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Finance islamique : le Maroc à la traîne sur l’échiquier mondial

Finance islamique : le Maroc à la traîne sur l’échiquier mondial

Malgré une hausse rapide, les encours de la finance participative demeurent faibles et le taux de pénétration reste en deçà des attentes.

 

Par A. Hlimi

L'année 2023 s'est inscrite comme un tournant pour la finance islamique, avec des actifs frôlant la barre impressionnante des 5.000 milliards de dollars. Selon l’Islamic Finance Development Indicator (IFDI) et les données récentes compilées par London Stock Exchange Group (LSEG), le secteur a connu une croissance à deux chiffres de 11%, atteignant ainsi 4,9 mille milliards de dollars.

Les plus grands marchés -l’Arabie saoudite et la Malaisie- continuent de dominer la scène internationale, tandis que la banque islamique a progressé de 12% pour totaliser 3,6 mille milliards de dollars d’actifs.

Au-delà des chiffres globaux, le secteur se diversifie. Le marché des Sukuk a affiché une croissance notable de 9%, avec un montant en circulation atteignant 863 milliards de dollars et plus de 200 milliards de dollars d’émissions en 2023. La fintech islamique, quant à elle, innove en digitalisant notamment les Sukuk et en établissant de nouveaux standards d’innovation. Même le Takaful, malgré une progression modeste de 1% pour atteindre 86 milliards de dollars à l’échelle mondiale, joue un rôle essentiel en se confrontant à des défis structurels tels que la concurrence de l’assurance conventionnelle, un nombre limité d’options conformes à la charia et les pressions liées au resserrement monétaire.

Au Maroc, la taille du marché reste embryonnaire, notamment sur le Takaful. En 2023, le Royaume comptait quatre compagnies de Takaful ainsi qu’une compagnie de retakaful, depuis l’apparition du premier opérateur de Takaful en 2022, visant à compléter l’écosystème de la finance participative national. Pourtant, le volume des contributions au Takaful s’élevait à seulement 65,8 millions de DH (environ 6,58 millions de dollars US) – soit 0,12% du secteur de l’assurance du pays –, selon la Fédération marocaine de l’assurance.

La croissance est certes rapide, mais les encours demeurent faibles. Cette situation contraste fortement avec la dynamique observée dans d’autres régions. Par exemple, certains marchés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient affichent des stratégies de fusion et de consolidation qui permettent aux opérateurs de Takaful d’atteindre une plus grande échelle et de réduire leurs coûts.

Alors que des pays comme le Pakistan positionnent le Takaful comme un pilier stratégique – avec des actifs atteignant 645 millions de dollars US –, «le Maroc peine à diversifier son offre de produits. La majorité des produits proposés se cantonne au Takaful individuel et familial, principalement axés sur la couverture décès et incendie, et n’arrive pas à rivaliser avec la diversité des offres du secteur de l’assurance conventionnelle», relèvent les experts de LSEG. Les obstacles rencontrés par le secteur du Takaful marocain illustrent bien la difficulté d’émerger sur l’échiquier international de la finance islamique.

Malgré une croissance impressionnante de 558% entre 2022 et 2023, l’offre de produits reste peu diversifiée. Cette situation freine la compétitivité du marché marocain face à des économies plus matures, qui bénéficient d’une large palette de produits et d’investissements conformes à la charia. Pour espérer rattraper son retard, le Maroc devra non seulement élargir son offre en matière de Takaful, mais également développer des solutions innovantes adaptées aux besoins de la population.

La digitalisation, déjà amorcée dans d’autres pays comme la Malaisie ou les Émirats arabes unis, pourrait constituer une voie d’avenir pour moderniser et dynamiser le secteur. Le défi de la taille est aussi important  : bien que totalement inenvisageable par les opérateurs marocains, cela permettrait de passer un cap. 

 

 

 

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