Par B. Chaou
L’Union européenne avance à grand pas dans le domaine de l’économie durable. D’ailleurs, il y a quelques semaines, les pays européens ont annoncé la mobilisation d’un montant colossal de 10 milliards d'euros dans le but d'accélérer leur transition énergétique. Une contribution qui devrait inciter des investissements supplémentaires en faveur de plusieurs chantiers, dont le développement d’avions efficaces à faible intensité de carbone, le soutien de l'utilisation de matières premières biologiques renouvelables dans la production d'énergie et la consolidation du positionnement des pays de l’UE en matière de technologies de l’environnement.
Cette action s’ajoute à d’autres démarches déjà annoncées par le Vieux continent et qui s’inscrivent dans la même perspective. Parmi elles, nous retenons le programme de décarbonation, qui marque l’entrée en vigueur d’une multitude de mesures, dont la fameuse taxe carbone sur les produis importés et qui pourrait entrer en vigueur d’ici cet été. Ainsi, plus un produit émet du carbone lors de sa production, plus il sera taxé par les Européens.
La taxe carbone pourrait être appliquée en amont lors de l’export ou en aval sur le consommateur final. Mais dans tous les cas, une telle mesure mettra en perspective pour les pays partenaires de l’UE, dont fait partie le Maroc, de nouveaux défis.
Un facteur de compétitivité pour les exportateurs marocains
L’instauration de telles mesures représenteraient pour les exportateurs nationaux de nouveaux facteurs de compétitivité. S’ils souhaitent, en effet, permettre à leurs produits d’être compétitifs sur le marché européen, ils doivent pouvoir exporter à moindre coût, en évitant la surtaxe. Aujourd’hui, tous les secteurs sont concernés, du textile, en passant par l’automobile, sans oublier l’aéronautique. Pour ce dernier, les professionnels ont déjà entamé leur transformation avec la mise en place de la stratégie «Aéronautique 4.0».
De même, des actions ont été entreprises par les autorités marocaines dans d’autres secteurs, dans l’objectif d’améliorer et de renforcer la part de l’industrialisation «green» au sein du tissu industriel national. Par ailleurs, une application plus étendue des nouvelles normes environnementales dans les processus industriels confèrerait au Royaume une carte de visite «green», qui lui permettrait d’attirer davantage les investisseurs, surtout dans une logique de relocalisation des entreprises internationales.
En effet, si le Royaume souhaite prendre une place dans le nouvel environnement économique mondial qui se profile, et continuer de figurer parmi les partenaires privilégiés de l’UE, son tissu industriel doit relever le défi des nouveaux enjeux environnementaux. Comme il doit être en mesure d’instaurer des mécanismes encourageant l’utilisation des énergies vertes. Cela passe, par exemple, par la multiplication des incitations fiscales aux entreprises qui utilisent les énergies renouvelables, ou encore le renforcement de l’appui à l’investissement dans les projets à forte valorisation énergétique.
Par ailleurs, selon les experts, s’il y a un mouvement de relocalisation, il sera observé d’abord au niveau des chaînes d’approvisionnement, puis à long terme, sur celui de l’investissement, qui prendrait plus de temps. L’économie marocaine dispose donc d’un délai suffisant pour bien se positionner.