Facebook a fait face à de fortes critiques de la part des législateurs et des utilisateurs concernant «Instagram Kids».
De récentes révélations montrent que le réseau au logo bleu sait, dans les moindres détails, à quel point son application Instagram est néfaste et nuit à la santé des moins de 18 ans.
Par K. A.
La firme Zuckerberg semble être sur le fil du rasoir, sur fond de scandales successifs. Un an après l’enquête de Mediapart et de l’organisation Algorithm Watch sur la perversité des algorithmes d’Instagram, un récent rapport explosif du Wall Street Journal (WSJ) oblige Facebook à mettre en pause son projet baptisé pour le moment «Instagram kids». Pour cause, une série d’articles publiés par le quotidien américain, levant le voile sur le caractère nocif du réseau social : «32% des jeunes filles ont déclaré qu’Instagram les faisait se sentir encore plus mal dans leur peau». Un chiffre effrayant, mais qui n’a rien de nouveau. Un document avait fuité en interne en 2019, expliquant qu’Instagram donnait «une image négative d’elle-même à une jeune fille sur trois».
Les garçons sont également touchés, avec 14% déclarant qu'Instagram les faisait se sentir plus mal dans leur peau. Le plus alarmant encore, un petit pourcentage d'utilisateurs adolescents britanniques et américains d'Instagram ont déclaré avoir commencé à avoir des pensées suicidaires à cause du service. L'une des plus grandes révélations du WSJ : Facebook sait qu'Instagram présente de graves dangers pour la santé mentale des adolescentes.
Difficile retour en arrière !
Toujours convaincu de l’intérêt de cette version pour les moins de 13 ans, Adam Mosseri, patron d'Instagram, ne lâche pas l’affaire. «Notre intention n'est pas que cette version soit la même qu'Instagram aujourd'hui. Il n'a jamais été destiné aux plus jeunes, mais aux préadolescents (âgés de 10 à 12 ans). Il nécessitera une autorisation parentale pour s'inscrire, il n'y aura pas d'annonces, et il aura un contenu et des fonctionnalités adaptés à l'âge. Les parents peuvent superviser le temps que leurs enfants passent sur l'application et déterminer qui peut leur envoyer des messages, qui peut les suivre et qui ils peuvent suivre».
Les jeunes utilisateurs sont la clé du succès d’Instagram, puisque plus de 40% des utilisateurs ont 22 ans et moins, selon les documents consultés par le Journal. Et de poursuivre que «nous ne sommes pas la seule entreprise à le penser. Nos pairs ont reconnu ces problèmes et ont construit des expériences pour les enfants. YouTube et TikTok ont des versions de leur application pour les moins de 13 ans».
De nouvelles fonctionnalités pour protéger la santé mentale des ados
Dans le même sillage, Facebook a annoncé, le dimanche 10 octobre, que de nouvelles mesures allaient être prises pour garantir la protection de la santé mentale de ses plus jeunes utilisateurs. Ces annonces font suite aux révélations médiatisées de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Cette ancienne ingénieure de Facebook fait polémique depuis pas mal de temps, suite aux révélations relatives au caractère addictif et dangereux d’Instagram pour les adolescents, en particulier les filles.