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Hydrogène vert : l’«offre Maroc» sur la bonne voie

Hydrogène vert : l’«offre Maroc» sur la bonne voie

6 projets dans le pipe d’un montant de 319 Mds de DH, assiettes foncières réservées, phase préliminaire du projet Chbika 1 finalisée…, l’«offre Maroc» pour développer l’hydrogène vert et ses dérivés avance sûrement vers son opérationnalisation. Détails.

 

Par Désy M.

Grâce à son ambitieux projet de l’«offre Maroc» pour l’hydrogène vert lancé en mars 2024, le Royaume a entamé sa mutation pour quitter le cap de pays importateur d’énergies fossiles à celui de producteur et exportateur d’énergie 100% verte.

Ce projet, qui positionne le Maroc comme un acteur majeur dans l'énergie propre en alignant les objectifs de développement durable avec la demande des investisseurs, vient franchir une étape décisive.

En effet, le 17 septembre courant, le comité de pilotage de l’«offre Maroc» présidé par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a évoqué les dernières avancées réalisées. Il s’agit notamment de la clôture de la phase préliminaire du projet Chbika 1, de la signature de contrats préliminaires de réservation du foncier et l’autorisation de 6 projets pour un montant de 319 milliards de DH. Ces investissements colossaux marquent le passage d’une ambition stratégique à des échéances concrètes sur le terrain.

Les Provinces du sud au cœur de l’ambition

Le projet de l’«offre Maroc» s’inscrit pleinement dans la vision royale de valorisation des atouts territoriaux pour la création équilibrée des richesses au niveau national. Car au-delà de la dimension stratégique, c’est le développement des Provinces du sud qui se dessine en toile de fond. Avec ses atouts naturels (ensoleillement, vents constants), cette zone représente le terrain propice pour développer une véritable filière industrielle importatrice de l’hydrogène vert, allant de la fabrication d’électrolyseurs aux applications industrielles comme les engrais verts. Chbika 1, implanté à Tan-Tan, en est la preuve évidente. Il représente un projet transformateur pour cette zone.

En finalisant sa phase préliminaire, le projet, porté par un consortium d’investisseurs français et danois, s’apprête désormais à entrer dans sa phase d’études avancées. Il s’agit d’un chantier de très grande ampleur programmé autour d’un gigawatt d’énergies renouvelables solaire et éolien destiné à alimenter des électrolyseurs produisant de l’hydrogène vert, puis de l’ammoniaque vert à hauteur d’environ 200.000 tonnes par an. Pour les Provinces du sud, l’impact socioéconomique sera réel.

Avec l’arrivée d’infrastructures lourdes et d’investissements internationaux dans une zone encore peu industrialisée, le projet Chbika 1 promet de remodeler l’économie locale. Ports, notamment celui de Dakhla en cours de construction, routes, réseaux électriques et unités de dessalement d’eau de mer accompagneront l’installation de ce dernier, apportant des services et des équipements. Le projet bénéficiera aux populations dans la création d’emplois directs et indirects, dans le transfert de savoir-faire et de compétences, une garantie pour bâtir cette industrie pérenne et intégrer la région dans les chaînes de valeur mondiale de l’hydrogène.

 

Le foncier : Un appât pour les investisseurs

Dans la même dynamique, les autorités ont signé les autorisations de réservation foncière en faveur de cinq investisseurs nationaux et étrangers. Cette décision permet de sécuriser les assiettes foncières nécessaires à six nouveaux projets liés à l’hydrogène vert. En effet, la sécurisation du foncier est une condition sine qua non pour attirer des capitaux lourds et permettre aux études techniques et environnementales d’avancer sans délai administratif.

Ce geste opérationnel renforce l’échelle territoriale du programme et prépare le terrain à une industrialisation qui dépassera la simple phase pilote. En parallèle, la stratégie publique prévoit d’orienter des contreparties concrètes, notamment le transfert de technologies, la formation professionnelle et le développement d’unités industrielles locales afin que la valeur ajoutée ne quitte pas exclusivement le territoire. Le renforcement des capacités locales figure donc au cœur de la logique qui soustend l’offre d’incitations et l’allocation du foncier.

L’«offre Maroc» repose sur des atouts solides. D’abord, un cadre réglementaire attractif, un accès facilité au foncier et des infrastructures portuaires modernes, qui serviront de plateforme logistique pour l’exportation. Ensuite, en misant sur un écosystème intégré, le Maroc compte réduire les coûts de production permettant de proposer une énergie à un prix compétitif tant au niveau régional qu’international.

Selon le rapport Global Gas 2025, le coût de production d’hydrogène produit au Maroc serait estimé à 4,6 dollars le kg. Enfin, la proximité avec l’Europe, qui ambitionne d’importer 10 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, positionne le Maroc comme un fournisseur de choix, compétitif et fiable. Des garde-fous nécessaires L’ambition est certes louable et augure de bons présages pour le Maroc. Cependant, l’hydrogène vert est encore une technologie en phase d’apprentissage.

Selon les experts, la part du coût liée à l’électricité, la maturité industrielle des électrolyseurs et la sécurisation des financements sont autant de défis que le Royaume doit maîtriser. Pour ce faire, le Maroc doit miser sur des centres de recherche et de développement à l’instar de celui installé au sein de l’Université Mohammed VI Polytechnique à Benguerir, et des phases pilotes pour réduire les risques techniques et optimiser les trajectoires économiques.

En optant pour une coopération public-privé étroite et sur l’accompagnement institutionnel, le pays pourra aussi amortir les risques éventuels et faire monter la filière en compétence. Avec six projets validés à date et un portefeuille dépassant les 300 milliards de dirhams, le Royaume s’inscrit aujourd’hui dans le peloton de tête mondial de l’hydrogène vert. 


 

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