Par Fatima Ouriaghli, directrice des publications
Une pointe d’optimisme alors que le Maroc se prépare au déconfinement: le nombre de cas de contamination a drastiquement diminué depuis une semaine, couplé à une forte augmentation des guérisons. De quoi affronter le déconfinement avec plus d’aplomb, mais aussi de vigilance et de prudence.
Le Maroc est donc sur la bonne voie pour maîtriser le coronavirus. Mais reste confronté à une autre problématique de taille : le défi économique. Sur ce registre, le Royaume a une grosse épine sous le pied.
L’Etat a certes joué son rôle durant cette crise sanitaire, dépensant à tour de bras pour soutenir les entreprises, les ménages défavorisés et les salariés. Cela sera-t-il néanmoins suffisant pour éviter la casse ?
Il faudra se faire à l’idée que les entreprises les moins solides ne survivront pas à cette crise. Selon les prévisionnistes, les défaillances vont fatalement augmenter, ce qui va davantage plomber les chiffres du chômage.
Déjà, au premier semestre, le taux de chômage au niveau national est passé de 9,1% à 10,5%, de 13,3% à 15,1% en milieu urbain et de 3,1% à 3,9% en milieu rural. Une situation qui risque de se dégrader quand on sait, d’une part, que l’activité économique est quasiment à l’arrêt depuis le 20 mars en raison du confinement. D’autre part, le secteur agricole, moteur de l’économie par essence, affiche de piètres résultats en raison d’un déficit pluviométrique criant. D’ailleurs, l’Etat a dû débourser une enveloppe de 350 millions de dirhams pour venir en aide aux agriculteurs affectés par le manque de pluies au titre de l'actuelle saison agricole.
C’est dire que la mission du Comité de veille économique est loin d’être terminée. Il est encore appelé à servir de sou- pape de sécurité aux entreprises dans cette conjoncture difficile. Faudra-t-il alors imaginer d’autres mesures de soutien ? L’Etat peut-il se permettre de continuer à creuser le déficit budgétaire pour contenir la récession ? Qui, in fine, paiera la facture finale ?
Il y aura forcément des arbitrages et des acrobaties budgétaires à faire. Des acrobaties délicates pour pouvoir relancer l’économie et s’inscrire dans une croissance durable génératrice de richesse.
C’est dire que le challenge économique qui nous attend est aussi important, sinon davantage, que celui de réussir le déconfinement dans son volet sanitaire.