Semis directs : L’OCP veut vulgariser la technique

Semis directs : L’OCP veut vulgariser la technique

A travers l’initiative Al Moutmir, les équipes du groupe OCP ont accompagné 2.000 exploitants implantés dans 76 communes relevant de 18 provinces.

Le dispositif permet d’importantes économies en matière de travail du sol et les récoltes s’inscrivent en hausse.

Le témoignage des exploitants dans plusieurs régions du Royaume confirme ses avantages.

 

Par C. Jaidani

 

Le Maroc est un pays semi-aride qui dépend des aléas climatiques. C’est ce qui explique la fluctuation des récoltes d’une année à une autre, surtout pour les filières concentrées dans les zones bour. Pour faire face à ce dilemme, il existe plusieurs options, dont notamment l’utilisation de techniques modernes et de semis pouvant résister à la sécheresse et donner de bons rendements.

En tant qu’acteur majeur dans le domaine agricole notamment dans le secteur des engrais, des fertilisants et de l’accompagnement des exploitants, le Groupe OCP a lancé tout un programme pour vulgariser les semis directs, une option qui permet aussi d’encourager la durabilité de l’activité. Cette technique a été introduite au Maroc grâce aux efforts du ministère de l’Agriculture et aux recherches de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). La contribution de l’OCP consiste à accélérer l’adoption de cette pratique. Développé dans le cadre d’une approche participative en partenariat avec des coopé-ratives, des associations, des industriels et des experts du domaine, le dispositif a donné des résultats concluants.

Quels avantages ?

Comme l’explique Lhoucine Zrouri, expert en semis directs à l’INRA de Settat : «Cette technique se définit par une absence totale de travail du sol (ni retournement, ni décompactage, ni préparation de lit de semence). Les caractéristiques physiques du sol favorables au développement des cultures sont obtenues uniquement par l’action du climat et de l’activité biologique du sol (racines, animaux, micro-organismes) et préservées par un couvert permanent». La technique permet dès lors de préserver le sol de l’érosion et assure la rétention de l’humidité en constituant un stock d’eau qui permet un approvisionnement hydrique continu aux plantes. Elle contribue aussi au développement de la vie microbienne des sols et à la promo-tion de mesures d’adaptation de l’agriculture marocaine aux changements climatiques via un développement agricole résilient. 

Cette technique a été conçue aux Etats-Unis pour remédier aux inconvénients de l’agriculture intensive qui impacte la durabilité, appauvrit le sol et lui fait perdre de la matière organique. Elle permet d’entamer la saison précocement en assurant des récoltes rapidement, et de démarrer d’autres cultures. De ce fait, deux moissons sont possibles annuellement.

Les agriculteurs séduits

Les agriculteurs qui ont utilisé des semis directs, notent avec satisfaction l’adoption de cette technique surtout dans les régions où la pluie n’est pas assez abondante.«Cette année, les précipitations au cours des mois de janvier et de février étaient très faibles par rapport à la normale mais nos cultures ont pu supporter ce manque d’eau et poursuivre leur évolution. Les récoltes réalisées atteignent des niveaux exceptionnels, avec une moyenne de 30 quintaux par hectare alors que pour la voie conventionnelle, elles ne dépassent pas les 16 quintaux/ha», nous confie Hicham Daoui, président de l’association El Baraka, pour les semis directs et l’agriculture de conservation dans la région de Khouribga.

Dans la région de Doukkala, les exploitants qui ont choisi la technique de semis directs, ont obtenu des résultats remar-quables.«Nous avons été contactés par les équipes d’Al Moutmir de l’OCP qui nous ont expliqué les bienfaits du semi direct. Ils nous ont fourni toutes les explications nécessaires et nous ont accompagné dans la vulgarisation de ce processus. Au départ, nous étions réticents à son utilisation, mais l’évolution favorable des plantes a dissipé toutes nos craintes.

Au final, l’état végétatif est assez satisfaisant si l’on prend en considération la situation hydrologique, l’une des plus faibles de ces 20 dernières années», affirme Abdelalim Gumir, président de l’association Al Khair, implantée à Oulad Amrane relevant de la préfecture de Sidi Bennour.Il est à rappeler que l’initiative Al Moutmir a conçu et mis en œuvre une offre multiservice basée sur la démarche scientifique pour assurer la durabilité du secteur. Et sur le digital comme levier clé pour démultiplier l’impact et servir un maximum d’agriculteurs à travers le Royaume : le déploiement de la technologie Smart Blender, le programme des plateformes de démonstration, le programme du semis direct et l’application mobile «@tmar» gratuite pour tous.

Il faut dire que les équipes de l’initiative Al Moutmir de l’OCP essaient de vulgariser au mieux la technique de semis directs à travers différentes régions du Royaume. Ils ont lancé à cet égard plusieurs plateformes.Le programme a bénéficié à 2.000 agriculteurs répartis dans 76 communes territoriales au niveau de 18 provinces. La superficie cultivée dépasse les 10.000 hectares. 95% des parcelles sont dédiées aux céréales, le reste est réparti entre les légumineuses à raison de 4% et le textile (colza et lin) 1%.

Le groupe OCP a mis à la disposition des coopératives et des associations agricoles 35 semoirs ainsi que 600 plateformes de démonstration dédiées.«Sans l’accompagnement de l’OCP et son programme de vulgarisation, nous n’aurions jamais pu avoir la possibilité de nous informer et d’adopter les semis directs. Le groupe a mis à la disposition des exploitants de notre région 10 semoirs. Des techniciens du programme Al Moutmir nous ont accompagnés durant toute la phase de l’exploitation», rapporte Rachid Lagziri, agriculteur et président de l’association Rdat, pour l’agriculture durable à Ain Dfali dans la région de Sidi Kacem.«Cette technique est nouvelle au paysage agricole local. Elle nécessite un certain temps avant de s’imposer.

Le rendement à l’hectare est un facteur déterminant pour l’encourager sachant que la différence est en moyenne de 10 quintaux de blé à l’hectare. Au niveau des charges, des économies importantes sont à relever. Au lieu d’utiliser 200 kg de semis par hectare, on utilise seulement 120 kg, ce qui représente 360 DH de gains en matière de coût. Les frais d’emblavement et du travail du sol qui tournent autour de 1.000 DH sont également économisés», ajoute-t-il. A travers l’encouragement et l’intensification des semis directs, l’OCP ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture nationale tournées vers la compétitivité, la durabilité et la maîtrise des charges.

Des atouts confirmés en termes de coûts
Au cours de cette saison où le niveau du cumul pluviométrique national est en baisse de plus de 50%, les récoltes réalisées grâce à cette technique ont permis de stabiliser le rendement par rap-port aux années précédentes. Ainsi, elle permet de réduire le coût du travail du sol de 900 à 1.200 DH/ha, soit plus de 80% du coût global de préparation de lits des semis. Elle assure une baisse des coûts de la semence de 100 à 130 DH/ha, soit un gain de 30 à 35%. Les exploitants notent une amélioration moyenne de 10% dans l’homogénéité du couvert végétal relevé. La technique procure une grande tolérance au stress hydrique aux stades de tallage et montaison avec précocité dans l’épiaison dans les zones Bour défavorables. S’agissant de l’utilisation des ressources hydriques, elle limite la perte d’eau par évaporation et une meilleure utilisation de la réserve en eau du sol.

 

 

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