Le Wali de Bank Al-Maghrib a exposé mardi les raisons qui ont poussé le Conseil à maintenir le taux directeur inchangé.
Ces mêmes facteurs devraient encore perdurer cette année, laissant entrevoir une poursuite de la politique accommodante de BAM pour le reste de 2022.
Par A. H
Une inflation importée, des hausses du SMIG intégrées dans les prévisions et une inflation qui devrait retrouver ses niveaux normatifs dès l'année prochaine. Voici en substance ce qui a pesé sur la balance pour maintenir le taux directeur inchangé en juin.
«Ayant déjà intégré dans ses prévisions l’impact des décisions prises dans le cadre de l’accord social du 30 avril 2022, étant donné la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe ainsi que le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023 et pour continuer à soutenir l’activité économique..., la Banque centrale a maintenu le taux directeur inchangé», a dit Abdellatif Jouahri. Les éléments de langage utilisés par le wali de Bank Al-Maghrib montrent un ton plutôt Dovish si l'on devait faire une analogie avec les discours des autres banquiers centraux.
Inflation importée
A y regarder de plus près, ces éléments ne sont pas prêts d'évoluer cette année. Particulièrement le caractère externe de l'inflation. Ce caractère importé de l'inflation n'est pas du tout un détail dans le processus de prise de décision du Conseil. «L'inflation est nourrie par des facteurs externes, comme le reflète l'accélération sensible de l'inflation de biens échangeables», a indiqué le Wali, précisant que l'inflation des bien non échangeables, impactée essentiellement par des facteurs internes, continue d'évoluer à un niveau contenu et ne demande pas d'intervention.
Selon les projections de Bank Al-Maghrib, l'inflation devrait ressortir à 5,3% sur l'ensemble de cette année (contre une prévision de 4,5% en mars) avant de revenir à 2,5% en 2023, lui conférant, en plus du caractère extérieur, une dimension transitoire (terme non utilisé par le Wali). Quant au décalage entre le taux central et celui des autres Banques centrales, qui risque de peser sur le taux et les réserves de change, le Wali s'est là aussi montré rassurant, indiquant que les réserves de change sont suffisantes, particulièrement dans un contexte favorable des transferts.
Ainsi, les réserves extérieures seraient de 342,5 Mds de DH à fin 2022, contre 346 Mds l'an dernier. L'épargne longue sous pression On notera tout de même que le revers de la médaille reste la rémunération de l'épargne qui affiche des rendements négatifs une fois corrigés de l'inflation.
Sur ce volet, Abdellatif Jouahri a indiqué que si cette situation (rendements négatifs) devenait structurelle, elle serait prise en compte dans les décisions de la Banque centrale. Selon lui, le risque est que cette épargne sorte du circuit régulé. «Nous regardons cet indicateur et il faudra faire attention si cela devient durable», note-t-il. Notons enfin que la Banque centrale a très légèrement revu à la hausse ses prévisions de croissance de 0,7% à 1%, en grande partie suite aux précipitations du mois de mars.