Lancer en grande pompe en novembre dernier, le paiement mobile tarde encore à se diffuser auprès du grand public. Hier en conférence de presse, Abdellatif Jouahri a fait un bilan d’étape.
Selon le Wali de Bank Al-Maghrib, les premières opérations d’intéropérabilité entre les différents établissements concernés se sont bien déroulées, «mais cela reste encore en nombre limité».
«L’interopérabilité sera complète dès lors qu’il y aura l’homologation du coté du «switch» et de notre part également en tant que Banque centrale», ajoute le gouverneur.
Toutefois, avant un déploiement généralisé, il faudra résoudre pas mal de points en attente, relève le Wali. Il s’agit notamment des aspects fiscaux, et surtout de l’information et l’éducation des consommateurs, ainsi que l’encouragement des commerçants et des intermédiaires au paiement mobile.
«Nous sommes confiants car nous sommes à 360.000 «Wallets» c’est déjà pas mal», commente-t-il.
«Nous y attachons beaucoup d’importance car c’est un des piliers de court termes qui est mis au niveau de la stratégie nationale de l’inclusion financière», conclut-il.
Rappelons qu’en matière de paiement mobile, le Maroc a fait le choix d'une solution entièrement interopérable, c’est-à-dire qui relie l’ensemble des établissements concernés. C’est une singularité mondiale, puisque les pays qui ont adopté ce type de solutions opèrent avec plusieurs boucles restreintes. Au Maroc, une seule boucle, un seul Switch (développé à l’occasion par HPS) permettra de faire tourner ce nouveau moyen de paiement.
Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) sont à l’origine du projet qui a été développé en coordination avec l’ensemble des acteurs concernés, notamment les banques, les établissements de paiement, les opérateurs télécoms et HPS Switch.
Ce nouveau moyen de paiement par téléphone mobile, appelé «m-wallet», permettra le transfert d’argent de personne à personne (P2P), les opérations de paiement commerçant, le retrait (Cash out) et dépôt d’espèces (Cash in).
Le détenteur d’un «m-wallet» réalise ces opérations en renseignant le numéro de téléphone du bénéficiaire, lui même devant être détenteur d’un m-wallet et ce, quel que soit l’établissement qui tient le compte de ce bénéficiaire. Le numéro de téléphone devient l’élément d’identification et les opérations se font en instantané, en temps réel.
Selon les études menées par la Banque centrale, 400 Mds de dirhams de flux potentiels de cash pourraient être adressés au paiement mobile, dont 290 Mds de DH en provenance des paiements dématérialisés déjà mâtures (pensions de retraite, commerces classiques, recharges télécoms, etc.).
L’inclusion financière rurale aurait, quant à elle, un potentiel de 110 Mds de dirhams à travers les transferts notamment, alors que le reste serait représenté par la digitalisation des paiements.