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Hydrogène: il va falloir se faire certifier pour exporter vers l’UE

Hydrogène: il va falloir se faire certifier pour exporter vers l’UE

La certification hydrogène sera exigée aux exportateurs locaux vers l’UE. En attendant le démarrage de la production marocaine, il est recommandé de se faire pré-certifier. Présentation d’une exigence qui risque de peser sur la compétitivité du Maroc.

 

Par A. Diouf

Ça se corse pour les acteurs du marché naissant de l’hydrogène vert au Maroc  ! Disons pour les futurs producteurs et exportateurs de power- to-x installés dans le Royaume. En plus du passage obligé par le dessalement d’eau de mer pour produire massivement cette énergie bas carbone qui, semble-t-il, offre de belles perspectives d’avenir, il va falloir, en effet, passer par la case «certification» pour exporter vers l’UE, le principal marché visé par le pays. Et la compétitivité de l’hydrogène vert «Made in Morocco» risque d’en prendre un sérieux coup  !

C'est du moins ce qui ressort du masterclass organisé dernièrement par le cluster Green H2 à Casablanca, en collaboration avec l’AMDIE, sur la certification de l’hydrogène et des e.fuels. «La certification sera obligatoire pour exporter vers le nouveau marché qui se crée actuellement en Europe autour de l’utilisation de l’hydrogène renouvelable dans le secteur des transports», a expliqué Mathieu Boisson, Manager France chez Hinicio, qui a animé le séminaire.

Et d’ajouter qu’«il faudra en moyenne entre 45.000 et 60.000 euros par pré-certification», en réponse à l’interrogation d’un des acteurs de la filière verte au Maroc, venu se former aux enjeux concrets de la certification Green H2 et aux normes applicables à cette énergie d’avenir. La tutelle s’est déjà saisie de la question «Ce n’est pas sûr que ce soient ces prix-là qui seront appliqués au Maroc. Sinon, il y a très peu de chance que les PME investissent ce créneau», commente un des participants. En tous cas, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable se serait déjà saisi de la question.

Pour mettre en place un système de certification hydrogène adapté au contexte marocain, le département de Leïla Benali aurait mandaté la GIZ pour mener une étude qui serait d’ailleurs en cours de finalisation. Une étude à laquelle participe d’ailleurs Hinicio, en tant que chef de file du consortium de l’initiative européenne CertifHy, composé de l'Association of Issuing Bodies (AIB), Grexel, Ludwig Bölkow System Technik (LBST), CEA, et TÜV SÜD et financé par le Clean Hydrogen Partnership.

Justement, sur invitation de Yahya Zniber et de Samir Rachidi, respectivement président et secrétaire général du cluster Green H2, Mathieu Boisson était en fait venu au Maroc pour deux objectifs. Un, présenter cette initiative à travers laquelle 120.000 certifications hydrogène sont déjà délivrées en Europe. Et deux, commencer à constituer une base d’auditeurs CertifHy au niveau du Maroc où seuls des pré-certificats peuvent être délivrés actuellement en attendant le démarrage de la production d’hydrogène vert et de ses dérivées.

Bref, en attendant le démarrage effectif de la production locale, il faut savoir que l’initiative CertifHy est bien huilée de l’autre côté de la Méditerranée. En effet, depuis 2014, elle a développé des systèmes de certification d'hydrogène de haute qualité à travers l'Europe. Des certificats qui soutiennent la croissance du marché de l'hydrogène, car ils constituent un outil fiable permettant aux consommateurs de suivre l'origine et les attributs environnementaux de l'hydrogène. 

 

Trois questions à Mathieu Boisson, Manager France chez Hinicio
Finances News Hebdo : Pourquoi parler de la certification hydrogène maintenant au Maroc ? N’est-ce pas prématuré ?
Mathieu Boisson : La certification, c’est le miroir d’un marché. Elle répond à la question : que va-t-on pouvoir vendre en Europe ? A ce titre, il faut prendre en considération toutes les règles liées à la certification. Et il faut le faire le plus tôt possible dans le développement des projets. C’est ce que nous conseillons, parce que cela va influer la manière dont le projet est conçu et la manière dont il est produit. A notre sens, c’est quelque chose qui doit être pris en compte le plus tôt possible. Cela ne veut pas dire forcément qu’il faut être certifié, mais plutôt qu’il faut comprendre les règles du jeu pour être capable de jouer.
F.N.H. : En Europe, vous parlez de certification alors qu’au Maroc vous utilisez le terme de pré-certification. Peut-on savoir pourquoi ?
M. B. : L’initiative CertifHy existe en Europe depuis 2017 et se trouve actuellement dans sa troisième phase de développement. Alors qu’au Maroc, il n’existe pas encore de marché de l’hydrogène. La pré-certification va donc permettre aux futurs producteurs d’hydrogène vert dans le pays destiné à l’exportation d’être sur la bonne trajectoire dès l’entame de leurs projets. Ils gagneront ainsi énormément de temps pour décrocher la certification dès que le marché le permettra.
F.N.H. : Y a-t-il un lien entre l’initiative CertifHy et le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ?
M. B. : En effet, cette démarche peut être, plus tard, rebouclée avec le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Mais ce qu’il faut retenir, c’est que la certification hydrogène est rendue obligatoire pour exporter vers le nouveau marché qui se crée actuellement en Europe autour de l’utilisation de l’hydrogène renouvelable dans le secteur des transports (bateaux, avions, etc.) et de l’industrie (raffinerie), conformément à la directive européenne sur les énergies renouvelables. 

 

 

 

 

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