Pluies: messagère de la mort

Pluies: messagère de la mort

Les récentes inondations dans le sud du Maroc se sont soldées par des drames. Des pluies torrentielles, qualifiées d'exceptionnelles par leur intensité, ont provoqué des crues rapides et impitoyables qui ont balayé tout sur leur passage. Les villes de Tata, Errachidia, Tiznit, Tinghir et Taroudant ont été particulièrement touchées, avec un bilan humain et matériel très lourd : au moins 18 morts, des disparus et des dégâts infrastructurels majeurs, incluant des maisons effondrées et des routes emportées.

Ironie du sort : le Maroc est confronté depuis plusieurs années à un sévère déficit hydrique. La baisse des précipitations, exacerbée par des périodes de chaleur intense, a vidé les barrages et asséché les cours d'eau, mettant en péril la sécurité alimentaire. Les sécheresses récurrentes, de plus en plus longues et sévères, ont aggravé drastiquement le déficit hydrique, ce qui pèse lourd sur l'agriculture, essentielle à l'économie nationale, et sur la disponibilité de l'eau potable pour les populations, actuellement rationnée dans presque toutes les régions du Royaume.

De fait, la pression sur les ressources hydriques est devenue une préoccupante constante pour le gouvernement, qui multiplie les initiatives (accélération de la construction des barrages, dessalement de l’eau de mer, recyclage des eaux usées…) face à la rareté de l'eau. Mais aujourd’hui, lorsque le ciel devient enfin clément et que les pluies tant attendues arrivent, elles transforment le paysage en scènes de désolation. Et endeuillent de nombreuses familles.

Ces événements dramatiques survenus au sud du Royaume soulignent le dilemme auquel le Maroc est confronté : un besoin désespéré de précipitations pour résorber un tant soit peu le déficit hydrique et soutenir l'agriculture, principal driver de la croissance, juxtaposé à la menace destructrice des inondations soudaines. Autrement dit, les inondations, aussi destructrices soient-elles, révèlent les failles d'un système qui oscille entre l'urgence de capter chaque goutte de pluie et la nécessité de contrôler ses effets potentiellement dévastateurs.

Cette dualité met en relief les défis de gestion des risques naturels qui se dressent devant le Maroc, dans un contexte de changement climatique qui renforce la fréquence et l'intensité des événements extrêmes. Ce phénomène n'est pas unique au Royaume. Partout dans le monde, les nations font face à des défis similaires, exacerbés par le changement climatique. Au Tchad, les pluies diluviennes et inondations ont fait 341 morts et 1,5 million de sinistrés depuis le mois de juillet, d’après un rapport onusien.

Au Niger, les pluies torrentielles ont fait au moins 273 morts et 70.000 sinistrés depuis juin, selon les autorités. Le Vietnam compte aussi ses morts après le passage du typhon Yagi : 82 victimes et 64 personnes disparues. Bref, le Maroc, à l’instar des autres pays, a besoin de la pluie pour revigorer ses terres assoiffées et abreuver ses barrages asséchés, mais pas si cette dernière doit se muer en messagère de la mort. 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

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