Carte d’identité nationale : IDEMIA introduit l’identité augmentée au Maroc (Entretien)

Carte d’identité nationale : IDEMIA introduit l’identité augmentée au Maroc

Antoine Grenier, vice-président des activités Public Security and Identity pour la région Afrique d’IDEMIA


 

IDEMIA a décroché récemment le contrat de renouvellement de la Carte d’identité nationale au Maroc. 

Caractéristiques de la carte, niveau de sécurité, enjeux de l’authentification au Maroc et en Afrique…, Antoine Grenier, vice-président des activités Public Security and Identity pour la région Afrique d’IDEMIA, nous dit tout ce qu’il faut savoir sur cette CIN pas comme les autres et qui sera très bientôt en circulation. 

 

 

Propos recueillis par K.A

 

Finances News Hebdo : Présentez-nous votre entreprise et ses métiers. 

Antoine Grenier : IDEMIA est une entreprise française, leader mondial de l’identité augmentée. Elle est née en 2017 du rapprochement d'Oberthur Technologies et de Morpho, deux sociétés leaders chacune dans leur domaine, respectivement la sécurité et l’identité. 

Aujourd’hui, IDEMIA ce sont 13.000 personnes dans le monde, 80 nationalités représentées dans nos effectifs, un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d’euros et une présence dans 180 pays. En un mot, notre marché, notre valeur ajoutée, c'est d'offrir aux consommateurs ou aux citoyens un environnement de confiance en garantissant un confort d'utilisation et un haut niveau de sécurité. 

Pour cela, nous utilisons un certain nombre de technologies dans le domaine de l'identité dont la principale est la biométrie. L’identité augmentée est notre slogan. C'est vraiment la garantie qu'à tout moment de notre vie, nous pouvons prouver qui nous sommes et personne d'autre ne peut le faire à votre place. C'est un vrai sujet de société au regard des menaces sur l'usurpation d'identité dans plusieurs domaines. 

 

F.N.H. : A quand remonte votre présence dans le Royaume ? 

A. G. : Nous y sommes implantés depuis 2007. Nous y avons un centre de recherche et développement qui travaille pour l'ensemble de nos projets, pas uniquement les projets marocains, mais également ceux que nous avons dans d'autres pays, en Afrique et dans le reste du monde. Plus de 200 personnes travaillent aujourd’hui dans notre centre à Casablanca et nous continuons à développer notre activité et à élargir nos équipes.

A titre d’information, nous allons probablement passer à 300 personnes d'ici la fin de l'année sur le site de Casablanca. Pour nous, le Maroc est extrêmement important et pas seulement pour les besoins de ses citoyens. Mais aussi pour nos projets à l'international. 

 

F.N.H. : Est-ce votre premier contrat au Maroc ? 

A. G. : Nous avons eu par le passé un partenariat avec une société marocaine, M2M, dans le cadre des permis de conduire et des cartes grises. La concession a commencé en 2007 et s'est terminée le 31 décembre dernier. En même temps, nous mettions en place notre infrastructure au Maroc, cela veut dire que nous avions déjà une activité commerciale au Maroc. 

Nous avons ensuite concouru dans le cadre d'un appel d’offres lancé par les autorités marocaines, pour le compte de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) qui a décidé de renouveler la carte d'identité marocaine, qui a abouti au choix d’IDEMIA et à la présentation au public, fin 2019, de la nouvelle carte d'identité marocaine, qui sera déployée prochainement. 

La carte est définie et développée, et le système de personnalisation est en cours d’installation. Celui de Rabat est déjà opérationnel. Le deuxième système est installé à Marrakech et va être exploitable rapidement. 

 

F.N.H. : Pouvez-vous nous en dire plus sur les particularités techniques du contrat et qu’est-ce qui diffère par rapport aux CIN disponibles actuellement ? 

A. G. : D’un point de vue physique, la nouvelle carte comprend un certain nombre de caractéristiques qui lui permet d'être beaucoup plus solide et durable par rapport à l'ancienne carte. 

Techniquement, c’est une carte fabriquée en polycarbonate. Toujours dans le domaine physique, les cartes vont comporter un certain nombre d'éléments de sécurité qui vont rendre plus difficile toute tentative de falsification par rapport à ce qu'on a pu connaître dans le passé.

