Dans un contexte économique marqué par une recrudescence des tensions commerciales à l’échelle mondiale, les marchés financiers marocains affichent une solide résilience.
Par A. Hlimi
La guerre commerciale, bien que source de volatilité pour la place boursière, semble n’avoir que peu entamé le moral des investisseurs institutionnels. Un constat qui se traduit clairement dans l’évolution récente des encours des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Les dernières données disponibles, celles du 11 avril 2025, montrent que les encours globaux des gestionnaires d'actifs marocains se sont établis à 728 milliards de dirhams, en progression de 15 milliards de dirhams sur une seule semaine, selon l'ASFIM, l'Association qui regroupe les professionnels du secteur.
Mieux encore, les chiffres révèlent une croissance de 11,5% depuis le début de l’année, ce qui témoigne d’un maintien d'un appétit significatif pour les OPCVM dans un environnement pourtant peu propice à la prise de risque. Cette performance remarquable trouve son origine dans une conjonction de deux effets : effet de collecte et effet de performance. Autrement dit, les investisseurs continuent d’injecter des capitaux dans ces véhicules, tout en bénéficiant de la valorisation positive des actifs sous gestion. Toutes les catégories d’OPCVM sont concernées, signe que le mouvement est profond et transversal. Ce sont principalement les investisseurs institutionnels - compagnies d’assurances, caisses de retraite, mutuelles et banques - qui alimentent cette dynamique.
Contrairement à l’image d’acteurs prudents souvent accolée à ces profils, ils font aujourd’hui preuve d’un positionnement offensif mais maîtrisé, intégrant les arbitrages de portefeuille dans une logique de moyen à long terme. Ils trouvent dans les OPCVM une réponse adaptée à la recherche de rendement dans un univers de taux modérément bas et d’opportunités actions sélectives. L’intérêt ne se limite pas aux fonds monétaires ou obligataires, traditionnellement plébiscités en période d’incertitude. On observe également une bonne tenue des fonds actions et diversifiés, portés par l’amélioration de certains fondamentaux économiques au Maroc, la détente monétaire orchestrée par Bank Al-Maghrib et l’anticipation d’une normalisation progressive des relations commerciales à l’international.
La récente reprise du marché boursier, qui a engrangé 7% de gains en une semaine, donne raison à ces stratégies opportunistes où les décrochages sont achetés. Même chose du côté du marché obligataire qui ne connaît pas de pression, surtout que l'Etat vient de dévoiler des besoins en forte baisse pour le mois d'avril, de quoi maintenir les rendements exigés à des niveaux bas. Pour les professionnels de la gestion, si cette hausse des encours reflète un certain optimisme, elle appelle néanmoins à la prudence. Les risques exogènes restent nombreux : persistance des tensions commerciales, incertitudes géopolitiques, durcissement éventuel des conditions de crédit au niveau mondial, ou encore ralentissement de la croissance dans les pays partenaires. Autant de facteurs qui peuvent rapidement peser sur la liquidité et la valorisation des actifs.
Mais pour l’heure, les signaux sont positifs. Le Maroc, qui mène une stratégie volontariste d’attractivité financière, s’offre une respiration bienvenue dans un environnement globalement tendu. «La vigueur des encours OPCVM au premier trimestre 2025 traduit une maturité croissante du marché marocain et une confiance des investisseurs dans les fondamentaux locaux», explique un gestionnaire. Elle envoie aussi un message clair, selon lui : malgré les turbulences extérieures, les capitaux marocains font preuve de discernement et misent sur le long terme.