Par Y. Seddik
Pilier fondamental dans l’investissement et la mobilisation de l’épargne nationale, la Bourse de Casablanca fait aujourd’hui face à plusieurs contraintes, dont le manque de liquidité et celui de papiers frais. Des difficultés qui persistent malgré la multitude de réformes lancées à ce jour. Dans ce contexte, le Nouveau modèle de développement (NMD) ambitionne de porter le nombre des entreprises cotées à 300 et la capitalisation boursière à 70% du PIB d’ici 2035.
Les experts présents lors du Meeting estiment que c’est un objectif réalisable si l’on s’en donne les moyens. Rachid Outariatte, président de l’Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), a ainsi proposé plusieurs points pour revigorer le marché actions. Il suggère l’amélioration du compartiment des investisseurs qualifiés, qui permettrait de financer des projets lourds d’infrastructures du pays. Les OPCC, selon lui, seraient un autre levier à actionner : «au niveau de l’APSB, nous avons lancé la réflexion sur la possibilité de coter ces fonds thématiques. Ce qui va permettre d’attirer des investisseurs institutionnels qui ont certaines contraintes réglementaires».
Sur le long terme, la cotation des OPCC faciliterait l’introduction des PME en Bourse. L’autre point développé par le président de l’APSB est celui des produits Charia Compliance. Il relève qu’il y a beaucoup d’appétit de la part d’investisseurs qui cherchent des valeurs correspondant à leurs convictions. «Il y en a au niveau de la Bourse, mais ils ne sont pas reconnus comme tels puisqu’il faut une validation du Conseil supérieur des oulémas», admet-il.
L’emprunt national, prévu prochainement, serait également un levier, puisqu’il mobilisera l’épargne populaire. Une action citoyenne aux yeux de la profession.
Comment améliorer la liquidité du marché ?
Pour améliorer la liquidité en Bourse, et si l’on se limite au périmètre actuel, Outariatte propose comme solution la loi sur le prêt/emprunt de titres, dont les amendements sont passés récemment par le Conseil du gouvernement. Il cite aussi les incitations fiscales qui sont nécessaires pour accompagner le développement du marché des capitaux.
«Dans ce sens, nous avons pensé à modifier le PEA, voire même les autres (PEL et PEE), avec une incitation fiscale à l’entrée», explique-t-il. Ces incitations fiscales doivent aussi s’élargir aux sociétés qui veulent s’introduire en Bourse (notamment en défiscalisant leurs plus-values). La dernière proposition faite est la création d’un fonds PME, avec des avantages pour les institutionnels, qui permettrait d’adresser une partie des capitaux vers ces petites et moyennes structures.
Les premiers produits dérivés dès l’année prochaine
L’annonce a été faite par le Directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaji, lors du 6ème Meeting sur l’information financière. «Nous sommes en train de sortir le marché des produits dérivés listés. L’année prochaine on aura la CCP (Chambre centrale de compensation : ndlr) et la société gestionnaire du marché à terme», annonce le DG de la Bourse de Casablanca, qui indique par la même occasion que les premiers produits seront très probablement indexés sur l’indice MSI20 et également sur la courbe des taux dépendamment de l’appétit des investisseurs.