C'est un phénomène peu habituel qui se produit à la Bourse de Casablanca. Alors que le mois de mai est souvent annonciateur d'un repli du marché et d'une baisse des volumes, les dernières séances montrent au contraire que les investisseurs se renforcent. Certains analystes sont confiants et les explications sont multiples. Tour d'horizon.
A la clôture de la journée du 26 avril, l'indice Masi de toutes les valeurs cotées a gagné 7,42% depuis le début de l'année. Il a terminé la séance à 9.587 points, très proche de son plus haut annuel autour de 9.600 points, volumes à l'appui. Depuis le premier janvier, 14 secteurs sont en hausse, contre 7 seulement en baisse. La balance tend nettement vers le vert, tirée par des thématiques comme l'immobilier (+58% depuis le début de l'année), les télécoms (+15,54%) ou encore le BTP (+11%). Parmi les secteurs importants, seules les banques affichent une performance moyenne négative sur la période. Le secteur perd 1,02%. En somme, une contre-performance facile à rattraper. Des outsiders se distinguent également après une période plus ou moins longue d'hibernation, comme les Mines (+9,61%) qui ont démontré leur capacité à résister à la baisse des cours, et dont l'avenir est maintenant entre les mains de la Réserve fédérale américaine qui peut, à travers sa politique monétaire, relancer les matières premières ou, au contraire, les mettre au tapis. L'Informatique aussi s'en sort avec une performance annuelle de 13,39% et des perspectives prometteuses. Seul bémol, le secteur est peu liquide et il est difficile pour les investisseurs de "s'approvisionner" à bas prix. Signalons tout de même que les entreprises informatiques se positionnent de plus en plus sur des marchés à forte valeur ajoutée comme le big data ou le click-fee, tout en améliorant la diversité de leurs clients.
A tout cela s'ajoute le projet de fusion LafargeHolcim, deux mastodontes dont l'agrégation risque de pousser l'indice encore plus vers le haut. Enfin, la masse bénéficiaire de l'exercice 2015 s'inscrit en hausse après plusieurs années de baisse, ce qui peut entretenir à son tour la motivation des gérants d'OPCVM.
L'action, faute de mieux
En plus de ces éléments positifs, d'autres données plaident pour une poursuite de la hausse pendant la période estivale, à contre-courant de la léthargie habituelle du mois de mai. Ces données, ce sont les rendements des caisses de retraites dont les gérants doivent s'assurer de la pérennité. Habituellement focalisés sur les rendements obligataires, ces derniers sont obligés de se tourner vers d'autres placements pour maintenir leurs niveaux de rendement habituels qui se situent autour de 4,5%. Or, la baisse des taux lamine ces rendements. Ils peuvent dès lors se tourner vers des actions solides, suffisamment liquides et offrant des rendements supérieurs ou égaux à ces 4,5%. Maroc Telecom et Addoha se présentent comme des candidats idéaux à ce petit jeu d'équilibriste. D'ailleurs, ce sont les OPCVM actions qui ont réalisé la meilleure performance moyenne lors du premier trimestre de cette année. Ils gagnent 3,67% en moyenne, alors que l'actif net sous gestion a augmenté de 1,57%. En revanche, l'actif net sous gestion des OPCVM monétaires baisse de 13,26% sur la période, alors que leur performance moyenne n'est que de 0,72%. Quant aux OPCVM moyen long termes, surtout ceux dont les actifs subissent peu de rotation, les prix de leurs parts flambent. L'action se présente donc comme un placement intermédiaire pour les institutionnels.
Les analystes demeurent haussiers
Difficile de trouver une recommandation de vente ces dernières semaines. Tous les courtiers sont à l'achat et certains avancent des cibles très hautes pour l'indice Masi à court ou moyen terme. Upline Securities, par exemple, évoque à court terme une cible à 9.640 points et une autre à plus long terme à 9.760 points contre, rappelons-le, un cours de 9.587 points actuellement. Si cette conjonction d'éléments produit l'effet escompté, nous serons en présence d'une période ensoleillée et radoucie, qui se produit en avril ou début mai dans l’hémisphère sud. C'est ce que l'on appelle été indien.
Adil Hlimi