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Accord céréalier Russie/Ukraine: l’arme fatale du Kremlin

Accord céréalier Russie/Ukraine: l’arme fatale du Kremlin

En juillet 2022, la Russie a signé avec l'Ukraine l'accord céréalier pour approvisionner la population mondiale et éviter une crise humanitaire mondiale. Le 17 juillet 2023, à quelques heures du renouvellement de l'accord, la Russie a décidé de le suspendre pour mettre plus de pression sur ses ennemis notamment les USA et l’Union européenne. 

Par Abdelhak Najib 

 

C’est acté. Alors que l’accord céréalier entre Moscou et Kiev est considéré par le monde entier comme vital pour nourrir la population mondiale, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé le 17 juillet 2023, la suspension de la participation russe dans ce processus faisant ainsi planer le spectre d’une nouvelle famine dans plusieurs régions du globe notamment en Afrique. 

Comme on s’y attendait, la salve des condamnations va bon train face à l’attitude russe qui brave encore une fois la communauté internationale en la mettant au pied du mur. Les dirigeants occidentaux ont dénoncé un acte «immoral» de Moscou, qui «privera des millions de personnes d'un accès vital aux céréales» notamment sur le continent africain qui dépend essentiellement des céréales venues d’Ukraine pour nourrir plus d’un milliard d’êtres humains presque toujours en proie à de graves et durables menaces de famine. 
Face à un tel défi, le régime ukrainien répond par une bravade puisque Volodymyr Zelensky a affirmé «ne pas avoir peur de la Russie» et être prêt à maintenir ses exportations de blé par voie maritime. Ce qui risque sans aucun doute d’embraser toute la région de la mer Noire devenue aujourd’hui la plaque tournante de l’économie mondiale et des fluctuations des marchés financiers. 

Face à une telle situation, Etats-Unis ont dénoncé un «acte de cruauté» de Moscou et une décision qui «portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde», comme l’a souligné le secrétaire général de l'ONU. Surtout que les instances onusiennes cumulent depuis 2020 des chiffres très alarmants sur la précarité de plusieurs régions en Afrique souffrant de sécheresse, de pénurie d’eau potable et de nourriture pour les populations et pour le bétail. 

De son côté, Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain, a déclaré que se servir «de la nourriture comme d'une arme [...] va compliquer l’acheminement d’aliments dans les endroits qui en ont désespérément besoin et entraîner une hausse des prix». Face à ces dénonciations, Moscou justifie l'arrêt de sa participation à l'accord céréalier en pointant du doigt «l'entrave des exportations aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain» par les Occidentaux. Un renvoi de balle de part et d’autre alors que la famine sévit déjà en Afrique, dans un climat caractérisé par la guerre au Soudan et par l’instabilité dans le Sahel et l’Afrique centrale. Un bras de fer qui fait de terrifiants dégâts collatéraux et qui semble s’installer dans la durée faisant fi de millions de vies humaines.

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