Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication
Le coronavirus a mis le monde économique à genou. Partout, les gouvernants ont sorti les chéquiers pour y aligner les zéros, dans une course folle au soutien de leurs économies. Eviter les faillites et préserver les emplois, quitte à faire exploser les déficits budgétaires.
Le Maroc n’y a pas échappé. Il a subi, comme tous les pays qui ont été impactés par la crise du coronavirus, une véritable saignée budgétaire. En partie atténuée par… la générosité des Marocains. Car, rappelons-nous bien qu’à l’origine, le fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie était doté de 10 Mds de DH.
Au 24 avril, les ressources de ce fonds ont atteint 32 Mds de DH grâce à un formidable élan de solidarité qui a poussé entreprises et citoyens à y contribuer gracieusement. Dès lors, le gouvernement n’a pas fait d’économie dans l’effort pour soutenir les entreprises et les ménages, quand bien même d’aucuns peuvent juger que les mesures prises sont insuffisantes. 32 milliards de DH : c’est un beau paquet et c’est peu en même temps, au regard des besoins actuels de l’économie nationale.
Et quand l’argent sort sans qu’il n’y ait de rentrées, le matelas financier s’affaisse. Déjà, 6,2 Mds de DH ont été dépensés, dont 2 Mds de DH pour le secteur de la santé. Rien que pour les salariés et employés temporairement en arrêt de travail et déclarés à la CNSS par les entreprises affectées par cette pandémie pour bénéficier des indemnisations accordées, le fonds Covid-19 mobilisera près de deux milliards de dirhams mensuellement.
Au 24 avril 132.000 entreprises ont déclaré plus de 800.000 salariés. Ces chiffres témoignent, s’il en est besoin, de l’acuité de la crise, surtout si l’on sait que 416.000 demandes de report de remboursement des échéances des crédits bancaires et celles liées aux crédits leasing ont été enregistrées, portant sur 33 milliards de dirhams.
Et sortir de cette crise commencera, d’abord, par une reprise de l’activité économique. Une activité économique au point mort, qui laisse entrevoir de surcroît des perspectives moroses : la croissance économique nationale serait amputée de 8,9 points au deuxième trimestre 2020 par rapport à son évolution d’avant crise Covid-19; ce qui représenterait une perte globale potentielle d'environ 29,7 Mds de DH pour la première moitié de 2020, selon le HCP. D’où l’urgence de faire ronronner de nouveau la machine économique.
Le gouvernement s’y penche, puisque la réflexion sur la relance et la gestion des finances publiques de l’après-Covid-19 est d’ores et déjà lancée. On verra bien ce qui sera proposé.