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Neutralité concurrentielle au Maroc: vers un marché plus ouvert et équitable

Neutralité concurrentielle au Maroc: vers un marché plus ouvert et équitable

Le Maroc intensifie ses efforts pour assurer un environnement de marché transparent et concurrentiel. Cette volonté a été réaffirmée lors de la conférence internationale sur la "Neutralité concurrentielle et l'accès au marché", organisée mercredi à Marrakech par le Conseil de la Concurrence.

Le Conseil de la Concurrence a réuni des responsables et experts internationaux pour débattre d’une économie où chaque acteur trouve sa place. La rencontre a rassemblé des décideurs et experts de premier plan autour du thème de la "Neutralité concurrentielle et accès au marché".

"Le Maroc a aujourd’hui les bases pour une concurrence saine, portée par des institutions robustes et des lois claires," a déclaré Ahmed Rahhou, président du Conseil de la Concurrence lors de son discours d'ouverture. Parmi ces réformes, la mise en place de l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'État (ANGSPE) symbolise un changement de cap dans la gestion des entreprises publiques, traditionnellement dominées par l’État. Cette agence vise à assurer que la concurrence reste juste et que les règles du marché ne penchent plus en faveur d’aucun acteur, même public.

Une autre étape est la révision en profondeur du décret sur les marchés publics, un dispositif qui, jusque-là, avait connu de nombreuses limites en matière de transparence et d’accessibilité. En 2023, ce décret a fait l’objet d'une refonte complète pour permettre un accès plus large, en particulier pour les PME marocaines. Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume, a partagé des données récentes qui montrent l’impact de cette réforme : entre janvier et août 2024, les appels d’offres publics ont explosé, passant à 27 242 consultations pour un total de 131 milliards de dirhams, une augmentation de 36 % en valeur par rapport à 2023. Le portail des marchés publics, aujourd'hui presque doublé en nombre d'entreprises inscrites, favorise une compétition plus vaste et évite les monopoles souvent attribués aux grands acteurs.

Au-delà des statistiques, la vision économique du Maroc se veut également internationale. "L’ouverture de nos marchés publics à la concurrence étrangère est un signal clair aux investisseurs internationaux," a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Elle a précisé que cette ouverture se fait dans le respect des standards de l’OCDE et de l’OMC, dont le Maroc suit les recommandations. Avec ce nouvel accès aux marchés, le Royaume espère stimuler l’innovation et la compétitivité des entreprises marocaines qui, face à des acteurs étrangers, doivent redoubler d’efforts pour se démarquer.

Quatre axes de discussion ont animé les échanges de cette conférence. Le premier s’est penché sur la place des entreprises publiques, un secteur dont le statut hybride suscite souvent des débats en matière de neutralité concurrentielle. Certains intervenants ont proposé des ajustements pour clarifier les missions de ces entreprises et limiter les exceptions dont elles peuvent bénéficier. Dans un second axe, les débats ont porté sur les professions réglementées, souvent protégées de la concurrence par des barrières législatives, qui se trouvent aujourd'hui poussées à évoluer face aux avancées technologiques.

Les interactions entre le Conseil de la Concurrence et les régulateurs sectoriels, abordées dans le troisième axe, ont révélé des défis de gouvernance : des instances comme l’Agence nationale de régulation des télécoms ou l’Office national de l’électricité se retrouvent parfois en concurrence de compétences avec le Conseil de la Concurrence. "Une meilleure coordination est nécessaire pour harmoniser les décisions et éviter les chevauchements qui freinent l’efficacité de la régulation", ont souligné certains participants.

Enfin, l’accès aux marchés publics a été analysé sous l’angle de l’efficacité budgétaire. Les intervenants ont souligné que ces marchés, dans lesquels se jouent des sommes colossales, doivent respecter des règles de concurrence sans compromettre l’efficacité de la dépense publique. Le Maroc, en ouvrant ses marchés aux acteurs privés et en les intégrant dans les accords internationaux de l’OMC, s’inscrit dans une tendance de libéralisation qui s’étend au-delà de ses frontières.

Pour l’OCDE et d’autres observateurs, le Maroc se démarque comme un modèle en Afrique du Nord, grâce à une stratégie de réformes ambitieuses et à une ouverture contrôlée. L’objectif final : bâtir un marché où chaque entreprise, quelle que soit sa taille ou son origine, trouve sa place et contribue à une croissance durable et partagée.

 

 

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