Bourse & Finances

Tous les articles

Sukuk : Au-delà des convictions

Sukuk : Au-delà des convictions

 

Les grands comptes au Maroc regardent de près les potentialités du financement en Sukuk.

Les pièges à éviter.

 

Par A. Hlimi

 

L’industrie mondiale des Sukuk est en pleine ébullition: des opérations souveraines au Moyen-Orient, région du monde pourtant habituée à ces produits, ont été jugées non conformes dernièrement, jetant un coup de froid sur le potentiel d'innovation en la matière, alors que de grands gestionnaires d'actifs, en Europe notamment, ont annoncé qu'ils n'allaient plus s'intéresser à ce type d'instruments, les jugeant trop complexes. Des signaux de maturité, de plafonnement même, diront les plus sceptiques. Et alors que la poussière retombe à peine, voilà que l'Afrique se réveille et voit dans cet instrument un outil pour financer ses infrastructures.

Nouvel entrant trop optimiste ? A y regarder de plus près, les professionnels estiment que des émissions récentes en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Maroc ont au contraire démontré qu'il est possible de faire différemment. C'est dans ce contexte que s'est tenu le premier sommet Sukuk Africa à Casablanca, réunissant des experts métier de toutes les régions du monde.

 

Le rôle de la titrisation

L'opération inaugurale du Sukuk souverain au Maroc, de type Ijara et pour un montant de 1 Md de DH, est une opération singulière dans le monde de part sa structure.

«Le Maroc a su utiliser des mécanismes de titrisation, habituellement utilisés dans de la dette classique, pour structurer son Sukuk souverain», se félicite l'avocat d'affaires Hubert Vauplane, de Kramer Levin's. Pour lui, les autres pays de la région doivent s'inspirer de ce modèle qui règle plusieurs problématiques juridiques et «chariatiques», jugées comme premiers facteurs bloquant le développement de ce type de produits.

Mais pour réaliser cette opération de titrisation «conforme», il a fallu ouvrir un chantier réglementaire de près de 2 ans entre le ministère des Finances, le Conseil supérieur des ouléma et l'arrangeur de l'opération, Maghreb Titrisation. Et comme aime à le rappeler sa Directrice générale, Houda Chafil, maintenant que la première émission a été réalisée, d'autres compartiments du fonds peuvent être lancés plus facilement... à condition d'avoir le même format Ijara.

 

«La demande est là»

L'industrie participative au Maroc a la tête dans le guidon. Les banques de cet écosystème en devenir sont occupées quotidiennement à accroître leurs parts de marché et, surtout, à trouver les moyens de financer leurs ambitions. Structurer des Sukuk pour leur besoin ou celui de leur clientèle n'est pas vraiment une priorité pour le moment.

Mais dans le lot, une banque se démarque par son positionnement original, plus tourné corporate. Ceux qui suivent ses interventions, se sont habitués au discours de Fouad Al Harraze, DG d'Al Akhdar Bank, qui laisse de côté la Mourabaha immobilière, ou le potentiel des produits Ijara auto pour les particuliers, pour se focaliser sur le financement des professionnels.

En marge du Sukuk Africa, il nous confie qu'au-delà de ces marchés naturels, sa banque veut se positionner comme accompagnateur des entreprises.

«Cela va de l'artisan au grand compte. On veut les accompagner à travers une pédagogie et un service bancaire adaptés. La finance participative sert aussi à cela», dit-il. Al Akhdar Bank a même mené des Roadshow auprès d'entreprises pour tester leur appétence à ce type de financements.

«La demande est là. Mais beaucoup de clients temporisent en attendant les évolutions réglementaires. Nos clients veulent émettre des Sukuk, mais pas forcément sous forme Ijara», explique-t-il lors d'un panel sur  le potentiel du marché.

Al Akhdar Bank, qui a été désigné pour accompagner la première opération de Sukuk en tant qu’établissement dépositaire, compte sur son actionnariat pour améliorer sa courbe d'apprentissage. Cette filiale du Groupe Crédit Agricole du Maroc et de la Société Islamique pour le Développement du secteur privé (ICD) veut faire profiter la clientèle entreprise de l'expérience de ICD dans le développement de ce type de produits et y attirer la finance conventionnelle drivée exclusivement par des impératifs de rentabilité. C'est le franchissement de ce cap qui fera ressortir le vrai apport du financement en Sukuk, l'opération souveraine du Maroc répondant pour le moment plus à un besoin technique de marché qu'à une réelle demande de financement de la part de l'Etat. ◆

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Mardi 06 Decembre 2022

Finance participative - Daama Tamwil sensibilise les réseaux bancaires nationaux

Jeudi 24 Novembre 2022

Finance participative: Daama Tamwil démarre sa tournée régionale

Vendredi 01 Juillet 2022

Finance participative: zoom sur les contrats d’assurance Takaful

Mardi 31 Aout 2021

Finance participative: Le cadre réglementaire s’étoffe

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux