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Banques participatives : Ces freins au développement de l’activité

Banques participatives : Ces freins au développement de l’activité

 

La problématique du refinancement est toujours posée.

Les dépôts d’investissement comme solution partielle.

 

Par Y. Seddik

 

Après 18 mois d’activité, les banques participatives cherchent à s’émanciper pour atteindre un rythme de croisière. Mais devant elles, se dresse une panoplie de freins enrayant le rythme de progression souhaité.

Pour Youssef Baghdadi, président du Directoire de Bank Assafa, les contraintes d’ordre technique ou réglementaire sont surmontables. Mais le premier frein a trait à la fausse perception du client de la banque participative.

«Les gens pensent que nous sommes une société de financement. Ils ne sollicitent la banque participative que pour demander un prêt. Or, nous sommes d’abord une banque», explique-t-il, précisant que les banques participatives offrent des services au quotidien, tels que proposés par les banques conventionnelles (ouvertures de compte, cartes bancaires, chéquiers, guichets…).

D’ailleurs, c’est un constat partagé par toute la profession. Une fois cette idée de banque au quotidien assimilée par les clients, la croissance de l’activité devrait suivre naturellement. «On aura des clients, donc des dépôts pour financer l’activité», poursuit Baghdadi. L’objectif principal est donc d’éradiquer cette fausse idée sur la banque participative.

Du côté de BTI Bank, les freins se cachent dans «de petits détails». Pour son DG, Mohamed Maaroufi, l’industrie participative pâtit d’un problème de pricing. «Le Maroc est un pays où les prix proposés sont très compétitifs. La banque participative est naissante et petite, et ne peut donc atteindre les économies d’échelle des banques conventionnelles à maturité», explique-t-il.

 

Les dépôts d’investissement : une bouffée d’oxygène ?

Malgré la mise en place de la Wakala Bil Istitmar, le secteur est toujours confronté à la problématique d’assèchement des liquidités, lequel pèse sur la compétitivité des banques. D’autant que la collecte gratuite ne se développe pas rapidement, contrairement aux banques conventionnelles.

Dans un schéma classique, la structure de financement des banques participatives comprend principalement les capitaux propres et les dépôts à vue ou d’investissement. Ceux d’investissement ont récemment reçu l’aval du Conseil supérieur des oulémas (CSO) et peuvent pallier en partie ce problème de liquidité. Ces derniers sont déjà prêts.

Pour Hounaida Boukhari, Directrice générale de Dar Al Amane, «ce type de produit est fortement demandé, car les clients refusaient de déposer sans rémunération». Les derniers Fine Tunings sont déjà entamés pour concertation entre les banques de la place (fiscalité, réglementations…). Mais le lancement dépendra de chaque banque. «Il n’y aura pas un lancement ‘participatif’», ironise-t-elle.

Une fois que les banques ouvriront la possibilité pour les dépôts d’investissement, ils seront utilisés sous forme d’opération clientèle Moudaraba. Et la rémunération dépendra des bénéfices dégagés des projets d’investissement.

En plus de ces dépôts d’investissement, ce sont les Sukuks qui doivent être développés. Les catégories Moucharaka et Mudaraba sont en cours d’élaboration par le ministère des Finances, après le Sukuk Ijara émis l'an dernier. Un premier draft a été transmis au secteur pour étude avant sa soumission au CSO, déclare Ikhlas Mettioui, directeur de la gestion d'épargne à l'AMMC.

Pour résumer, Mohamed Maarouf propose quatre modes de refinancement possibles : les augmentations de capital comme première solution, la Wakala, les comptes d’investissement et les Sukuks.

Parallèlement, pour élargir ces produits à la gestion d’actifs et approfondir l’offre, une refonte législative est en réflexion. Elle permettra de lever les restrictions des règles prudentielles applicables aux OPCVM.

«Les textes de base seront revisités via des projets d’amendements pour lever les restrictions applicables aux OPCVM», indique dans ce sens la responsable auprès de l’AMMC.

Rappelons que lors de la dernière émission souveraine, les OPCVM ont été contraints à considérer le produit comme un actif de titrisation. La loi les oblige à se limiter à 20% de leurs portefeuilles sur ce type d'actifs, ce qui avait impacté leur demande. A travers ces amendements, l’on pourrait voir naître des fonds constitués à 100% de Sukuks. ◆

 


Dépôts à terme Vs dépôts d’investissement

Le dépôt à terme permet de bloquer un montant pour une période déterminée et avec un pourcentage d’intérêt particulier, alors que les dépôts d’investissement permettent d’investir selon différentes formules pendant une certaine période, et la rentabilité se détermine selon les résultats d’investissement. Les rendements sont liés à la rentabilité du projet, ce qui ne peut être identifié au préalable. Les dépôts d’investissement sont limités et restreints si la banque respecte les conditions de placement de fonds reçus, selon les contrats. Ces conditions peuvent se rapporter à des fins d’investissement, au secteur ou à la zone géographique. Les dépôts dits absolus ne sont pas soumis à ces conditions.

 

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