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Réformer ou couler

Réformer ou couler

Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib. Photo : Sohaib Zefri


 

Le gouverneur de la Banque centrale a rappelé l’absolue nécessité de mettre en œuvre les réformes de structure pour sortir de la croissance molle qui caractérise l’économie nationale depuis plusieurs années.

Le Maroc n’a plus le droit à l’erreur, dans un environnement mondial de plus en plus incertain.

 

Réformes, Réformes et Réformes ! Le gouverneur de la Banque centrale n’avait que ce mot à la bouche durant la conférence de presse post-Conseil de Bank Al-Maghrib, le dernier de l’année 2018.

Abdellatif Jouahri, la mine grave, n’en démord pas : le salut de l’économie marocaine passera, inévitablement, par les réformes. Et pas n’importe lesquelles ! Il faut des réformes de structure.

Pour le wali, la mère de toutes les réformes est évidemment celle de l’enseignement. Le Maroc n’a plus droit à l’erreur sur ce dossier, alerte Jouahri : «si nous ne réussissons pas la réforme de l’éducation nationale, nous aurons raté le tournant». Pareil pour le ciblage des populations les plus démunies : «si nous ne continuons pas à cibler les populations, avec les filets de sécurité et une redistribution des richesses, nous aurons des difficultés».

Le wali a également insisté sur la réforme de la santé et celle de la justice. «C’est comme cela que l’on pourra avancer et pas autrement», a-t-il martelé, taclant au passage ceux qui se gaussent de l’avancée du Maroc dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, comme s’il s’agissait d’une fin en soi. «Réformer le pays, ce n’est pas uniquement l’environnement des affaires. Ce n’est pas qu’une question de chiffres», souligne-t-il.

Jouahri souscrit par ailleurs, et des deux mains, aux recommandations du Fonds monétaire international suite à la conclusion d’une nouvelle Ligne de précaution et de liquidité. Ces recommandations concernent la consolidation fiscale, ainsi que la poursuite de la réforme de la caisse de compensation et celle des retraites.

«FMI ou pas, nous devons faire ces réformes», tonne le gouverneur de BAM. Le Maroc n’a en réalité pas d’autres choix, ni de baguette magique.

Autrement, notre économie continuera de végéter, avec une croissance molle autour des 4% les années où la pluviométrie est généreuse, et de 2% les années où le ciel se montre moins clément. Ce statu quo économique est intenable sur le long terme, au regard des immenses défis sociaux auxquels doit faire face le Royaume, et des risques extérieurs qui se montrent de plus en plus menaçants.

 


A lire > Maroc/FMI, jamais sans ma LPL 


 

Croissance mollassonne

Une croissance molle, c’est justement ce qui caractérise les projections de l’économie nationale à court et moyen terme. Bank Al-Maghrib a même revu à la baisse ses prévisions de croissance. Celle-ci devrait s’établir à 3,3% en 2018 après 4,1% en 2017. La Banque centrale avait pronostiqué une croissance 2018 à 3,5% lors du Conseil du mois de septembre.

Cette révision à la baisse s’explique principalement par une croissance des activités non agricoles moins vigoureuses que prévu (3,1% en 2018). A moyen terme, la croissance non agricole s’accélérerait à 3,4% en 2019 et à 3,7% en 2020.

«Il y a une reprise, mais elle reste relativement lente», indique le wali, qui ne manque pas de souligner que l’on ne retrouve pas encore les chiffres d’avant-crise de 2008, avec une croissance non agricole qui dépassait régulièrement les 5%. Dans ces conditions, et sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 80 millions de quintaux, la croissance nationale reviendrait à 3,1% en 2019 (prévision inchangée par rapport à celle établie il y a 3 mois), avant d’augmenter à 3,6% en 2020.

La croissance du crédit bancaire demeure également molle, déplore le gouverneur de la Banque centrale. Les prêts au secteur non financier ont ainsi vu leur rythme de progression ralentir à 2,2% à fin octobre, avec une nette décélération des prêts aux entreprises, aussi bien privées que publiques.

La croissance du crédit a été revue à la baisse à 3,5% en 2018 et à 3,3% en 2019, avant de s’accélérer à 4,3% en 2020. Le wali ne cache pas sa déception et tiendra une réunion durant le premier trimestre 2019 avec le GPBM et la CGEM pour analyser les raisons de ce tassement, qui rappelons-le, demeure la principale source de financement de l’investissement.  ■

 


Les incertitudes s’accumulent

Les nuages noirs s’amoncellent au-dessus de l’économie mondiale. Montée du protectionnisme, tensions politiques et géopolitiques, modalités toujours incertaines du Brexit et à accentuation des pressions sur les marchés financiers émergents, sont autant de sources d’incertitudes susceptibles d’affecter l’économie marocaine.

Au plan intérieur, il faudra suivre également avec intérêt l’issue du dialogue social entre gouvernement et syndicat, qui pourrait impacté le déficit budgétaire et, partant, les trajectoires de l’inflation et de la croissance.


 

A. Elkadiri

 

 

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