Remaniement ministériel: pourquoi il faut du sang neuf

Remaniement ministériel: pourquoi il faut du sang neuf

Le renouvellement des instances du PAM et de l’Istiqlal aurait retardé les discussions pour entamer le remaniement. L’Exécutif doit passer à la vitesse supérieure pour mener à bien les méga-chantiers structurants lancés.

 

Par C. Jaidani

Depuis quelque temps, des rumeurs circulent chez la classe politique et dans les médias sur un possible remaniement ministériel, surtout après la présentation par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, de son bilan à mi-mandat. Une telle option n’est pas inscrite dans la Constitution, mais elle est initiée pour apporter une nouvelle impulsion à l’action de l’exécutif. Un remaniement ministériel se fait soit pour des raisons politiques, quand il faut trouver plus d’homogénéité à la coalition au pouvoir, ou quand celle-ci ne dispose pas d’une majorité assez confortable, nécessitant de nouvelles alliances. Il devient aussi nécessaire quand des divergences surviennent dans un cabinet qui regroupe des formations de mouvance politique très disparate. Ce fut le cas avec le gouvernement Benkirane, lorsque le parti de l’Istiqlal avait préféré quitter le navire. Le changement se fait également quand il y a des erreurs de casting qu’il fallait corriger. Mais la question qui se pose actuellement est : pourquoi il faut un remaniement alors que le gouvernement a présenté un bilan de mi-mandat satisfaisant, comme l’a laissé entendre Akhannouch? Pourquoi il faut opter pour le changement alors que ce cabinet est soutenu par une large majorité parlementaire ? «Pratiquement, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance ont connu des remaniements avec comme objectif principal de dynamiser le fonctionnement de l’exécutif. Comme le stipule la Constitution, c’est le Roi qui nomme les ministres sur proposition du chef du gouvernement. Chaque nouveau profil doit donc avoir l’aval du cabinet royal. Au préalable, il faut une large concertation entre les partis formant la majorité pour dessiner l’architecture du nouveau gouvernement et proposer les nouveaux profils avec les portefeuilles à piloter. A ce niveau, les discussions n’ont pas pu être entamées plus tôt du fait que le Parti authenticité et modernité (PAM) a renouvelé ses instances, y compris son équipe dirigeante. L’Istiqlal a, lui aussi, tenu son congrès qui a maintenu Nizar Baraka comme secrétaire général du parti, mais il a reporté l’élection de son comité exécutif. Même au sein du Rassemblement national des indépendants (RNI), il y a des voix qui s’élèvent pour exiger des changements», explique Mohamed Belmir, politogue et professeur universitaire. Il poursuit que «pour l’actuel gouvernement, un remaniement ministériel est plus dicté par des considérations techniques que politiques. Même s’il y a quelques divergences, la coalition au pouvoir présente une certaine entente. En dépit de la satisfaction exprimée par Akhannouch pour le bilan à mi-mandat, le gouvernement a besoin de passer à la vitesse supérieure, particulièrement pour piloter les grands chantiers structurants. Le Maroc devant accueillir la Coupe du monde 2030, il est tenu de mener un large programme au niveau des infrastructures de base. D’autres chantiers à caractère social ont besoin de profils hautement qualifiés». De son côté, l’opposition n’a pas manqué de critiquer le gouvernement. Abdelilah Benkirane, le leader du PJD, a souligné devant des militants du parti que «le gouvernement est composé de technocrates auxquels on a collé des étiquettes politiques. Pour assumer pleinement leurs responsabilités, les ministres doivent être de véritables hommes politiques qui, une fois leur mandat terminé, sont tenus de rendre des comptes». Pour sa part, Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a sévèrement pointé du doigt «l’approche économique limitée du gouvernement qui n’a pas pu faire face à la hausse des prix, réduire le chômage ou renforcer les capacités des entreprises marocaines pour devenir plus résilientes face aux aléas». 

 

 

 

 

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