Nouveau modèle de développement : ce que propose le PPS

Nouveau modèle de développement : ce que propose le PPS

 

Le PPS a dégagé 5 grands axes dans le cadre du nouveau modèle de développement.

Mais il faudra un portage démocratique et politique.

 

Par D.W

 

Au terme de l’Université annuelle du PPS et de plusieurs panels de discussions, il a été élaboré un projet relatif au nouveau modèle de développement.

«Avant cela, nous avions, dans un prélude, estimé que lorsqu’on parle d’un nouveau modèle de développement, il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain», nous confie Nabil Benabdallah, qui précise que «durant les 20 dernières années, beaucoup de choses ont été faites sous la houlette de Sa Majesté et des différents gouvernements qui se sont succédé. Nous avons participé à tout cela et nous en sommes fiers».

En cela, le SG du PPS admet qu’il faut garder ce qui est bon et jeter ce qui ne marche pas, mais également se mettre d’accord sur les grandes lignes d’un projet de développement qui puisse remporter une sorte d’adhésion globale.

Car, avoue-t-il, «il ne s’agit pas de chercher une unanimité, parce qu’il ne peut y avoir unanimité autour d’un modèle de développement». Et ce, au regard notamment de la multiplicité des courants d’opinion (la droite, la gauche, les conservateurs…).

Raison pour laquelle Benabdallah milite pour faire ressortir les grands axes sur lesquels il y a convergence de vue.

Sur cette base, le PPS a dégagé 5 grands axes.

 

Premièrement : Dédier le modèle de développement à la satisfaction des besoins des hommes et femmes du Maroc. «Un modèle de développement n’a pas de sens particulier s’il se limite à élever le niveau PIB, développer les exportations, ou encore améliorer la productivité des entreprises : il faut que chaque Marocain et Marocaine en profite», indique le SG du PPS.

Pour qui il faut qu’il y ait une plus grande justice sociale et spatiale et que l’Homme soit mis au centre de ce développement à travers sa formation, son éducation, une école publique de qualité, un hôpital public de qualité…

 

Deuxièmement : Faire en sorte que l’économie décolle. «Il existe certes différents plans stratégiques, dont le dernier en date est le Plan d’accélération industrielle. Mais ça ne suffit pas. Il y a un problème de convergence entre les différentes stratégies de développement sectorielles et, surtout, une industrialisation qui ne se fait pas», constate Benabdallah.

Selon lui, le Maroc ne décollera que s’il dispose d’une véritable industrie, l’agriculture et le tourisme étant insuffisants pour tirer l’économie. Dans ce cadre, poursuit-il, il faut opérer une véritable inflexion économique, renforcer notre tissu industriel et aussi remettre en cause des accords de libre-échange.

«Je viens de voir avec bonheur Moulay Hafid Elalamy se prononcer dans ce sens, et c’est tant mieux, puisque qu’il s’agit de préserver les intérêts de notre industrie».

Par ailleurs, note-t-il, il faut aussi assurer une concurrence plus transparente dans le monde économique et initier une lutte sérieuse contre la corruption et la rente.

 

Troisièmement : La gouvernance. «Il y a énormément de déperdition dans notre pays, en termes de temps, d’énergie,  de ressources humaines, de mauvaises pratiques (entre autres la corruption)…», fait savoir le SG du PPS. «Nous avons considéré qu’il fallait améliorer cela en revoyant les processus, notamment la régionalisation qui n’est pas mise en œuvre», souligne-t-il, déplorant le fait qu’il y ait «des régions sans prérogatives ni moyens, parce qu’il y a un problème de confiance dans l’élément humain et dans les élus».

Il regrette aussi que la décentralisation et la déconcentration n’aient pas vu le jour, tout comme la réforme de l’Administration, cette dernière continuant à constituer un vrai goulot d’étranglement. «Il y a un effort sérieux à faire en matière d’amélioration de la gouvernance», conclut-il.

 

Quatrièmement : Le PPS a considéré qu’il fallait nécessairement tenir compte de ce que Aziz Belal, grand penseur économique et ancien membre de la Direction du parti, appelait les conditions non économiques du développement.

«Un pays ne se développe pas seulement par son économie, sa démocratie et ses mesures sociales, mais aussi grâce à ses valeurs, sa culture, la mise en œuvre de sa civilisation et d’un projet auquel peut adhérer l’ensemble de la société, notamment en combattant tout ce qui est conservatisme, passéisme, idées reçues et en s’ouvrant sur le monde et sur l’universalité, tout en conservant notre patrimoine. C’est fondamental», rappelle Benabdallah.

 

Cinquièmement : Un portage démocratique et politique. «Il s’agit d’une chose fondamentale qui ne se retrouve dans aucun autre projet proposé, parce qu’il faut un peu d’audace et de courage pour le dire», martèle le SG du PPS. «C’est bien de mettre en œuvre tous ces axes, mais s’il n’y a pas un portage démocratique, s’il n’y a pas de portage politique, les meilleurs experts au monde auxquels vous exposerez le cas marocain pourront certes vous sortir un modèle de développement au bout de quelques jours, en fonction des statistiques à leur disposition, mais ensuite qui va mettre en œuvre ce modèle de développement ?», s’interroge-t-il.

Selon lui, «s’il n’y a pas de force politique libre, audacieuse, souveraine dans ses prises de décisions, s’il n’y a pas un champ politique crédible, capable de mobiliser les citoyens et citoyennes et dont le discours portera, nous n’irons pas loin».

Ce qui signifie que pour réussir un modèle de développement, «il faut un gouvernement fort, ce qui nécessite des partis politiques et des institutions fortes, et donc une démocratie rénovée, renouvelée à tous les niveaux (régionale, provinciale, locale…)», conclut Benabdallah. ◆

 

 

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