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Banques: malgré la hausse des taux, le crédit ne se tarit pas (encore)

Banques: malgré la hausse des taux, le crédit ne se tarit pas (encore)

Les hausses du taux directeur n’ont pas freiné la dynamique de production des prêts.

Profitant d’une structure de ressources essentiellement gratuites, les banques tardent à répercuter les hausses du taux directeur.

 

Par Y. Seddik

L’inflation s'est invitée durablement dans nos vies depuis la sortie de la crise sanitaire. Elle a aussi poussé les Banques centrales à durcir leurs politiques monétaires pour tenter de la contenir. Depuis septembre dernier, Bank Al-Maghrib a augmenté son taux directeur de 150 pbs, avant d’opter pour un statu quo en juin. Une pause qui permettra à la banque de récolter plus de données fiables sur l’impact de ses décisions sur l’économie réelle. Le crédit bancaire, l’un des deux indicateurs qui permet d’évaluer le degré de la transmission de la politique monétaire vers l’économie réelle, ne ralentit toujours pas malgré les dernières hausses.

À fin mai 2023, la production des prêts bancaires destinés au secteur non financier a progressé de 5,1%. L’encours global des crédits bancaires dépasse la barre des 1.000 milliards de DH, grâce à une bonne orientation sur quasiment tous les segments de prêt. Plus en détail, les crédits à l’investissement continuent de profiter d’un effet de rattrapage, enregistrant ainsi une progression de 5,4% après deux années de baisse.

Cette performance provient principalement de la bonne tenue des crédits à l’équipement des sociétés non financières publiques qui progressent de 5,8%. Cependant, les crédits destinés à la promotion immobilière continuent d’afficher des signes de décélération (-7,4%), traduisant l’atonie que connait le secteur immobilier. Les facilités de trésorerie, dont l’encours se chiffre désormais à 251 milliards de DH, préservent une bonne dynamique avec une hausse de 5,2% en glissement annuel. Quant au financement participatif destiné à l’habitat, sous forme notamment de Mourabaha immobilière, il a poursuivi sa progression et s’est établi à plus de 20 milliards de DH, en hausse de 17,1% par rapport à mai 2022.

Globalement, ces évolutions montrent que les hausses du taux directeur n’ont pas freiné la dynamique de production des prêts, puisque la transmission ne s’est pas faite automatiquement chez les banques de la place. D’ailleurs, le taux moyen débiteur appliqué par la banque aux nouveaux crédits ne s’est apprécié que de 53 pbs à 5,03% au 1er trimestre. Par taille d’entreprise, ils se sont établis à 4,79% pour les grandes entreprises et à 5,48% pour les TPME. Pour ce qui est des taux appliqués aux nouveaux crédits aux ménages, ils ressortent au T1-2023 à 4,36% pour les crédits à l’habitat et à 6,95% pour ceux à la consommation. Le wali de Bank Al-Maghrib avait souligné récemment que «les banques n'ont pas répercuté la hausse et j'ai écrit au GPBM dans ce sens, car le coût moyen des ressources doit tenir compte de leur structure des ressources (référence faite aux ressources gratuites)».

Plus encore, l’enquête de conjoncture de BAM indique que l’accès au financement, au 1er trimestre 2023, a été jugé «normal» par la quasi-totalité des industriels dans toutes les branches, à l’exception du «textile et cuir» où 21% des entreprises le qualifient de «difficile». Par ailleurs, le coût du crédit aurait été en stagnation selon 65% des entreprises et en hausse selon 34% d’entre elles.

Créances en souffrance : 4 milliards de DH en 5 mois !

Les banques marocaines cumulent quelque 93 milliards de dirhams de créances non performantes à fin mai 2023. Ce qui représente 7,3% des encours des créances sur l'économie et 8,9% du crédit bancaire (dont le financement participatif). Ce chiffre ne cesse de gonfler depuis 2021, après une année 2020 où, entre moratoires et crédits garantis, les banquiers ont eu un répit sur le volet des créances en souffrance. Sur les 5 premiers mois de l’année, ces créances en souffrance augmentent de 4,6%.

Ce chiffre monte à 6,3% sur une année glissante, progressant plus vite que le crédit au secteur non financier (+5,1% en glissement annuel et -0,2% d’un mois à l’autre). 2023 fait donc suite à une année 2022 où le sujet était déjà brûlant pour les banques. Ces créances infructueuses avaient bondi de 6,6% et le taux de sinistralité (créances en souffrance rapporté au crédit bancaire) s'est hissé pour atteindre 8,4%. Pour l’année 2023, CDG Capital Insight s’attend à un taux d’impayé aux alentours de 8,2%; quoiqu’en légère amélioration, il demeure à un niveau assez élevé. 

 

 

 

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