Entrepreneuriat & Venturing : «L'Afrique a la capacité de se positionner sur la technologie avancée»

Entrepreneuriat & Venturing : «L'Afrique a la capacité de se positionner sur la technologie avancée»

La DeepTech annonce une nouvelle ère de progrès technologique, apportant des changements révolutionnaires dans divers domaines. Le Maroc n’est pas resté en marge de cette tendance. Yassine Laghzioui, CEO de l’Université Mohammed VI Polytechnique Ventures, présente l’écosystème autour de la DeepTech au sein de cette institution.

 

Par D.M

Finances News Hebdo : Pourquoi l’Université Mohammed VI Polytechnique a-t-elle décidé de se pencher sur la DeepTech qui, à ce jour, est un domaine très complexe et parfois difficilement accessible en Afrique ?

Yassine Laghzioui : L'UM6P est une université qui a été construite selon un modèle d'affaires reposant sur trois piliers. Le premier pilier est la recherche et développement, le deuxième est l'excellence dans l'éducation et le troisième est l'entrepreneuriat et le venture capital. Notre modèle d'affaires repose sur la conviction que la technologie et la recherche appliquée peuvent se traduire en véritables business qui répondent aux besoins du marché. Notre approche est hautement pragmatique, axée sur le développement de solutions basées sur une ingénierie avancée et une recherche appliquée, visant à créer des produits difficiles à imiter. L'UM6P se positionne sur deux grandes thématiques : les sciences et les technologies de rupture, qui représentent une valorisation des recherches menées au sein de nos laboratoires. Il s'agit simplement d'un positionnement naturel pour l'UM6P, et nous y croyons fermement. Malgré l'opinion répandue selon laquelle l'Afrique ne devrait pas se positionner dans ce secteur, nous avons démontré en moins de dix ans d'existence qu'il est tout à fait possible de développer des technologies de pointe au sein de nos laboratoires, et d'accompagner les start-ups souhaitant les concrétiser sur le campus de l'UM6P. Notre succès dans ce domaine encourage l'Afrique à jouer un rôle majeur dans cette nouvelle ère de l'innovation.

 

F.N.H. : A qui s’adresse principalement l’écosystème DeepTech de l’UM6P ? Y a-t-il des spécificités dans le choix des acteurs de ce domaine ?

Y. L. : L'UM6P a adopté une approche basée sur la conviction que tout écosystème d'innovation doit être ouvert. Nous devons collaborer avec l'ensemble des acteurs et coconstruire des programmes de recherche et d'innovation. Ainsi, l'UM6P est une plateforme d'innovation ouverte à tous. Nous accueillons des chercheurs impliqués dans plus de 200 projets de recherche, ayant abouti à plus de 230 brevets. Nous sommes ouverts aux étudiants marocains et du reste du continent africain, ainsi qu'aux étudiants du monde entier. Cette ouverture et cette diversité ont permis à l'UM6P de réaliser en sept ans ce que d'autres universités n'ont pas accompli en plusieurs décennies. Nous avons établi des partenariats avec des centres de recherche de renommée mondiale dans le domaine de la R&D, et avec des accélérateurs, incubateurs et fonds d'investissement locaux et internationaux dans l'entrepreneuriat. Cette approche collaborative nous permet justement de ne pas commencer «From scratch», mais de commencer avec du «Track record» qui est copartagé avec nos partenaires. En résumé, l'UM6P est ouverte à tous ceux qui croient en la capacité de l'Afrique à être à la pointe de la technologie mondiale.

 

F.N.H. : Existe-t-il une politique de communication permettant à l'étudiant marocain et étranger, ainsi qu’aux chercheurs et investisseurs d’être au courant de tout cet écosystème et des moyens que l'UM6P met à disposition afin qu'ils adhèrent à cette ambitieuse vision ?

Y. L. : C’est une très bonne question. La communication est en effet essentielle. Comme on dit en anglais, «we need to push the world». Nous devons convaincre et communiquer un message fort : «L'Afrique a la capacité de se positionner sur la technologie avancée. L'Afrique a le droit d'imaginer son avenir. L'Afrique a le droit de développer des innovations de rupture en Afrique, pour l'Afrique et pour le monde entier». Nous devons répéter ce message inlassablement. Le DeepTech Summit que nous organisons actuellement vise précisément à communiquer et à établir des collaborations internationales. De plus, UM6P Ventures lancera prochainement un roadshow en France, aux ÉtatsUnis et peut-être dans d'autres pays, afin d'expliquer son rôle en tant que firme de capitalrisque dédiée à la DeepTech. Nous cherchons à encourager les membres de la diaspora africaine à s'associer à nous pour créer leurs propres entreprises et startups, en bénéficiant du soutien et des ressources que nous offrons en termes d'infrastructures, d'expertise et de réseaux d'investisseurs.

 

F.N.H. : Y a-t-il à ce jour des startups marocaines ayant des success stories dans le domaine de la DeepTech ? Si oui, pouvez-vous nous en citer quelques-unes ainsi que les solutions qu’elles apportent ?

Y. L. : Nous sommes fiers d'avoir pu accompagner plusieurs startups qui, aujourd'hui, sont en train de lever des fonds au Maroc ou à l’international. Elles abordent des problématiques cruciales pour l'Afrique. Par exemple, Atarec développe un système permettant de convertir l'énergie des houles en électricité, avec des visées internationales. Deepecho utilise l'intelligence artificielle pour aider les médecins à détecter les anomalies fœtales, une avancée technologique qui a été publiée dans la revue Nature. La startup a levé des fonds pour son expansion. Deepleaf, quant à elle, est spécialisée dans l'Agritech et utilise l'intelligence artificielle pour détecter les anomalies dans les champs agricoles. Ces startups sont dynamiques et prometteuses, contribuant à résoudre des défis majeurs pour l'Afrique et le monde entier. 

 

 

 

 

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