«S’il n’y avait pas cette situation exceptionnelle que traverse notre pays, nous aurions lancé une motion de censure».
Sous le thème «Rôle des partis de l’opposition dans le cadre de la crise du Covid-19», la jeunesse du PPS a organisé une conférence interactive qui a accueilli Nabil Benabdellah, Nizar Baraka et Abdellatif Wahbi, respectivement secrétaires généraux du PPS, de l’Istiqlal et du PAM. Plusieurs sujets qui ont défrayé la chronique ces derniers temps ont été débattus, à l’image du projet de loi 22.20 sur les réseaux sociaux, le rôle des banques dans la crise du Covid-19, le déconfinement et les élections de 2021.
Concernant le projet de loi 22.20, les 3 chefs de partis ont vigoureusement dénoncé l'attitude de l’Exécutif. Pour Nizar Baraka, «il n’y a pas que les politiques qui l’ont dénoncé mais toute la société marocaine. Cette loi a montré une certaine résilience face à ce genre de perturbations et à tout ce qui peut impacter la stabilité du pays».
“Vu l’environnement actuel du Maroc avec la crise du Covid-19, la loi 22.20 n’est pas une priorité. On se demande pourquoi on n’a pas accéléré la mise en œuvre du projet de loi sur la corruption qui traîne depuis longtemps et qui est plus important pour la société et l’économie.” Dans le même ordre d’idées, Nabil Benabdellah a souligné que le projet n’a pu être retiré par le gouvernement que sous l’effet de la grande pression exercée par les différents acteurs et les citoyens. “L’Exécutif a manqué d’intelligence et de transparence. Il n’a pas consulté les institutions nationales comme la HACA et le CNP».
En tant que juriste, Wahbi s’est interrogé sur le mobile qui a poussé à «l’élaboration de ce projet de loi alors que différents textes peuvent traiter facilement les fake news comme le Code pénal ou le Code de la presse». Les leaders politiques étaient unanimes pour dire que «ce texte a pour objectif essentiel de protéger des sociétés alors qu’il est aussi important de protéger les citoyens des publicités mensongères».
L’incohérence entre les formations politiques et les règlements de compte ont affaibli l’exécutif, entamant sérieusement le capital confiance que l’Etat a pu capitaliser depuis le début de cette crise. Benadellah et Wahbi ont même évoqué le départ de ce gouvernement. «S’il n’y avait pas cette situation exceptionnelle que traverse notre pays, nous aurions lancé une motion de censure», ont-ils martelé.
Les banques critiquées
S’agissant de la confiance entre les citoyens et l’Etat, Baraka a salué les initiatives courageuses et importantes prises, comme la création du Fonds de solidarité pour la lutte contre le Covid-19 et la fermeture des frontières. Toutefois, il estime que les banques n’ont pas joué leur rôle pour accompagner le gouvernement dans cette crise. Certes, elles ont accepté de différer les échéances de crédit, moyennant des intérêts, mais elles ont requis des entreprises, qui ont sollicité Damane Oxygène, des garanties supplémentaires bien que l’Etat se soit porté garant à hauteur de 90%.
Et d’ajouter que si nous voulons sortir de la crise avec le moins de dégâts possibles, nous devons éviter les erreurs du passé. Concernant l’après Covid-19, les intervenants ont recommandé de redoubler d’effort pour soutenir les personnes impactées et contribuer au redémarrage de la machine économique.
«En temps de crise, il n’y a pas de place pour la politique politicienne. Tout le monde doit contribuer pour réussir la relance. Le pôle public a un rôle important à jouer pour donner une nouvelle impulsion à l’économie. Plus de 1.500 collectivités locales peuvent contribuer à ce niveau. L’Education et la Santé ne doivent plus être considérées comme des dépenses mais plutôt comme des investissements», a lancé Benabdellah.
Pour sa part, Wahbi a indiqué qu’il est important de sauver l’année scolaire et de soutenir les secteurs et les entreprises vulnérables.
Cela permettra de préserver l’emploi et de rattraper le temps d’arrêt dû au confinement.
Par Charaf Jaidani