◆ Managem, première capitalisation du secteur minier, a connu un important trou d'air en Bourse durant les premiers mois de l'année, avant de rentrer en grâce après ses trimestriels. Quels enjeux pour la valeur et son management dans le futur ?
Par A. Hlimi
Le secteur minier semble entrer dans une phase plus propice à la croissance. Ahmed Rochd, directeur de la Recherche chez Valoris Securities, avance plusieurs raisons lors d'un webinaire organisé sur le sujet.
Selon ce spécialiste du secteur, l'excès de liquidités sur les marchés financiers, lié aux politiques expansionnistes des Banques centrales, devrait profiter aux métaux précieux : l'or en tête, puis l'argent. De plus, le climat d'incertitude qui plane sur l'économie mondiale est favorable au métal jaune, actuellement proche de ses sommets de 2012 et qui devrait s'attaquer ensuite à ses sommets historiques de 2011.
Managem est la seule valeur cotée présente sur ce métal. Il faut dire qu'un concours de circonstances a envoyé le cours de Bourse au tapis en début d'année, particulièrement après l'annonce d'une année 2019 déficitaire et les impacts de la Covid-19 sur son rythme de production, avec des arrêts notamment. Mais le premier trimestre s'est avéré positif. «Des résultats à saluer compte tenu des autres secteurs», commente Ahmed Rochd.
Managem a en effet fait état de ventes en hausse de 15%, dopées justement par la hausse de la production de l'or (+36%) grâce au Soudan. En plus d'un cours spot intéressant pour la vente de son or, la société dispose de bonnes couvertures sur les autres métaux qu'elle produit, telles que présentées par l'analyste en chef de Valoris Securities.
La couverture est moins bonne sur l'or, mais au maximum 1/3 seulement de la production sur ce métal est couvert.
La Bourse historiquement mitigée sur le secteur minier
Depuis 1999, la performance des minières est restée relativement plus faible que celle du marché actions dans sa totalité, à l'exception de quelques périodes. Et si les investisseurs se sont désintéressés de Managem en 2008 lorsqu'elle connaissait des difficultés à cause de la crise financière, les années où le marché regardait la valeur de plus près sont justement celles où les cours de métaux à l'international étaient à la hausse...
Comme cette année. Ahmed Rochd, en se basant sur une approche de valorisation par le chiffre d'affaires (estimant que la valorisation par capitaux propres ou par les multiples de bénéfices désavantagent le secteur), arrive à une valorisation entre 500 et 1.100 DH comme fourchette de cotation moyenne sur la base d'un chiffre d'affaires moyen normatif espéré.
De l'avis de l'analyste, «l'échec de traduire la croissance des ventes sur les réalisations financières, en plus de quelques exercices de baisse des réalisations, ont accentué le sentiment de déception à l'égard de la valeur».
Mais l'avenir est radieux et le management doit réussir à transformer le tir. Avec de nombreux relais de croissance et un cycle d'investissements en cours d'achèvement, la société devrait petit à petit revenir à une meilleure trésorerie qui devrait à terme booster sa capacité à distribuer des dividendes.
Mais pour le moment, en attendant le retour des dividendes, acheter Managem, c'est acheter son avenir et son potentiel de croissance en Bourse.