Le recours à des partenariats public-privé (PPP) en Afrique pourrait contribuer à pallier le déficit en infrastructures et accompagner les besoins exponentiels d'une population africaine qui devrait doubler d'ici 2050, a souligné, mardi, Najat Saher, Adjoint au directeur des Entreprises publiques et de la privatisation au ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l'administration (MEFRA).
S'exprimant à l'ouverture de la 12ème Conférence Africa PPP 2020 organisée, en ligne, les 1er et 2 décembre, Mme Saher a estimé que l'Afrique doit inéluctablement renforcer ses infrastructures pour accompagner les besoins de la population africaine, notant que l'usage des PPP pourrait combler les retards et accélérer les investissements.
Les partenariats constituent un accélérateur de l'investissement public à travers la mobilisation des atouts, des capacités d'innovation de financement et de gestion du secteur privé pour répondre aux besoins en développement des infrastructures et de services eu égard à la difficulté de nos gouvernements à faire face à la demande de plus en plus croissante en biens et services exprimée par les citoyens, a-t-elle expliqué.
Toutefois, "il ne faut pas oublier que le succès durable de ces partenariats dépend fortement de la qualité de préparation des projets, de leur rigueur et de la transparence dans l'attribution des contrats", a ajouté Mme Saher.
Dans le contexte actuel marqué par la pandémie de Covid-19, elle a rappelé la mise en place par le Maroc des principaux leviers d'une relance globale qui consiste en la massification des investissements publics afin de réactiver l'économie.
Cependant, "l’investissement public supporté directement par l’Etat ne peut pas aller très loin, d’où la nécessité de faire preuve d'imagination pour pouvoir renforcer ces investissement en s'appuyant sur les mécanismes innovants en matière de financement, notamment les PPP", a-t-elle insisté.
A cet égard, elle a souligné que cette conférence se veut une opportunité pour les pays africains afin de s’enquérir des expériences et approches adoptées par les pays voisins et d'échanger sur les projets d'infrastructure dans le cadre de partenariats qui représentent dans la conjoncture actuelle un "réel levier de croissance".
Pour sa part, le directeur général de la Stratégie et des ressources au ministère de l'Equipement, du transport, de la logistique et de l'eau (METLE), Adil Bahi, a souligné que le développement des PPP constitue un des leviers de la mise en œuvre des politiques publiques, notamment celles se rapportant à la croissance économiques et au développement durable.
Au sujet de l'action du METLE en matière d'infrastructure, le responsable a indiqué que ce département travaille dans le cadre de plusieurs schémas directeurs à l’horizon 2030-2040 qui ont été déclinés en programmes de développement dans les domaines routier, autoroutier, ferroviaire et portuaire traduisant une stratégie volontariste de renforcement et de modernisation de grands réseaux d'infrastructure.
Ces programmes ont érigé le Royaume en un fort maillon dans la chaine des échanges commerciaux mondiaux nord-sud et sud-sud, s'est-il réjoui, ajoutant que le ministère est résolument engagé dans un processus permettant le renforcement des acquis et le développement des partenariats avec le secteur privé.
Dans ce cadre, le ministère, poursuit-il, met l'accent sur 4 axes stratégiques: l'Infrastructure au service de l'émergence économique et de la cohésion sociale, la qualité, sécurité et durabilité et résilience des infrastructures et des services de transport et de la logistique, la multimodalité pour une meilleure efficacité et compétitivité de services de transport et de la logistique et enfin le rayonnement régional et continental dans le secteur des infrastructures de transport et de la logistique.
A travers le dernier axe, le ministère continue à honorer ses engagements avec ses partenaires africains en faveur d'un partenariat capable de donner au continent une réelle opportunité pour amorcer un développement économique et social durable, a-t-il dit.
De son côté, Mike Moukaila Bamidele Salawou, chef de la division infrastructure et partenariat à la Banque africaine de développement, a mis en avant l’intérêt central que la Banque accorde au développement de l'infrastructure en Afrique comme en témoignent ses efforts de promotion et de financement des projets connexes et d'apporter de solutions innovantes.
L'un des grands défis auxquels fait face l’Afrique est le besoin grandissant en matière d'infrastructure, a-t-il relevé, notant que ce gap estimé à un coût financier conséquent requiert une mobilisation accrue.
Pourtant, ce gap peut constituer une opportunité pour conclure des PPP "susceptibles de devenir des instruments majeurs pour redresser ce gap", a-t-il ajouté, déplorant que ce gap coûte annuellement aux pays africains 2% de leur PIB.
Organisé sous l'égide du ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration et du ministère de l'équipement, du transport, de la logistique et de l'eau, cette édition placée sous le thème "Partenariats au sein des projets d'infrastructure publique pour le développement durable et la croissance économique", se focalise sur la présentation des projets bancables en cours, sur le développement de projets actuels et sur la mise en avant d'opportunités.
Rassemblant plus de 200 participants d’une trentaine de pays dans le monde, la conférence Africa PPP se veut un lieu de rencontre clé pour les gouvernements, les services publics, les investisseurs, les développeurs de projets, les conseillers industriels, les IFD et toutes les parties prenantes travaillant dans l'espace PPP à travers l'Afrique.