Après quelques années de mise en place, l’industrie des banques participatives devrait passer le seuil de rentabilité cette année.
Par A. Hlimi
Les banques participatives poursuivent leur croissance en terminant 2022 sur un nouveau bond à deux chiffres, malgré les incertitudes qui entourent le paysage financier et économique. Le secteur a dégagé un résultat négatif de -129,3 MDH, après -206,8 MDH en 2021 et -350,9 MDH en 2020. Selon une étude du cabinet Fineopolis & Al Maali, le secteur atteindra en 2023 son seuil de rentabilité, une prévision confirmée par les différents dirigeants du secteur ces derniers mois. Ce seuil atteint, les banques participatives disposeraient d’un nouvel appel d’air pour financer leur développement rapide.
Des bilans de plus en plus importants
Selon le rapport de la direction de la Supervision bancaire, les banques et les fenêtres participatives ont cumulé à fin 2022 un total bilan de 27 Mds de DH, en hausse de 22% par rapport à l’année précédente, reflétant une croissance des financements destinés à la clientèle. La part des financements dans les emplois des établissements bancaires participatifs est restée stable à 87% à fin 2022. Les financements participatifs sont constitués à 83% de financements immobiliers, 11% de financements à l’équipement et 6% de financements à la consommation et de trésorerie.
L’encours total des financements participatifs sous forme de Mourabaha s’est établi à 23,3 Mds de DH, en augmentation de 22% en glissement annuel. L’encours des financements Mourabaha hors marges constatées d’avance est ressorti à 17,3 Mds de DH. Les financements Mourabaha immobiliers se sont situés à 19,5 Mds de DH, en hausse de 19%. Pour leur part, les financements Mourabaha à l’équipement ont augmenté de 58% à 2,5 Mds de DH. Enfin, les financements Mourabaha à la consommation et de trésorerie ressortent à 1,3 milliard de dirhams, en hausse de 8%. Le stock des biens acquis dans le cadre des opérations de Mourabaha est resté quasiment stable à 171 MDH. D’un autre côté, l’encours des financements Salam s’est établi à 104,8 MDH contre 20,6 MDH un an auparavant.
Quelle structure pour les ressources ?
Si les financements sont en surchauffe, ce n’est pas le cas des dépôts que le secteur n’arrive toujours pas à drainer suffisamment. Les dépôts à vue collectés par les banques et fenêtres participatives au cours de l’exercice 2022 se sont établis à 7 Mds de DH, soit +34% par rapport à l’année précédente, ce qui représente 26% du total des ressources. Ces dépôts sont détenus par les particuliers résidents à hauteur de 71,4%, en baisse de 2,5 points par rapport à l’année précédente, au profit des personnes morales dont la part a progressé de 1,8 point à 24,2%. Quant aux MRE, leur part augmente légèrement à 3,4%. Les dépôts d’investissement se sont appréciés de 35% à 2,4 Mds de DH, soit une part dans les ressources de 9%. Ces dépôts sont détenus à hauteur de 60% par les particuliers résidents, 30,1% par les personnes morales et 8,7% par les MRE.
Pour compléter leurs ressources, les établissements bancaires participatifs se refinancent auprès de leur maisonmère par le biais de contrats de Wakala bil Istithmar, de dépôts à vue intragroupe pour les banques participatives et d’avances de liquidité exemptes d’intérêts pour les fenêtres participatives. L’encours de refinancement des banques participatives par Wakala bil Istithmar est passé de 4,3 Mds de DH en 2021 à 5,2 Mds de DH en 2022, représentant environ le quart des ressources. Les refinancements sous forme de dépôts à vue intra-groupe se sont élevés à 361,9 MDH, représentant 1,7% de leurs ressources totales. Les avances reçues par les fenêtres participatives ont augmenté de 35% à 2,6 Mds de DH, soit 43,8% de leurs ressources. Les autres passifs sont principalement constitués des marges constatées d’avance, à 88%. Les fonds propres comptables agrégés des banques et fenêtres participatives, hors résultats nets, sont demeurés stables à 2,1 Mds de DH.