Entre les discours officiels saturés d'autosatisfaction et les réalités brutes que dévoilent les chiffres, se dessine un tableau complexe de la situation économique et sociale du Maroc.
Le 10 juin, Aziz Akhannouch a de nouveau franchi les portes du Parlement, déterminé à plaider en faveur des actions menées par son gouvernement. Quelques semaines plus tôt, il avait déroulé le bilan de la première moitié de son mandat, mettant en avant une croissance économique en hausse et des investissements étrangers records. Toutefois, derrière ces succès apparents, se cachent des réalités moins reluisantes, notamment en matière de création d'emplois.
Les chiffres révélés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) jettent une lumière crue sur les défis persistants du marché de l'emploi au Maroc. Au niveau national, le taux de chômage a augmenté, passant de 11,8% à 13% en 2023. Entre le premier trimestre de 2023 et celui de 2024, le pays a enregistré une baisse de 80 000 postes. Cette perte se concentre principalement dans les régions rurales, où 159 000 postes ont été perdus, tandis que seuls 78 000 nouveaux emplois ont été créés en milieu urbain. Ces chiffres soulignent les inégalités économiques persistantes et mettent en question l'efficacité des politiques d'emploi actuelles.
Des promesses non tenues
Les promesses du gouvernement de créer un million d'emplois nets sur le quinquennat semblent de plus en plus hors de portée à mi-mandat. Sur ce point, l’opposition n’a pas raté Akhannouch. D’après Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du parti de la Justice et du Développement (PJD), le gouvernement a manqué à ses promesses en ce qui concerne les investissements et l'emploi, malgré des engagements ambitieux. «Dans votre programme, vous avez mentionné un taux de chômage de 8,5%. Le chef du gouvernement lui-même a évoqué la création de 2 millions d'emplois, alors que le programme gouvernemental en promettait un million», a-t-il relevé.
De son côté, Abderrahim Chahid, président du groupe parlementaire de l'Union socialiste des forces populaires, souligne que "sous votre gouvernement, le nombre de demandeurs d'emploi continue d'augmenter année après année. Les chiffres réels reflètent le véritable écho de votre politique économique qui fait de votre gouvernement le moins productif en termes d'opportunités d'emploi nettes, voire le plus créateur de chômage ces dernières années ".
Malgré les efforts du gouvernement pour diversifier l'économie et attirer des investissements étrangers, la croissance économique ne se traduit pas par une augmentation significative des opportunités d'emploi. Conséquemment, la déconnexion entre les discours officiels et les réalités vécues par la population soulève des questions sur l'efficacité des politiques publiques actuelles.
K.A