La France est dans la rue. La réforme de la retraite est actuellement la source d’une colère sociale qui risque de faire date. Pour la première journée de mobilisation, près de 2 millions de Français ont battu le pavé pour dire non à une réforme jugée «inutile», voire «inéquitable et injuste». Leur objectif : paralyser le pays pour faire plier le gouvernement en le poussant à retirer sa réforme. L’âge de départ à la retraite, qui va être porté de 62 à 64 ans, est le point de cette réforme qui cristallise toutes les tensions.
Les syndicats qui, pour la première fois, semblent parler d’une même voix, comme l’opposition politique, disent un niet catégorique au report de l’âge légal de départ, d’autant qu’il s’agirait d’un projet «au service de la finance plutôt que de la France», notamment dans un contexte de hausse des taux d’intérêt souverains sur le marché obligataire. Le gouvernement, qui a vendu cette réforme comme un outil pour rétablir l’équilibre des comptes publics, s’entêtera-t-il au risque d’attiser davantage la colère sociale ?
Ou cédera-t-il à la pression populaire, au risque de donner un mauvais signal aux marchés financiers et de voir les taux d’intérêt de la dette française (3.000 milliards d’euros) partir à la hausse ? En tout cas, la situation tendue en France ne laisse pas indifférentes les autorités marocaines. Elle suscite même inquiétude. Car, ici aussi, après la réforme paramétrique initiée en 2016, se prépare la seconde étape de la réforme des retraites.
Dans son rapport au titre de 2021 publié mardi dernier, la Cour des comptes (CC) estime ainsi qu’au vu de l’élargissement de l’adhésion aux régimes de retraite en 2025 pour couvrir les travailleurs ne percevant aucune pension, la garantie de la viabilité du système à long terme exige l’activation de la mise en œuvre du chantier de la réforme structurelle des régimes.
Et ce, d’autant qu’«en dépit des réformes paramétriques apportées principalement au régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites depuis 2016 et au régime collectif des allocations de retraite en 2021, lesdites réformes n’ont pas permis d’atteindre les équilibres financiers de ces régimes. Cette situation a conduit à un quasi-épuisement de leurs réserves à des horizons différents», constate la CC.
Comme en France, l’un des points saillants de cette réforme structurelle sera le recul de l’âge légal de départ. Ce sera forcément un sujet de crispation entre les syndicats et l’exécutif. Lequel est déterminé cependant à mener cette réforme jusqu’au bout, promettant une reprise du dialogue avec les différents partenaires durant ce mois de mars pour se mettre d'accord sur les éventuelles solutions. Objectif : clore ce dossier d'ici l'été ou septembre prochain. Ça promet !
Par F.Z Ouriaghli