Par M. Diao
L’évolution démographique projetée au cours des prochaines années, la pression accrue sur les ressources ainsi que les nouvelles exigences environnementales et sociales commandent l’édification de villes inclusives, vertes et intelligentes.
Dans certains pays développés, la ville inclusive, verte et intelligente est une réalité. Ce qui n’est pas encore le cas dans plusieurs pays du Sud, qui à l’avenir doivent relever le défi de la construction de métropoles plus inclusives, vertes et intelligentes. C’est en cela que le webinaire organisé récemment par l’institut CDG, sous le thème : «La ville de demain sera inclusive, verte et intelligente», revêt une importance particulière. Aujourd’hui, force est de constater que les grandes villes marocaines sont d’ores et déjà confrontées à la pression démographique, avec son lot de conséquences sur les ressources, la mobilité, le foncier ainsi que les inégalités économiques et sociales.
«La ville de demain est un endroit choisi et non subi. Il s’agit d’une métropole connectée qui assure le bien-être de ses habitants», assure Aziza Akhmouch, cheffe de la Division «Villes, politiques urbaines et développement durable» de l'OCDE. L’experte a insisté sur le caractère inclusif des localités de demain. Celles-ci devront par exemple garantir un accès égal aux différents services.
Mohamed Sefiani, maire de Chefchaouen, a mis l’accent sur un ensemble de paramètres cruciaux pour la ville de demain qui, pour des raisons écologiques devra privilégier, entre autres l’économie circulaire, l’approche participative afin d’impliquer le citoyen dans le processus de décision et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel. «Les nouvelles technologies doivent être utilisées dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des citadins», assure l’homme politique. La pertinence de l’analyse de Isam Shahrour, professeur «Génie civil et Smart City» à l’Université de Lille, tient au fait que celui-ci soulève une kyrielle de questions qui se poseront aux villes de demain. Ces interrogations sont relatives, entre autres au vivre ensemble, au travail décent et au respect de l’environnement, de plus en plus fragilisé de nos jours par le réchauffement climatique.
«Aujourd’hui, il y a urgence. Nos villes doivent s’inscrire dans la durabilité. L’un des grands périls induits par le réchauffement climatique est la destruction de la biodiversité, une composante essentielle à la survie de l’homme», avertit l’universitaire, qui a rappelé l’importance de la planification urbaine pour la construction des villes susceptibles de répondre aux défis actuels et futurs.
L’irruption de nouveaux paradigmes
«La crise liée au coronavirus a amplifié les défis auxquels sont confrontées nos villes», constate Aziza Akhmouch. Et d’ajouter : «La crise a montré l’opportunité de passer d’une logique de mobilité à celle de l’accessibilité. Les services devront s’organiser autour des habitants». De l’avis de la cheffe de Division au sein de l’OCDE, la montée en puissance du télétravail doit susciter la réflexion sur la capacité du numérique à réduire la mobilité et diminuer les demandes immobilières de bureaux. Puisqu’avec le télétravail, les employés ne sont pas obligés de se présenter au quotidien sur leur lieu de travail.
Zenata, un cas d’école
La nouvelle ville de Zenata fait figure d’exemple en matière de durabilité au Maroc. «L’approche utilisée pour mettre en place le projet de l’éco-cité est l’éco-conception», a confié Amine El Hajhouj, Directeur général de la Société d'aménagement Zenata. Ce dernier n’a pas manqué de rappeler que la ville destinée à la classe moyenne, a été conçue sur une approche globale et participative. La dimension économique n’a pas été reléguée au second rang puisqu’à ce titre, le défi a été de générer autour de 100.000 emplois pour les 300.000 habitants. Dans l’optique d’être mieux desservie par les moyens de transport, la nouvelle ville a intégré le Plan des déplacements urbains (PDU) de Casablanca.