L’adaptation du modèle d'activité des banques marocaines face aux risques environnementaux en est à ses balbutiements.
Par M. Diao
Il est sans conteste que le système bancaire européen est souvent cité comme un exemple édifiant. Dans le contexte actuel, en proie au réchauffement prononcé de la planète, les risques climatiques constituent un enjeu de premier ordre pour les établissements bancaires du Vieux continent.
Pour preuve, rien qu’en novembre 2021, la Banque centrale européenne (BCE) a exhorté les grandes banques de la zone Euro à adapter d’urgence leur modèle d'activité face aux risques environnementaux. Et ce, après avoir constaté d’importants retards en la matière. D’ailleurs, si plusieurs banques européennes se sont engagées à délaisser les ressources fossiles ou à stopper les financements du charbon, leur portefeuille reste très carboné.
Ce parallèle avec le Vieux continent prouve que même dans des contrées développées, la finance verte a encore une marge de progression. Pour le Maroc, faudrait-il rappeler qu’au terme de près de deux ans de travail, Bank Al-Maghrib (BAM) a publié en mars 2021 une directive relative au dispositif de gestion des risques financiers liés au changement climatique et à l’environnement à destination des établissements de crédit et organismes assimilés. Les établissements concernés doivent mettre en œuvre progressivement la directive précitée. Celle-ci stipule en substance dans son article 6 la désignation par l’organe d’administration d’une personne en charge des questions climatiques dans les instances de gouvernance.
Le document de la Banque centrale mentionne également que les établissements prennent en considération les enjeux climatiques dans le cadre de leur politique de refinancement, de placement et d’investissement et dans la conduite opérationnelle de leurs activités. Pour ce chantier relativement nouveau pour le secteur bancaire, l’une des principales contraintes a trait à la complexité d’appréhender et de mesurer les risques climatiques. Au final, force est d’admettre qu’il faudra du temps et un fort engagement de la part des établissements bancaires pour faire de la finance verte un véritable levier de transformation économique