Par Fatima Ouriaghli, directrice des publications
L’économie nationale est vraiment mal en point. Et plus l’on se rapproche de la fin de l’année, et moins l’on a de la visibilité. Simplement parce que les autorités procèdent à une gestion à la carte de la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Entre les villes bouclées, les unités industrielles qui tournent à bas régime, les écoles qui ferment et rouvrent…, c’est toute la machine économique qui est perturbée. Conséquence : les indicateurs macroéconomiques sont en souffrance, portant les germes d’une sinistralité élevée dans plusieurs activités, comme notamment le secteur touristique dont les pertes ont atteint 18,3 milliards de dirhams au terme des sept premiers mois de 2020, soit un retrait des recettes de 44,1%.
Nous en sommes à un point où les conjoncturistes sont contraints de réviser continuellement les prévisions, les enveloppant toujours d’une bonne dose de prudence. C’est d’ailleurs ce que vient de faire Bank Al-Maghrib, qui a ajusté à la baisse sa prévision annoncée en juin, pour tabler désormais sur une contraction de la croissance de 6,3% en 2020 et un déficit budgétaire de 7,9% du PIB, tout en avertissant que ces perspectives «restent entourées d’un niveau exceptionnellement élevé d’incertitudes, liées notamment à l’évolution de la pandémie, à l’ampleur de ses retombées ainsi qu’au rythme de la reprise».
C’est dire que rien ne milite actuellement pour une inversion de tendance. Dans ce contexte miné par l’attentisme et le manque criant de visibilité, les indicateurs macroéconomiques risquent donc de se dégrader davantage. Car le coronavirus annihile pour l’instant toute velléité de reprise économique. Ce qui devrait amplifier un taux de chômage déjà critique.
Déjà, au second trimestre, le haut-commissariat au Plan faisait état d’une perte nette de 589.000 emplois par rapport au même trimestre 2019, dont les quatre cinquièmes enregistrés au niveau de l’agriculture. Se situant à 12,3%, le taux de chômage a ainsi atteint au second trimestre 2020 un plus haut historique depuis 2004.
Aujourd’hui, le gouvernement semble manquer d’alternative. Comme dans beaucoup d’autres pays, l’espoir de nos gouvernants repose désormais sur une chose : la mise sur le marché d’un vaccin. En attendant, ils devront jouer aux acrobates pour tenter de juguler une crise sanitaire et économique qui les dépasse.