Le chef du gouvernement tunisien, Elyes Fakhfakh, a annoncé, mercredi, avoir présenté sa démission au chef de l’Etat, Kaïs Saeid.
Selon un communiqué de la Présidence du gouvernement, M. Fakhfakh “a présenté sa démission au chef de l’Etat afin de lui permettre de trouver une issue à l’actuelle crise” politique dans laquelle pâtit le pays depuis plusieurs semaines.
Cette démission présentée à la suite de la réunion tenue, plus tôt dans la journée entre le président Kaïs Saïed, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi ainsi que le Secrétaire général de l’influente centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a été prise “compte tenu de l’intérêt national et pour épargner au pays plus de difficultés”, a précisé la même source, ajoutant qu’elle intervient dans le cadre du respect des pactes partant de la nécessité de moraliser la vie publique afin d’éviter les conflits des institutions.
Le chef du gouvernement a par ailleurs assuré qu’il continuera à assumer pleinement ses responsabilités, mettant en garde contre quiconque cherche à nuire à la sécurité du pays ou à ses intérêts vitaux. Il a souligné que la loi sera appliquée sans aucune tolérance et sans exception à personne.
Choisi en février pour diriger un gouvernement de coalition, Fakhfakh est sous le coup d’une enquête judiciaire pour conflit d’intérêt, accusé depuis fin juin de ne pas avoir cédé la gestion de ses parts dans une entreprise d’assainissement ayant remporté des marchés publics ces derniers mois.
Selon la présidence, M. Saied a désormais 10 jours pour nommer une personnalité à même de gouverner le pays, qui aura elle-même un mois afin de convaincre la majorité absolue des députés d’approuver son équipe.
Rappelons que Kaïs Saïed avait catégoriquement rejeté, le 13 juillet toute concertation autour de la formation d’un nouveau gouvernement.
Ainsi, le chef de l’Etat tunisien avait rappelé que ces négociations ne pouvaient avoir lieu qu’après la démission d’Elyes Fakhfakh ou un retrait de confiance par les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Fakhfakh avait également annoncé un remaniement ministériel dans les prochains jours où des ministres nahdhaouis seraient limogés.
Ainsi, Elyes Fakhfakh avait réagi aux manœuvres du parti islamiste visant à l’évincer et a accusé Ennahdha d’avoir instrumentalisé l’affaire des soupçons de conflit d’intérêts l’impliquant afin de servir ses propres intérêts politiques.
Une seconde réunion du Conseil de la Choura s’est tenue mardi 14 juillet dans l’après-midi où le parti islamiste a décidé de retirer sa confiance au chef du gouvernement.
Peu avant l’annonce de cette démission, le parti Ennahdha et certains de ses alliés avaient déposé une motion de censure contre le Premier ministre. Elle contient 105 signatures appartenant essentiellement aux députés d’Ennahdha, de Qalb Tounes, de la Coalition Al Karama, d’Al Mostakbal ainsi que de quelques élus indépendants dont l’ex-élu Tahya Tounes et ancien ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mabrouk Korchid.