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Marché à terme : un test grandeur nature réussi pour la Bourse de Casablanca

Marché à terme : un test grandeur nature réussi pour la Bourse de Casablanca

La Bourse de Casablanca vient de franchir une étape déterminante dans la mise en place de son marché à terme. Le 20 septembre 2025, elle a organisé avec succès un test grandeur nature qui a mobilisé l’ensemble des acteurs de la place financière : sociétés de Bourse, salles de marchés, membres compensateurs, Maroclear et rediffuseurs. Détails.

 

Par Y. Seddik

Cet exercice visait à vérifier la robustesse des infrastructures, notamment la SGMAT (Société de gestion du marché à terme) et la CCP (Chambre de compensation centrale), et leur interconnexion avec les membres négociateurs et compensateurs. Il s’agissait également d’évaluer la fluidité des processus de négociation et de compensation, tout en assurant la conformité réglementaire.

Plus de 1.000 ordres et transactions simulés ont ainsi été réalisés. Le test a permis de valider la tenue des cycles de négociation, du fixing d’ouverture à la cotation continue jusqu’au fixing de clôture. Les mécanismes de gestion des risques ont été éprouvés, qu’il s’agisse du calcul des risques, des marges initiales, du suivi des collatéraux ou des appels de marge. Enfin, la performance des systèmes de trading, de clearing et de diffusion des données a été confirmée.

En parallèle, le ministère de l’Économie et des Finances a agréé trois intermédiaires pour opérer sur ce compartiment : CFG Marchés, BMCE Capital Bourse et CDG Capital Bourse. Leur entrée en activité marque une avancée décisive et ouvre la voie au lancement effectif du marché à terme. Notons que le démarrage se fera avec un premier produit phare : un contrat à terme ferme sur l’indice MASI 20, regroupant les vingt valeurs les plus liquides de la cote.

Réglé en espèces, ce contrat permettra aux investisseurs de se couvrir contre les fluctuations du marché, de prendre position à la hausse ou à la baisse, ou encore de diversifier leurs stratégies. Avec une taille de contrat fixée à 10 dirhams par point d’indice et un dépôt initial de 1.000 dirhams, l’effet de levier sera significatif. Quatre échéances seront cotées simultanément, en mars, juin, septembre et décembre, conformément aux standards internationaux. Reste à savoir si le marché trouvera rapidement son public. Car le succès d’un produit dérivé dépend avant tout de la liquidité, c’est-à-dire de la capacité à attirer un flux régulier d’ordres et des teneurs de marché actifs.

La culture des dérivés reste encore embryonnaire au Maroc, mais les opérateurs misent sur l’effet d’entraînement. Si le Future sur MASI 20 rencontre son marché, il pourrait ouvrir la voie à d’autres instruments, comme des futures sur actions individuelles ou des options. Ce projet s’inscrit par ailleurs dans une dynamique plus large de modernisation du marché financier marocain. En février dernier, Bank Al-Maghrib avait lancé le marché interbancaire des swaps de change et des swaps de taux indexés sur le MONIA. 

 

«Le défi n’est pas de lancer le marché, mais de le faire vivre»
Pour Amine Maamri, CEO de CDG Capital Bourse et président de l’APSB, le marché à terme marque une rupture stratégique pour la place marocaine. «C’est le fruit d’un travail titanesque mené avec l’ensemble de l’écosystème financier», rappelle-t-il. L’objectif est double : doter les investisseurs d’un outil moderne de couverture contre la volatilité (taux, devises, matières premières, actions) et renforcer la profondeur et la transparence du marché des capitaux. Le premier produit sera un Future sur l’indice MASI 20, avant une extension progressive aux taux et aux actions individuelles. La sécurité des opérations repose sur la Chambre de compensation, qui devient contrepartie unique de chaque transaction et active un système de marges et d’appels de marge conforme aux standards internationaux. Reste l’essentiel : la liquidité. Sans teneurs de marché actifs, difficile de faire vivre les contrats. D’où la nécessité d’une montée en compétence des acteurs et d’une pédagogie continue. «Le lancement est une étape. Mais le véritable enjeu, c’est de créer la confiance et d’animer ce marché dans la durée», conclut Amine Maamri.

 

 

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