Le PLF 2025 prévoit de mobiliser 18,2 milliards de dirhams d’investissements publics pour le renforcement de la souveraineté énergétique nationale.
Par Désy M.
2025 s’annonce comme une année charnière pour l’accélération des projets d’énergies renouvelables au Maroc. La note sur la répartition régionale de l’investissement accompagnant le projet de Loi de Finances pour l’année 2025 (PLF2025) met un accent particulier sur le renforcement de la souveraineté énergétique nationale, en prévoyant une augmentation significative de l’investissement public, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. L’État entend ainsi poursuivre sa stratégie de transition énergétique, avec l’objectif de faire des sources vertes un pilier majeur de son mix énergétique et réduire la dépendance énergétique du pays. Pour l’année 2025, le PLF prévoit de mobiliser 18,2 milliards de dirhams, financés par l’État et les établissements et entreprises publics (EEP). Ces fonds visent à consolider la mise en œuvre de la stratégie nationale de transition énergétique, avec l’objectif d’atteindre 52% de la production énergétique issue de sources renouvelables d’ici 2030.
Un boost pour le secteur solaire
Le secteur solaire marocain, qui accusait un certain retard selon le rapport d’Ember sur les capacités solaires installées en 2024 à travers le monde, reçoit un coup de pouce significatif avec une enveloppe de 11,6 milliards de dirhams. Ce financement vise à revitaliser le secteur en accélérant la mise en œuvre de divers projets phares restés en suspens. Parmi eux, le programme Noor Midelt, avec 306 millions de dirhams alloués en 2025 pour finaliser Noor Midelt I, une centrale hybride PV-CSP de 850 MW. Noor Midelt II continue avec un budget de 202 millions de dirhams, tandis que Noor Midelt III avance grâce à un investissement de 2,2 milliards de dirhams et un appel à partenariat privé lancé en 2023. En parallèle, le programme Noor Atlas, qui prévoit six centrales photovoltaïques de 290 MW, reçoit 1 milliard de dirhams pour sa poursuite en 2025.
Encore plus pour l’éolien
Le secteur de l’éolien, qui a franchi l’année dernière un seuil historique de 1.858 MW, dépassant pour la première fois celui de l’hydroélectricité (1.770 MW), devenant ainsi la principale source d’énergie renouvelable en termes de capacité installée, n’est pas en reste. Le PLF 2025 prévoit des investissements significatifs pour renforcer la production d’électricité à partir de cette source. Le projet phare est l’extension du parc éolien Nassim Koudia Al Baida, dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, avec un budget d’1,2 milliard de dirhams. Ce parc de 150 MW s’inscrit dans le cadre du programme plus vaste Nassim Nord, qui ambitionne d’atteindre une capacité totale de 400 MW avec plusieurs parcs éoliens répartis sur le territoire. Un autre projet majeur est la modernisation du parc éolien Nassim Taza, dans la région de Fès-Meknès.
Une enveloppe de 590 millions de dirhams est dédiée à la construction du parc Nassim Taza II, d’une capacité de 80 MW. À Laâyoune-Sakia El Hamra, l'État contribuera à hauteur de 404 millions de dirhams pour la création d’un nouveau parc éolien, Nassim Tarfaya Extension, avec une capacité de 50 MW.
Masen et OCP en première ligne
En plus des investissements étatiques, plusieurs projets en énergies renouvelables sont portés par des établissements et entreprises publics (EEP), à l’instar de Masen et du Groupe OCP. Masen investit 1,2 milliard de dirhams dans le parc éolien de Koudia Al Baida et 200 millions de dirhams pour le raccordement de la seconde phase de Noor Midelt, tout en diversifiant ses projets avec 614 millions de dirhams pour Noor Atlas.
De son côté, l’OCP prévoit d’importants investissements à travers le lancement de sa plateforme Green H2A ainsi que son programme de Green Amonia, pour produire de l’hydrogène vert à Casablanca-Settat, avec 30 millions de dirhams prévus d’ici 2025. À Marrakech-Safi, le Groupe devrait investir 1,2 milliard de dirhams pour deux parcs solaires à Benguerir, visant à accroître la capacité photovoltaïque de la région. Cet effort de financement s'inscrit dans une volonté de répondre aux besoins énergétiques croissants, tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a d'ailleurs récemment annoncé un relèvement des ambitions en matière d’énergies renouvelables, visant désormais à dépasser l’objectif initial de 52% du mix électrique national d’ici 2027. Selon les projections, «compte tenu du programme en cours d’exécution, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique en 2027 atteindrait 56%, ce qui dépasserait l’objectif arrêté pour 2030 à 52%», lit-on. Reste à savoir si tous ces mégawatts produits, à travers les investissements réalisés, permettront de concrétiser pleinement cette ambition. Seul l’avenir nous le dira.