Sécurité: «La courbe de la délinquance a été ramenée vers le bas»

Sécurité: «La courbe de la délinquance a été ramenée vers le bas»

 

Les services de la préfecture de Casablanca se sont entièrement impliqués dans la dynamique de l’application de l’état d’urgence sanitaire, en parallèle avec leurs missions régaliennes. Plusieurs crimes et délits ont connu des baisses importantes durant les 11 premiers mois de l’année au niveau de la préfecture.

Etat des lieux de la situation sécuritaire à Casablanca, répression de la criminalité, rapports police-citoyens, code de conduite des fonctionnaires de police…, Abdellah El Wardi, préfet de police à la préfecture de Casablanca, se confie à Finances News Hebdo sans langue de bois.

 

 

Finances News Hebdo : Quels bilans faites-vous de la situation dans la région de Casablanca-Settat en termes de délits (crimes, viols, cambriolages, agressions, trafics, infractions au code de la route…) au terme des 11 premiers mois de l’année cours ?

Abdellah El Wardi : Il convient d’abord de préciser que la préfecture de police de Casablanca est une entité sécuritaire distincte de celle de Settat, qui reste une préfecture de police à part entière. Pour les bilans de la situation au niveau de ce commandement pour les onze premiers mois de l’année en cours, ils restent, selon l’analyse des statistiques, positifs en comparaison avec la même période de l’année précédente. Certes, en termes de chiffres et par une lecture linéaire, nous notons une hausse de 8.524 cas, soit un taux de 8,43%, mais cette hausse est intrinsèquement liée à des infractions à la loi de l’urgence sanitaire; en somme sans impact réel sur le sentiment de sécurité. En revanche, les crimes et délits ayant un impact évident sur le sentiment de sécurité ont connu des baisses pour les périodes comparées. On cite à titre d’exemple :

• Les affaires d’atteinte aux biens ont connu une baisse de moins 30,18%;

• Les affaires d’atteinte aux personnes ont enregistré moins 2%;

• Enfin, les infractions économiques et financières ont avoisiné moins 23,08%. Ces baisses ont été aussi consolidées par un taux de répression édifiant, atteignant les 95,26%. Il est noté par ailleurs que les affaires liées aux vols ont connu des baisses, dont les plus importantes sont celles du vol à l’arrachée avec 1.563 cas en moins, les vols à main armée (-1.007 cas), et les vols avec violence (-693 cas).

 

F. N. H. : Avec cette crise sanitaire, les forces de l’ordre sont investies de nouvelles missions, notamment veiller au respect des mesures édictées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. La situation sanitaire et le confinement qui s’en est suivi ont-ils impacté les chiffres de la délinquance dans la région et de quelle manière ?

A. E. W. : Effectivement, cette année était une année exceptionnelle avec la pandémie du coronavirus, laquelle a impacté plusieurs secteurs (social, économique) et a imposé à nos services une implication totale dans la dynamique de l’application de la loi de l’urgence sanitaire, en parallèle avec la mission initiale de la répression de la criminalité. Cette dynamique a imposé, suite aux instructions directoriales, l’adaptation des méthodes de travail en mettant en place des plans d’action répondant aux exigences de la conjoncture. Pour le deuxième volet de votre question, il y a lieu de préciser d’abord que la réflexion concerne la préfecture de police de Casablanca. Ensuite, il est normal que la situation sanitaire et le confinement qui s’en est suivi, impactent les chiffres de la délinquance. En effet, la courbe de la délinquance a été ramenée vers le bas. Les déploiements massifs de forces de l’ordre, l’occupation rationnelle du terrain et les restrictions induites par l’état de l’urgence sanitaire étaient pour beaucoup dans ce volet.

 

F. N. H. : Cette situation sanitaire inédite a-t-elle, par ailleurs, induit pour la DGSN une nouvelle approche dans la gestion et l’exécution des missions régaliennes ?

A. E. W. : En quelque sorte, la nouvelle approche s’impose d’elle-même lorsqu’il s’agit, comme mentionné tout à l’heure, d’adapter les mesures et les méthodes à la conjoncture et apporter du sien dans la lutte que mène notre pays contre la pandémie, en conciliant la mission du respect de la loi de l’urgence sanitaire et la lutte contre la criminalité au niveau des districts composant la préfecture de police de Casablanca.

 

F. N. H. : Partagez-vous l’avis des citoyens quand ils disent qu’il règne globalement un sentiment d’insécurité à Casablanca, au regard notamment des chiffres de la criminalité et de la délinquance ? Comment gommer ce sentiment d’insécurité au sein de la population ?

A. E. W. : Bien sûr que non; le sentiment d’insécurité reste un élément subjectif en relation avec les expériences personnelles (personnes victimes), la médiatisation des faits divers et sporadiques et avec la publication sur les réseaux sociaux de faits anciens ou carrément survenus dans d’autres pays en vue d’appuyer ce sentiment. Les chiffres évoqués plaident en notre faveur. Ils sont aussi en faveur d’une situation sécuritaire maîtrisée, dont les taux restent raisonnables par rapport à une métropole comme Casablanca. Pour gommer ce sentiment, il faudra à mon sens que le citoyen prenne conscience qu’il existe des sources d’information crédibles et que tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux n’est pas véridique. Il existe aussi les médias de masse qui, à leur tour, doivent s’investir davantage dans l’action de sensibilisation.

