain après le HUB africain… et référencer notre Modèle de Développement ».

 

Par Dr. Kamal Jabry, past DRH, formateur expert senior.

 

La transformation digitale est à l’ordre du jour dans tous les pays du monde. La difficulté scientifique de définir ce qu’est la transformation digitale, malgré des tentatives fort intéressantes, a donné lieu à une création de dérivées multiples : transformation numérique, digitalisation, …voire parfois à des réductions (outils, applications, …).

Pour ma part, je dirais que le digital est une nouvelle forme de culture qui vient se « plugger » sur les cultures originelles. C’est avant tout une croyance, un enthousiasme contrôlé, une capacité à se projeter et une acceptation de l’échec.

Une chose est sûre : ce qui est relatif au digital est lié à la transformation des liens entre l’Organisation, le Client, les Partenaires, le Citoyen,… Nous sommes aujourd’hui contraints malgré nous, de vivre une translation de la société de biens vers une société de liens et de coopération.

Cours : Translation

Lorsque l’on observe les sociétés humaines, elles ont toutes vécu un certain nombre de transformations. Celle que nous vivons aujourd’hui, n’est après tout qu’une transformation supplémentaire face à une situation de crise inédite.

Les conditions d’adhésion à ces transformations se sont faites grâce à l’adoption par les uns et les autres des nouveaux processus, des nouveaux modes de pensées, des nouveaux modes de consommation…. avec des ambassadeurs pour expliquer, convaincre et conduire.

En définitive, l’acculturation transformationnelle repose sur la capacité d’adoption et d’adaptation de l’homme face à la conduite du changement.

Je suis agréablement surpris par cette capacité d’adaptation et cette avidité d’informations du citoyen marocain, exacerbées par cette pandémie mondiale. Elle est certainement aussi induite par la peur de l’inconnu et de l’absence d’une riposte si cela devenait mortelle. Car l’Homme a peur de la mort. Et pour se donner du courage, il se réfugie derrière la recherche d’informations…. Et le digital en est un vecteur.

Je pense que notre société marocaine possède tous les ingrédients nécessaires à cette « acculturation transformationnelle digitale »

Un des axes à retenir dans le nouveau modèle de développement du Royaume du Maroc pourrait être le « smart digital ». Il ne s’agit pas de faire du digital pour du digital, mais de garder présent à l’esprit en quoi cette démarche, ces outils sont à même de pouvoir restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. 

Je constate que depuis quelques semaines, prolifèrent des annonces de mise en place d’outils digitaux censés solutionner les difficultés du citoyen au quotidien. C’est excellent… Gageons que leur pérennité sera assurée. Le risque majeur réside alors dans l’innovation pour l’innovation, dans notre incapacité à la rendre opérationnelle dans une démarche d’amélioration continue.

Il existe une protection face à ce risque à mon sens : la curiosité (vilain défaut !!). Elle est le vaccin qui pourra faire évoluer la relation entre le Citoyen et son Administration. Plus nous nous intéresserons à ces nouveaux canaux, plus l’Administration se mettra à niveau. Est-il normal que le citoyen marocain soit plus digital que l’Administration ?

Il ne s’agit pas de faire le procès de l’Administration, loin s’en faut. Cette retenue face au changement, jusqu’alors présente, s’est soudainement volatilisée d’un coup de baguette magique. Cela prouve que nous pouvons changer ; il suffit de le vouloir, et nous le voulons face à l’adversité. Chapeaux bas, Mesdames et Messieurs les fonctionnaires. De grâce, surtout ne changez plus.

Nous sommes un peuple où le lien est prédominant dans nos actes de tous les jours (notre façon de nous dire bonjour plusieurs fois dans la journée, notre façon de trouver un compromis, notre façon d’amener les changements, notre langage, la pratique des synonymes à bon escient- exemples : ami, relation, copain ….). 

C’est déjà un acquis important : nous acceptons le changement surtout lorsqu’il permet de faire jouer l’ascenseur social ou plus exactement le mimétisme Maslowien (Appartenance à un groupe), tout en sachant que l’on parle de la pyramide de Maslow 2.0, où la connectivité est désormais la première étape.

Par ailleurs, nous autres marocains, possédons un ADN relationnel (les liens) qui arrive à phagocyter rapidement les nouveautés car nous aimons les challenges et sommes avides de rattraper les autres…. Avec une fierté nationaliste. Et c’est très bien. 