C’est une technologie qui est propre à IDEMIA, intitulée Lasink, qui permet d'imprimer des cartes de façon extrêmement sécurisée, avec des caractéristiques qui sont vraiment au plus haut niveau de sécurité. Nous utilisons des effets optiques avec des hologrammes et des encres à effet optique variable. La carte change ainsi de couleur en fonction de son inclinaison. Nous utilisons aussi des éléments tactiles et ces caractéristiques physiques font que cette carte est vraiment au meilleur niveau international en termes de sécurité.

En dix ans, l'industrie a beaucoup progressé et a développé de nouvelles solutions technologiques en matière de sécurité que nous intégrons dans les cartes marocaines. Plus important encore, la puce. Sur la carte d'identité actuelle, elle contient des informations qui sont accessibles seulement par les autorités marocaines.

La nouvelle carte comporte évidemment une puce électronique également sans contact comme l’ancienne mais la nouveauté est que les informations qui y sont contenues, vont être accessibles dans le cadre d'opérations d’authentification en ligne. 

Nous fournissons à la DGSN, en complément de la carte et du système de personnalisation, une plateforme de services qui va lui permettre de proposer aux citoyens des services en ligne. Par exemple, vous voulez changer le code pin de votre carte ? Vous voulez déclarer quelque chose ? Vous pourrez utiliser cette plateforme et votre carte d'identité marocaine pour vous authentifier. La DGSN va proposer les services de cette plateforme de façon à ce que ses services d’authentification puissent être utilisés dans d'autres types d'opérations, y compris dans des opérations commerciales.

C'est d'actualité dans de nombreux pays et le Maroc est en pointe en déployant cette carte d'identité et cette plateforme. C’est un outil des plus modernes qui va permettre de proposer aux citoyens un service qui répond à ce besoin de s’authentifier dans la vie tous les jours.

 

F.N.H. : Quelle place occupent les contraintes de protection des données personnelles dans vos métiers ?

A. G. : Nous avons une réglementation en France parmi les plus exigeantes au monde en termes de protection des données privées et nous y souscrivons. Dans ce contexte réglementaire, nos équipes R&D qui sont pour beaucoup basées en France, connaissent parfaitement les exigences de la réglementation européenne qui a été mise en place il y a deux ans.

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est très clairement inspiré de ce qui a été mis en place en France avec la CNIL. Nous sommes au coeur de ces contraintes et ces réglementations et nos systèmes ont été développés pour y répondre.

Les données sont protégées. C'est ce qu'on appelle une authentification à deux facteurs : Vous devez être propriétaire d'une carte, l'avoir dans les mains et avoir un code secret que vous connaissez pour effectivement accéder aux informations.

Ce type de niveaux de sécurité, c'est typiquement ce qu'on fait dans le domaine des cartes bancaires, des cartes SIM, des documents d'identité et des passeports sécurisés, etc. Et l’un des objectifs, c'est évidemment de faire en sorte que les informations recueillies soient bien protégées et accessibles uniquement aux personnes autorisées.

Le système que nous déployons au Maroc ne fait pas exception et il est entièrement conforme à toutes les règlementations en termes de protection des données. Que ce soit au niveau du document lui-même, ou sur le plan des données du système de personnalisation opéré par la DGSN à Rabat et à Marrakech, il traitera des données des citoyens dans le cadre des opérations de personnalisation des documents.

 

F.N.H. : Quels sont les enjeux de l’identification et de l’authentification en Afrique ?

A. G. : Aujourd’hui, il y a plus d'un milliard de personnes qui n'ont pas les moyens de prouver leur identité, dont la majorité vit en Afrique subsaharienne, soit 400 millions de personnes selon les estimations de l'ONU. 

L'ONU s'est fixée un objectif de faire en sorte que chaque citoyen du monde, en 2030, ait la capacité de prouver son identité. Sans identité, on ne peut pas faire grand-chose. Par exemple, on ne peut se doter d’un système de santé, ni payer, ni passer un examen… On ne se rend pas compte de tout ce qu'une identité permet de faire, que ce soit physiquement ou en ligne. Notre vocation, c'est de répondre à ce besoin et c'est pour nous une mission prioritaire.

 

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