Porté par une volonté politique affirmée et des investissements structurants, le Maroc signe une année record en matière d’éolien. Avec plus d’un quart des nouvelles capacités installées en Afrique et au Moyen-Orient, le Royaume s’impose comme le chef de file d’une transition énergétique en marche.
Par Désy M.
En 2024, le Maroc a confirmé son statut de pionnier africain de l’énergie éolienne, franchissant un nouveau cap stratégique dans sa transition énergétique. Selon le dernier rapport du Global Wind Energy Council (GWEC), il s’affirme comme un modèle à suivre pour l’ensemble du continent, fort d’une croissance fulgurante et d’une vision claire. En une seule année, le Maroc a ajouté 520 mégawatts de capacité éolienne installée, soit une hausse de 372% par rapport à 2023. Ce bond place l’éolien à plus de 21% du mix électrique national, reléguant l’hydroélectricité au second plan parmi les énergies renouvelables.
Le pays totalise désormais 2.368 mégawatts de capacité éolienne, contre 1.898 mégawatts l’an passé. Cette performance est le fruit d’une vision claire et d’un calendrier d’exécution rigoureux. Parmi les projets majeurs, le parc éolien de Jbel Lahdid (270 MW), mis en service en octobre 2024, s’ajoute aux parcs de Boudjour (318 MW) et Aftissat II (200 MW), tous deux implantés dans les provinces du Sud. Ces infrastructures contribuent non seulement à l’indépendance énergétique du pays, mais aussi à la structuration d’une filière industrielle nationale.
Un rôle moteur pour l’Afrique
Le Maroc ne se contente pas de produire de l’électricité verte : il trace la voie pour ses voisins. En concentrant à lui seul plus de 26% des nouvelles capacités éoliennes installées en Afrique et au Moyen-Orient en 2024, il devance largement l’Égypte et distance une Afrique du Sud, en perte de vitesse. Le continent a ainsi enregistré une année record, avec 1.981 MW supplémentaires, dont une part substantielle revient au Royaume. D’ici 2030, le GWEC estime que 25 GW d’énergie éolienne pourraient être installés dans la région, dont 17 GW pour le seul continent africain. Le Maroc, en tête de peloton, est appelé à jouer un rôle central dans cette montée en puissance.
Avec pour objectif d’atteindre 52% d’énergies renouvelables dans son mix électrique à l’horizon 2030, le Maroc avance à grands pas. La capacité globale en énergies vertes a déjà franchi la barre des 4.370 MW, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Si l’éolien progresse rapidement, le solaire, lui, plafonne à 934 MW, et l’hydroélectricité à 2.120 MW.
Hormis l’enjeu climatique, l’énergie éolienne s’inscrit dans un modèle de développement intégré : création d’emplois qualifiés, stimulation de la chaîne industrielle, sécurisation de l’approvisionnement et réduction de la dépendance aux énergies fossiles, encore majoritaires avec 58% de parts pour le charbon. Selon les projections du GWEC, «si le Maroc atteint ses objectifs accélérés en matière d'énergie éolienne d'ici 2027, il aura créé une capacité de 174.000 emplois».
Mais à condition de lever certains obstacles réglementaires et infrastructurels évoqués par le Conseil mondial de l’énergie. «En surmontant ces obstacles, le Maroc peut augmenter la capacité éolienne terrestre de 43% sur cinq ans», selon la même source. En plus de l'emploi, la croissance des parcs éoliens pourrait ajouter 3,4 milliards de dollars en valeur totale à l'économie nationale si le Maroc atteint l'objectif accéléré de 2027. Et pour ce faire, le gouvernement devrait faciliter la mise en relation des contrats d’achat d’électricité (PPA), selon le rapport. Qui précise que cela permettra aux développeurs éoliens et aux entreprises privées de se mettre en position favorable, favorisant ainsi une plus grande confiance dans l'industrie éolienne, ce qui renforcera la confiance des investisseurs dans la possibilité de trouver des acheteurs privés d'électricité.
A noter que depuis 2021, les investissements dans le renouvelable sont en nette augmentation. Le gouvernement prévoit d’investir 36 milliards de dirhams pour ajouter 2,6 GW de capacité éolienne entre 2023 et 2027, appuyés par des partenariats internationaux, une volonté politique affirmée et un écosystème industriel en maturation.