Ali Kanane, artiste casablancais et l’un des précurseurs dans le monde des NFT au Maroc, nous parle de son parcours et de l’émergence de cette industrie dans la sphère marocaine.
Propos recueillis par K. A
Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit à devenir un artiste digital ?
Ali Kanane : Depuis mon jeune âge, j'ai adoré le dessin, parfois pour reproduire des choses, ou des phénomènes qui me plaisent, et d'autres fois pour m'évader tout simplement. Avec un esprit pareil, c'est le dessin ou bien la peinture, c'est ça qui m’aide à m’exprimer. C'est un volet qui a pris un chapitre important dans ma vie et du coup, je voulais exister à travers cette expression qui est «l'art». J’ai pris la décision de l'apprendre d'une manière académique, d'être un artiste peintre multidisciplinaire et d'en faire ma profession. Aussi, j'ai fait l'école «Jaber ben Hayan» et c'est là où j'ai eu mon bac en arts plastiques. J'ai eu la chance d'intégrer ce Lycée technique car ensuite, j'ai suivi des cours dans une école de multimédia pour entreprendre à l'école canadienne des jeux vidéo au «Cégep de Matane».
F.N.H. : Quand avez-vous frappé votre premier NFT ?
A. K. : Mon premier NFT date d'il y a un an. En effet, j’étais en pleine discussion avec des amis allemands sur le concept de la blockchain et des NFT… Et c'est là où j'ai posté mon premier jeton non fongible intitulé «Sir Philip Anthony Hopkins». Il s’agit d’une œuvre unique, mise aux enchères sur le réseau Ethereum (ETH) et qui a fait, par la suite, le tour des réseaux sociaux. Vu que je suis quelqu'un d’assez académique, j'ai essayé aussi d'en reproduire 40 imprimés numérotés sur du papier toilette, délivrés avec un certificat d'authenticité. C’était une initiation à tous mes proches, pour qu'ils s’intègrent à ce monde de près ou de loin. Au moins, ils auront quelque chose de physique entre les mains et un QR code qu'ils pourront scanner. De cette façon, ils pourront intégrer ou tout simplement voir qu'est-ce qu'un NFT.
F.N.H. : Quelle plateforme avez-vous choisi et pourquoi ?
A. K. : Pour la plateforme, nous avons opté pour «Rarible» parce que c'est un site assez convivial, facile pour la navigation, pour y accéder et pour faire des achats. Pour ma deuxième collection composée de 11.111 portraits d’anges, nous avons choisi la marketplace Opensea.
F.N.H. : Les NFT sont un sujet spéculatif. Pensezvous qu'ils peuvent être une solution durable pour les artistes, les galeries et les musées ?
A. K. : Alors oui… disons plus ou moins. En effet, c'est la communauté qui donne de l’importance à ces jetons en créant un certain «hype». On ne sait pas comment, ni à quel moment ça va grimper ou bien descendre. Il suffit d’un seul tweet pour faire trembler les investisseurs. Maintenant, avec le «Bear Market» et le «Bull Market», les gens pourront s'intéresser plus à des projets captivants et qui apportent de la valeur ajoutée et pas qu’à des objets de frime, et pourquoi pas du trading. Je pense que dans le futur, cela deviendra plus artistique. Pour moi, c'est une porte qui s'ouvre sur de nouveaux horizons. Une manière qui s'ajoute à ce qu'on avait l'habitude de voir. Une technologie qui apporte des solutions, notamment et à titre d'exemple le smart contract ou bien le copyright, et in fine de la visibilité pour tout le monde. Cependant, je ne suis pas d'avis à émerger dans une digitalisation totale. Bien au contraire, je pense qu’on pourra admirablement vivre dans les deux mondes et profiter des avantages de chacun d’eux. On peut exister dans le digital comme dans le monde physique, et la galerie ne va jamais perdre sa valeur. Mais bien évidemment, il peut exister de manière virtuelle aussi.
F.N.H. : Selon vous, estce qu’il y a une prise de conscience des NFT chez les Marocains ?
A. K. : Actuellement oui. Au début, ce phénomène n'intéressait pas beaucoup de monde. C'était juste le truc à avoir, même si on n’ignorait de quoi il s’agit exactement. Tout le monde se demandait c’est quoi ? Un nouveau concept ? Une photo JPEG qui vaut un tel montant. Au départ, les gens s’étaient juste focalisés sur l'aspect financier. Mais à mon sens, il y a un territoire et un potentiel d'expression énorme derrière cette représentation numérique. Par exemple, un jeune artiste talentueux qui vit dans un petit village éloigné, peut attirer l'attention d'une grande star ou d'un «Big-fish». Et cela rien que par le biais de la blockchain, via une des plateformes les plus connues, et sans pour autant avoir un réseau ou se faire passer par un frottemanche pour avoir une certaine opportunité.