Pacte de désamour

L'Administration au Maroc : un pacte de désamour - Éditos

Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication


 

«L'objectif qui doit être recherché par toutes les institutions, c’est d’être au service du citoyen. Si elles ne remplissaient pas cette mission, ces institutions seraient inutiles et n’auraient même pas de raison d’être (…). Gérer les affaires des citoyens et faire aboutir leurs démarches est une responsabilité nationale et une charge considérable qui ne souffrent ni laisser-aller ni procrastination». Ces propos, le Souverain les as tenus il y a trois ans de cela, en octobre 2016.

Depuis lors, les relations entre l’Administration et les citoyens ont-ils évolué dans le bon sens ? Pas vraiment. Le gouvernement actuel parie certes sur le rétablissement de la confiance entre ces deux parties, mais relever ce challenge semble bien difficile. Pourtant, il est bien confiant, s’appuyant en cela sur le projet de loi 55-19 sur la simplification des procédures administratives. Projet de loi qui devrait permettre d'instaurer de nouvelles mesures visant à huiler les relations Administration – Citoyens à travers la définition de nouveaux principes. Et ils sont clairement énumérés : la confiance entre les deux parties, la transparence des procédures et formalités, l'établissement de délais pour l'examen des demandes des usagers, la proportionnalité entre l'objet d'une décision administrative et les documents requis à cet effet, en plus du rapprochement de l'Administration de l'usager et la justification des décisions défavorables.

Cela suffira-t-il à dissiper la perception ô combien négative qu’ont les usagers de l’Administration ? Pas sûr. Parce que cette perception est non seulement ancrée dans la conscience collective, mais également elle est appuyée par des données concrètes, telles que dévoilées par le rapport annuel 2018 de l’institution du Médiateur. Car, sur les 9.865 plaintes reçues en 2018, 60% d’entre elles sont d’ordre administratif, suivies des affaires financières et immobilières et des plaintes liées à la non-application des décisions de justice visant les administrations. Un rapport qui dénonce «la position négative» de l’Administration, qui contribue à la perte de confiance et renforce le sentiment d’injustice chez les plaignants, et pointe du doigt la persistance de plusieurs dysfonctionnements qui dégradent la relation entre l’Administration et le citoyen.

Au-delà des bonnes intentions, c’est finalement cette réalité qui compte. Celle qui montre que les citoyens sont passablement désabusés par le fonctionnement de l’Administration, un mammouth bien tracassier qui fait perdurer le pacte de désamour.

 

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