• Le Conseil souhaite mettre la protection des femmes contre la violence parmi les priorités des politiques publiques.
• Le projet de loi 10.16 du code pénal serait une occasion de rectifier les manquements juridiques empêchant les femmes de jouir de leurs droits.
La crise du Coronavirus n’a pas causé de «ravages» que sur le plan économique, mais également sur le plan social. La violence à l’égard des femmes s’est en effet accentuée à travers le monde selon les différentes observations des associations et organismes sociaux internationaux. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et l’ONU Femmes Maghreb se sont penchés sur cette problématique lors d’un webinar organisé le 16 décembre sous le thème :
« Ensemble pour faire de l’élimination des violences à l’égard des filles et des femmes une priorité nationale».
Il s’agissait ainsi à travers ce meeting d’exposer les violences faites aux femmes au Maroc, et de rappeler que c’est un fléau faisant partie des violations des droits humains les plus graves et les plus répandues à travers le monde. «Il faut éliminer et éradiquer la violence contre les filles et les femmes. C’est un objectif complexe mais j’ai la ferme conviction que nous pourrons l’atteindre», a indiqué Ahmed Réda Chami, président du CESE. Et d’ajouter : «C’est une violation flagrante de l'intégrité physique, et qui a tendance à fragiliser la cohésion sociale, la quiétude des familles, sans parler du coût social et moral qui pèsent sur la vie de beaucoup de femmes. Notre objectif est de dégager des solutions concrètes qui doivent renforcer l’aspect juridique et institutionnel afin d’éliminer les violences faites aux filles et aux femmes».
Le président du Conseil est également revenu sur les chiffres des violences féminines publiées par le HCP, rappelant que plus de 8 femmes sur 10, âgées de 15 à 74 ans, ont subi au moins un acte de violence durant leur vie. «La violence psychologique reste la forme de violence la plus répandue avec un taux de prévalence de près de 47,5%, soit 6,4 millions de femmes qui en souffrent. Les efforts fournis jusqu’ici peinent toujours à avoir les effets escomptés, du fait que cette problématique n’est pas vue comme une priorité dans le cadre des politiques publiques», a-t-il déclaré.
Le projet de loi 10.16, un enjeu majeur pour la liberté des femmes
De son côté, Leila Rhiwi, représentante du Bureau multi-pays de l’ONU Femmes pour le Maghreb, est revenue sur les législations internationales mises en place visant à réprimer la violence contre les femmes. Elle s’est par ailleurs arrêtée sur le cadre national établi pour combattre la violence à l’égard des femmes ainsi que les mesures appliquées de manière coordonnée par les gouvernements internationaux et allant dans ce sens. Elle a également rappelé l’effort consenti par l’ONU Femmes Maghreb pour faire face à ce fléau. «Il nous a fallu énormément de temps avec les États membres afin d’instaurer les processus de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Cela a demandé beaucoup d’efforts. Nous avons publié des manuels de Policy publics via plusieurs livres, pour d’abord prévenir des formes de violences, intervenir et protéger les victimes et finalement pour pouvoir sanctionner ces actes-là», a souligné Leila Rhiwi.
Elle a également rappelé l’importance d’établir au Maroc un cadre normatif efficace sur la base de plusieurs dispositions, entre autres à travers l’adoption du projet de loi numéro 10.16, qui relève d’un enjeu majeur et renouvelé en faveur de la liberté des femmes au Maroc. «Ce projet de loi est une occasion pour corriger les manques juridiques et obstacles face aux droits des femmes de vivre une vie sans violence, car le code actuel contient en effet plusieurs articles qui sont préoccupants», a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, Abdelmaksoud Rachdi, membre du CESE, a détaillé quant à lui les différentes mesures et recommandations proposées par le Conseil afin de renforcer la protection des femmes. Il a également rappelé les obstacles face au respect des droits des femmes au Maroc, entre autres la faible prise en charge, l’absence de soutiens financiers, ainsi que d’autres manquements liés à la qualité de service dont l’absence d’enquêtes de la part des autorités pour rendre justice aux femmes.
In fine, il ressort des déclarations des différents intervenants qu’il reste encore du chemin à faire afin de freiner la violence contre les femmes, à travers, entre autres le renforcement de l’arsenal juridique.