Dans l'ère numérique actuelle où les médias sociaux et les plateformes de partage de contenu dominent le paysage médiatique, les Youtubeurs sont devenus des acteurs clés de l'industrie du divertissement en ligne.
Les taxer serait-il un frein pour cette industrie (très) lucrative ?
Par K. A.
Avec des millions d'abonnés et des vidéos vues par un public mondial, ces créateurs de contenu bénéficient d'une influence et d'une notoriété considérables. Derrière cette façade de célébrité en ligne, se cachent des réalités fiscales souvent méconnues. De nombreux pays ont pris conscience de la lucrative nature de l'activité des youtubeurs et ont récemment imposé des réglementations fiscales spécifiques pour générer des revenus provenant de cette nouvelle forme de média.
Aux États-Unis, les créateurs de contenu se voient imposer l’impôt sur le revenu fédéral, en plus de l’impôt sur le revenu spécifique à l’Etat où ils résident. De plus, ils peuvent être soumis à des taxes supplémentaires, telles que les cotisations de sécurité sociale et les contributions à l’assurance-maladie. En France, ils sont soumis à l’IR en fonction des revenus générés et doivent également payer la cotisation foncière des entreprises (CFE). Les partisans de cette mesure fiscale soulignent que ces créateurs de contenu génèrent souvent des revenus substantiels grâce à leurs vidéos populaires et aux partenariats publicitaires. Ils font valoir que l’imposition équitable de ces revenus permettrait de maintenir une justice fiscale entre les différents secteurs économiques.
Au Maroc, plus de 6.800 youtubeurs s’épanouissent dans l’univers digital. Parmi ces talents marocains, certains se sont hissés au sommet de la popularité, attirant ainsi des millions d’abonnés et de vues. Dans cette optique, le gouvernement a récemment fait de nouvelles révélations concernant l’imposition d’une taxe aux propriétaires de chaînes «YouTube». Selon Mustapha Baïtas, Porteparole du gouvernement, «toute activité génératrice de revenus doit être soumise à une contribution fiscale».
D’ailleurs, l’opposition avait présenté l’année dernière un amendement visant à imposer une taxe sur les influenceurs et les créateurs de contenu qui génèrent des revenus sur Internet. Cependant, cet amendement a été temporairement rejeté par les élus de la majorité. En effet, le gouvernement a préféré attendre l’aboutissement de projets de conventions avec les grandes sociétés technologiques telles que Google, YouTube et Facebook, avant de procéder à une modification de la législation.
«En tant que youtubeur, je crois fermement en la transparence et je reconnais l’importance de contribuer à la société en payant mes impôts de manière juste, mais je pense qu’il est crucial que les autorités comprennent la nature de notre activité. La monétisation de mes vidéos demande un travail acharné, de la créativité et de l’investissement dans du matériel de qualité», déclare un youtubeur.
Cette approche soulève des questions complexes sur la manière de déterminer le montant de ces revenus et de les soumettre à une imposition équitable. En effet, la taxation des Youtubeurs n'est pas sans défis. Tout d’abord, il est souvent difficile de déterminer la véritable valeur des revenus générés par ces créateurs de contenu. Ces revenus proviennent de différentes sources, y compris les publicités, les parrainages et les dons des spectateurs. Les évaluations précises de ces revenus sont donc souvent complexes et sujettes à interprétation.
Certains youtubeurs, en outre, sont des travailleurs indépendants qui assurent eux-mêmes la gestion de leurs activités. Cette responsabilité les contraint à prendre en charge toutes leurs obligations fiscales, une tâche souvent complexe, surtout pour ceux qui ne possèdent pas de compétences spécifiques dans le domaine de la fiscalité.
Sur un autre volet, les experts mettent en garde contre les conséquences de la taxation des influenceurs sur la créativité et la liberté d’expression. Ils expriment leurs craintes quant à l’impact des impôts élevés sur la capacité des créateurs à investir dans des équipements et des technologies améliorées, ainsi qu’à explorer de nouvaux idées et concepts. Cette situation pourrait entraîner une stagnation de l’innovation et une perte de diversité dans le contenu proposé.
La question de la taxation des youtubeurs est complexe et nécessite une réflexion approfondie. Alors que les pays cherchent à trouver un équilibre entre la perception de revenus justes et le soutien à l'industrie de la création de contenu en ligne, il est impératif de prendre en compte les défis techniques, les disparités inhérentes aux activités de ces vidéastes et les conséquences potentielles sur l’ensemble du secteur.