Une explosion de Cybertruck, des chiffres de vente en baisse, et un PDG toujours plus controversé : 2024 a été une année de remous pour Tesla. La marque, autrefois pionnière incontestée de l’électrique, semble aujourd’hui vaciller sous le poids de ses ambitions démesurées et des polémiques qui entourent Elon Musk.
Une explosion qui résonne au-delà de Las Vegas
Mercredi 1er janvier 2025, à Las Vegas, un événement dramatique est venu renforcer cette impression : un Cybertruck Tesla a explosé devant l’hôtel Trump, blessant plusieurs personnes. L’enquête a révélé que l’auteur de cet acte tragique, un vétéran souffrant de stress post-traumatique, avait utilisé le véhicule comme scène de son suicide. Si l’hypothèse terroriste a vite été écartée, l’incident reste un symbole troublant d’une Amérique en tension. Elon Musk, égal à lui-même, a réagi en louant la robustesse du Cybertruck, arguant que sa conception avait limité l’étendue des dégâts. Une déclaration froide, perçue par certains comme un écart, et qui illustre une fois de plus le fossé entre la communication de Musk et les attentes du public.
Les chiffres d’une réalité qui rattrape Tesla
Pendant que Las Vegas effaçait les traces de l’explosion, les marchés financiers scrutaient les derniers chiffres de livraisons de Tesla. 1,77 million de véhicules livrés en 2024, une performance impressionnante sur le papier, mais marquée par une baisse inédite par rapport à 2023. Plus inquiétant encore, une dépendance écrasante aux Model 3 et Y, qui représentent l’écrasante majorité des ventes. Les autres modèles, tels que le Cybertruck, peinent à s'imposer, limitant la diversité de l’offre. Derrière ces chiffres, une réalité cinglante : Tesla n’est plus seul. BYD, Nio, Xpeng, et d’autres constructeurs émergents chinois envahissent le marché mondial avec une efficacité redoutable. Le secteur européen, traditionnellement lent à réagir, montre aussi des signes de renaissance avec des modèles électriques compétitifs.
Elon Musk : le visionnaire devenu handicap
Musk n’est pas qu’un génie de l’innovation; il est aussi un aimant à controverses. Son soutien financier massif à Donald Trump et ses positions ouvertement clivantes ont fait de lui une figure polarisante. Si son ingéniosité et son audace lui avaient permis de redéfinir l’industrie automobile, elles semblent aujourd’hui devenir un fardeau. Les consommateurs progressistes, traditionnellement fidèles à Tesla, se tournent vers des alternatives, souvent plus en phase avec leurs convictions politiques et écologiques.
Tesla entre en 2025 comme un roi contesté. La stratégie de la marque repose sur des promesses d’avenir : la conduite autonome, des véhicules économiques et des avancées technologiques spectaculaires. Mais ces promesses doivent rapidement se traduire en réalité, sous peine de voir Tesla perdre pied dans un marché où l’innovation est aussi rapide que l’oubli.
Cet épisode soulève une question plus large : à quel point de tels incidents pourraient-ils fragiliser d’autres entreprises technologiques de l’écosystème Musk ? SpaceX, par exemple, repose sur la confiance absolue en ses systèmes de sécurité et en sa capacité à respecter des échéances ambitieuses. Un échec de la même envergure dans ce domaine pourrait entraîner des conséquences catastrophiques, tant pour les investisseurs que pour les partenariats gouvernementaux. Neuralink, quant à elle, est à la merci d’un public vigilant et des régulateurs internationaux à l’affût du moindre incident éthique ou technique.
Ces risques systémiques montrent que le modèle d’innovation rapide et parfois risqué d’Elon Musk, bien qu’à l’origine de ses succès, pourrait être aussi sa plus grande vulnérabilité. La question reste de savoir si Tesla, et son PDG controversé, sauront relever ce challenge avant que le trône ne vacille pour de bon.
Par K.A