C’est ainsi que nous avons testé et adopté la 5G, nous nous sommes lancés dans le secteur automobile et aéronautique à forte intégration, dans l’agriculture gérée par des drones, dans le solaire, dans le spatial, dans la réadaptation de nos outils de production face à la pandémie Covid19, dans la création d’un fonds solidaire Covid19, dans la prise en charge des démunis, dans les cours à distance, dans le télétravail…. Grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de son Gouvernement.

Nous pouvons développer cette acculturation transformationnelle (le digital en est un des vecteurs) très rapidement, pourvue qu’elle serve les intérêts individuels citoyens et les intérêts collectifs citoyens. Le nouveau Modèle de développement du Maroc constitue à mes yeux une opportunité inédite pour nous faire comprendre que nous devons changer individuellement et collectivement.

Les conditions de disruption, à savoir, le risque majeur pandémique actuel et ses dommages collatéraux, l’attrait inné de nos concitoyens pour la nouveauté, la volonté politique de faire du Maroc un modèle sociétal et économique référent, l’ingéniosité de la jeunesse marocaine, la diligence dans les prises de décisions…. sont autant d’atouts que nous devons exploiter, encourager voire financer.

 Alors pourquoi aurions-nous du mal à devenir les champions (au moins au niveau de notre Continent) de la transformation économique, sociale et numérique ?

Lorsque j’étais étudiant, mon professeur nous avait fait un cours en macro-économie sur les étapes de la croissance selon ROSTOW (Oui je sais, je ne suis plus jeune). 

A l’époque, je lui ai demandé si tous les pays devaient passer par ces étapes. Sa réponse a été claire : « on peut sauter des étapes »

Notre pays peut sauter des étapes, peut aller plus vite, peu faire du digital un cheval de bataille du développement, boostant ainsi la performance de nos entreprises et administrations, faisant évoluer le mindset de nos concitoyens, donnant du sens à nos actions au quotidien, pour devenir le LAB africain après le HUB africain… et référencer notre Modèle de Développement.

Ce qui nous manque ? C’est accepter le «Test and Learn », c’est-à-dire accepter de sortir du modèle classique de la recherche de la perfection ou de la réflexion politicienne (conception-test-mise en œuvre et gestion de la critique). 

Il nous faudrait mettre à jour la version de notre software car notre machine marocaine a les processeurs qu’il faut, les cartes qu’il faut, les stockages qu’il faut…. Osons, continuons à expliquer, à associer, à éduquer, à être fiers… et le feedback sera au rendez-vous.

Nous disposons d’une autre capacité qui devrait tout simplement être canalisée et mise en exergue : L’agilité. Cette réactivité devrait nous permettre d’absorber les perturbations sans être obligé de tout refaire, reconcevoir, d’encaisser les secousses à venir. Mais nous devrons aussi apprendre à nous inscrire dans la durabilité et la reddition des comptes.

Victor Hugo disait : « La suggestion consiste à faire dans l’esprit des autres une petite incision dans laquelle on met une idée à soi ». 

Gageons que les idées et suggestions ne manqueront pas, que les « digitaleurs » et « transformateurs » seront au rendez-vous, que les utilisateurs donneront du leur, en un mot nous, Marocaines et Marocains, accompagnons modestement la transformation souhaitée par notre Souverain.

Nous sommes un peuple qui communique, qui est « omnicanal », capable de miser sur les canaux disponibles, mais aussi capable de rapprocher et d’harmoniser ces différents canaux, capable de prouesses l’Histoire l’a prouvé, le prouve aujourd’hui et le prouvera encore demain.

Un certain nombre d’entreprises et d’administrations marocaines sont à l’avant-garde dans la transformation sous toutes ses formes. Commençons par leur marquer notre satisfaction, applaudissons leurs transformations même si elles semblent lentes, mais ne restons pas indifférents. La transformation sociétale digitale et/ou phygitale est inéluctable, car elle est la clé du début de la nouvelle forme d’industrialisation et d’équité sociale. Alors « Ambassadeurs » de mon pays, que chacun d’entre nous fasse une petite incision dans laquelle il mettra une idée à soi, qu’il partagera et que l’on enrichira tous ensemble.

 

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