Par Fatima Ouriaghli, directrice des publications
Nous nous sommes réjouis de la gestion de la pandémie Covid-19 par les autorités marocaines et de toutes les décisions prises pour préserver la santé et la sécurité des citoyens.
Confinement, couvre-feu nocturne, mesures sanitaires contraignantes…, les citoyens ont tout accepté avec beaucoup de dignité.
A l’heure du déconfinement, alors que l’activité économique reprend petit à petit, l’on commence à se rendre compte que le plus dur reste certainement à venir, particulièrement sur le plan économique. Les restrictions imposées par les autorités ont sans aucun doute permis de sauver des milliers de vies : cela ne souffre d’aucune discussion et tout le monde les a respectées, voire même soutenues. Mais le tribut économique à payer va être très lourd.
L’exemple de la compagnie Royal Air Maroc, qui a initié un plan de réduction de son personnel et de sa flotte, est un marqueur édifiant de ce qui attend moult entreprises moins solides et moins structurées ces prochains mois. Dans plusieurs secteurs, les plans sociaux risquent de se multiplier, avec à la clé des milliers de salariés qui vont se retrouver à errer sur les bancs du chômage.
L’Etat, malgré sa bonne volonté et tout le dispositif de soutien qu’il a mis en place, sera incapable d’empêcher ces plans sociaux. Ses points de suture ne pourront contenir cette hémorragie.
D’ailleurs, en scrutant le projet de Loi de Finances rectificative adopté mardi en Conseil de gouvernement, un paragraphe retient l’attention et suscite des inquiétudes légitimes : «la nécessité d’activer l'accompagnement spécifique des différents secteurs, dans un cadre contractuel, avec les acteurs économiques concernés, en conditionnant l'appui à la reprise économique à la préservation de plus de 80% des salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la régularisation rapide de la situation des employés non déclarés».
En des termes plus crus, les opérateurs économiques qui ont bénéficié du soutien de l’Etat peuvent logiquement se séparer d’au plus 20% de leurs salariés. Cela ouvre la porte à des licenciements massifs, surtout que certains secteurs d’activité connaissaient déjà des difficultés bien avant la crise liée à la covid-19. A l’évidence, nous fonçons droit vers une crise économique et sociale aigue