 

F. N. H. : Par ailleurs, comment qualifiez-vous les relations qui existent actuellement entre la police et les citoyens ?

A. E. W. : Comme connu de par le monde, les relations entre police et citoyens peuvent être bonnes ou mauvaises pour diverses raisons. Parmi les principales raisons, l’on note la manière dont se déroulent les contrôles sur la voie publique et la qualité d’accueil des administrés au niveau des locaux de police. A ce niveau, la Direction générale de la Sureté nationale a mis en place des mécanismes basés sur le principe d’une police citoyenne. Ces chantiers, basés sur la promotion de la proximité, en parfaite symbiose avec l’Etat de droit et la primauté de la loi, ont pu rétablir la confiance entre le corps policier et le citoyen. Il est à noter que des mécanismes sont mis en place au niveau central et au niveau déconcentré en vue de suivre de très près l’action des fonctionnaires de police. Les défaillants parmi eux (auteurs d’actes isolés) sont soumis à des procédures administratives, voire judiciaires le cas échéant. En outre, Monsieur le Directeur général de la Sûreté nationale a mis en place des dispositifs visant à communiquer :

1- Avec les médias, à travers la cellule centrale et les cellules locales de communication;

2- Avec la société civile, par des rencontres directes avec ses représentants, et l’organisation des Journées portes ouvertes pour le grand public.

Ces dernières ont connu un franc succès. En outre, la plateforme de la ligne 19 mise en service au niveau des préfectures de police accentue le volet computationnel et permet aussi de répondre avec la célérité requise à la sollicitation des citoyens, ce qui est un autre élément favorisant le climat de confiance mutuelle. Ainsi, et durant les 11 derniers mois, plusieurs lettres de félicitation louant l’action policière ont été adressées à ce commandement par les acteurs de la société civile, ce qui prouve encore une fois les bonnes relations qui existent entre notre institution et les citoyens.

 

F. N. H. : La DGSN s’est dotée d’un code de conduite du personnel de la Sûreté nationale. Quel a été l’apport de ce code et a-t-il changé la perception qu’ont les citoyens de leur police ?

A. E. W. : Effectivement, la DGSN s’est dotée d’un code de conduite de son personnel visant la moralisation de la vie professionnelle à travers un ensemble de recommandations déterminant les obligations et droits du fonctionnaire de police. Ce code a eu un impact positif sur la relation de l’institution policière et les citoyens; chose qui a été palpable lors de la pandémie du coronavirus lorsque les citoyens rendaient fièrement hommage aux forces de l’ordre déployées à l’occasion.

 

F. N. H. : Estimez-vous les moyens humains et techniques dont vous disposez suffisants pour assurer convenablement vos missions sécuritaires ?

A. E. W. : La DGSN n’a cesse de mettre à la disposition des commandements déconcentrés les moyens nécessaires (humains, matériels et techniques) pour assurer convenablement leurs missions. C’est ainsi que des entités et services ont été créés à l’occasion pour répondre aux nouveaux besoins sécuritaires (BRI, UPI, Bercat, BAG …). Par ailleurs, un matériel sophistiqué et à la pointe de la technologie est aussi mis à contribution, dont les radars nouvelle génération, les caméras portées, les caméras de vidéo protection… L’objectif ultime est de maintenir le corps policier à jour et lui permettre d’avoir les moyens de fonctionner convenablement.

F. N. H. : Dans ce sens, comment justement mettez-vous à profit les nouvelles technologies (caméras de surveillance, radars nouvelle génération…) ? Actuellement, de combien de caméras de surveillance dispose la région et comment sont-elles réparties ?

A. E. W. : Les nouvelles technologies sont utilisées de manière à apporter un surplus à l’action policière, essentiellement dans la lutte contre la criminalité et la régulation de la circulation routière. Ce commandement dispose actuellement de 210 caméras urbaines de vidéo protection réparties sur l’étendue de la préfecture de police, y compris une partie de l’autoroute urbaine. D’autres caméras sont prévues dans un projet d’extension en cours d’exécution.

 

F. N. H. : Enfin, quels sont les mécanismes mis en place par la DGSN et les services du ministère de la Justice pour traiter avec célérité et diligence les différentes affaires ?

A. E. W. : Il convient de souligner, pour ce dernier point, que le code de la procédure pénale établit le cadre de l’action des services de police et du parquet. De ce fait, les enquêtes menées par la police sont sous la supervision du ministère public. Au niveau institutionnel, il est utile de noter les points ci-après :

• La création par la DGSN du mécanisme de l’interlocuteur unique pour interagir d’une manière rapide et efficace avec les requêtes provenant des citoyens, celles émanant du parquet ou du Conseil national des droits de l’homme et des comités régionaux;

• La représentation au niveau du Comité national chargé des femmes victimes de violence;

• La coordination des OPJ chargés des brigades des mineurs avec les juges des mineurs (délinquants, victimes ou ceux dans une situation de précarité);

• La coordination dans le crime cybernétique des OPJ avec les juges chargés de ce genre d’infraction à la loi… 

 

 

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