Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse mardi ses prévisions de croissance pour la zone euro en 2019 et 2020, en raison de la situation de l'Allemagne, très affectée par les tensions commerciales et les déboires de son industrie automobile.
Le FMI table désormais sur une croissance de 1,2% en 2019 puis 1,4% en 2020 dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique. En juillet dernier, lors de ses dernières prévisions, il prévoyait encore une croissance de 1,3% en 2019 et de 1,6% en 2020. Pour l'Allemagne, la correction est encore plus forte: le FMI prévoit désormais 0,5% de croissance en 2019 et 1,2% en 2020, selon l'AFP.
En juillet dernier, il tablait sur une hausse du PIB de 0,7% en 2019 et 1,7% en 2020. La zone euro est, avec les pays émergents, l'une des causes du ralentissement économique mondial, et cette situation pourrait encore se détériorer l'an prochain, selon le FMI. D'autant plus que le divorce du Royaume-Uni avec l'UE, toujours au centre de discussions laborieuses, pèse sur ces perspectives. "Les barrières commerciales et les tensions géopolitiques accrues, y compris les risques liés au Brexit, pourraient perturber davantage les chaînes d'approvisionnement et entraver la confiance, l'investissement et la croissance", a estimé Gita Gopinath, l'économiste en chef du FMI, citée dans le rapport. "Dans la zone euro, le ralentissement de la croissance de la demande extérieure et la réduction des stocks des entreprises (reflet de la faiblesse de la production industrielle) ont limité la croissance depuis mi-2018", constate le FMI.
En Allemagne, le secteur automobile, pilier de l'industrie avec des géants comme BMW, Daimler ou Volkswagen, fait de plus en plus figure de talon d'Achille. Particulièrement vulnérable aux conflits commerciaux, il apparaît également mal préparé pour la révolution électrique, qui nécessite pourtant des investissements massifs. Pour le Royaume-Uni, dont le départ de l'UE est actuellement prévu le 31 octobre, le FMI a très légèrement abaissé sa prévision de croissance pour 2019 à 1,2% (contre 1,3% lors des prévisions de juillet) mais maintenu sa prévision à 1,4% pour 2020.
Selon le FMI, les dépenses publiques supplémentaires envisagées par le gouvernement de Boris Johnson "devraient atténuer le coût du Brexit pour l'économie" britannique. L'incertitude reste néanmoins grande au moment où les négociations entre Bruxelles et Londres pour parvenir à un accord sur une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'UE sont dans leur dernière ligne droite. En zone euro, le FMI a recommandé une fois de plus à l'Allemagne d'investir davantage, étant "donné ses marges de manœuvres budgétaires". En revanche, "dans les pays fortement endettés, notamment la France, l'Italie et l'Espagne, il faudrait progressivement reconstituer des réserves tout en protégeant l'investissement", estime-t-il.